Shufersal Be menacée de boycott après avoir masqué les visages de femmes
Pour la chaîne, l'initiative de la succursale de Bnei Brak visait à satisfaire les haredim ; des activistes ont placé des panneaux d'avertissement à l'extérieur des magasins
La succursale de Bnei Brak d’une grande chaîne de pharmacies a caché les visages des femmes sur les produits du magasin afin de se conformer aux coutumes ultra-orthodoxes radicales en matière de pudeur, largement décriées comme étant discriminatoires, marquant le dernier exemple en date de « l’effacement » des femmes de la vie publique haredi.
Une photo de la succursale de la pharmacie Be de Shufersal montrant une étagère de produits capillaires avec des autocollants violets placés sur les boîtes pour cacher les images de visages et de cheveux de femmes a déclenché un tollé cette semaine, suscitant des appels au boycott de la chaîne.
Cette controverse est le dernier exemple en date d’une grande entreprise israélienne qui s’est mise en difficulté en tentant de répondre aux exigences de la population ultra-orthodoxe d’Israël, nombreuse et croissante, où les représentations publiques jugées impudiques ou en dehors de l’approbation rabbinique sont bannies et peuvent donner lieu à des actes de vandalisme ou à des boycotts organisés. Les photos de femmes, y compris de jeunes filles et même de bébés, sont généralement exclues des journaux ou des magazines, des publicités, des marques de produits ou de tout autre document imprimé destiné à la communauté haredi.
La photo des autocollants apposés sur les produits a été prise lundi par Galit Siton, une assistante sociale, et s’est rapidement répandue en ligne après la diffusion, le soir même, d’un reportage de la Douzième chaîne sur la pharmacie. Dans la cascade de réactions, certains ont déclaré qu’ils ne feraient plus leurs achats à la pharmacie, ni à la chaîne de supermarchés Shufersal, encore plus grande.
« Dès que j’ai vu l’image, je me suis demandée quel genre de message cela envoyait », a déclaré Siton à la chaîne. « Le visage d’une femme est une mauvaise chose ? Nous enseignons aux gens que les femmes sont impures, à quel point cela nuit à l’image de soi. C’est comme Téhéran en Iran. C’est le même fanatisme. Si nous le laissons se développer, où cela nous mènera-t-il ? »
Bien que Siton ait déclaré qu’elle n’avait pas remarqué les autocollants auparavant, alors qu’elle était déjà venue dans le magasin, et que d’autres aient tenté d’établir un lien entre le déménagement de la pharmacie et l’atmosphère politique actuelle, des preuves en ligne ont montré que les autocollants étaient présents depuis, au moins, octobre 2021.
En réponse à la photo de Siton, des membres du groupe de pression pour l’égalité des sexes Bonot Alternativa ont affiché des avis indiquant « Attention, ils effacent les femmes ici » à l’extérieur de plusieurs magasins Be en Israël.
"שימי לב, פה מוחקים נשים"
שלטים של "בונות אלטרנטיבה" הערב בסניף רשת Be במרינה באשקלון.
הפעילות מתקיימת מאתמול בסניפים בכל הארץ.בהודעת ההתארגנות נמסר: "כשרשת שופרסל Be שוכרת נשים כדי שידביקו מדבקות סגולות על כל המוצרים עליהם יש תמונת אישה, ילדה או תינוקת(!) אנחנו בבעיה קשה. > pic.twitter.com/NXHQeCe4te
— Nati Yefet (@ntiyft) May 17, 2023
D’autres ont pris des mesures plus énergiques, comme Guy Ophir, un avocat local qui a publié sur Facebook une vidéo le montrant en train de confronter le directeur de la succursale à l’intérieur du magasin et demandant que les autocollants soient retirés parce qu’ils sont irrespectueux envers les femmes.
Le directeur a répondu qu’il n’enlèverait les autocollants que s’il en recevait l’ordre et la police a été appelée sur les lieux pour obliger Me Ophir à partir.
בסניף רשת Be בעיר בני ברק החליטו לכסות פרצופי נשים באמצעות מדבקות על כל המוצרים! מסתבר שתמונה של אם ותינוק זו תועבה שאסור להביט בה. פשוט שערורייה! תגיעו לסניף Be של שופרסל, ברח' לנדא 4 בני ברק, על מנת למחות – אסור לתת לדבר כזה לקרות… אני הגעתי! pic.twitter.com/8TM83IYnQ4
— גיא אופיר – משרד עורכי דין (@guyophir) May 16, 2023
D’autres ont transformé des maquettes d’autocollants violets en accessoires tendance et amusants pour les photos publiées en ligne, couvrant les visages de femmes dans des situations normales ou des photos historiques afin de souligner l’impact de cette pratique controversée.
ככה עושות את זה? @regev_miri @iditsilman @GalitDistell @oritstrock @GolanMay @TallyGotliv @michalwoldiger @limor_sonhrmelh @GilaGamliel @shufersal_il pic.twitter.com/HBn7Rwimxc
— מה עשית? קרעת את העם ????️ BringThemHomeNow (@kakikleptocracy) May 17, 2023
טוב אחרון ודי בינתיים pic.twitter.com/IAvK92yzGY
— הרצל בוכה – מחתרת הקריאייטיב (@ILdemocracy4eve) May 17, 2023
כל כבודו בן מלך פנימה.#הדבקתי_לבד pic.twitter.com/dpaWYv2QXn
— Bonot Alternativa בונות אלטרנטיבה (@BonotAlt) May 16, 2023
Dans un communiqué, Shufersal a déclaré que la succursale de Bnei Brak est conçue spécialement pour la communauté ultra-orthodoxe qu’elle sert, ajoutant qu’il s’agit de leur seul magasin qui dissimule le visage des femmes.
Selon le quotidien économique TheMarker, des rabbins locaux avaient menacé de décréter un boycott du magasin si l’entreprise ne se conformait pas aux exigences de dissimulation du visage des femmes. Be a conclu un accord avec les rabbins pour embaucher un « superviseur casher » dans le magasin afin de superviser le respect de leurs exigences, a rapporté TheMarker.
Un sondage informel réalisé sur Twitter par Yaïr Fink, un militant orthodoxe du parti Avoda qui a fondé ce mois-ci un groupe visant à organiser des foules de consommateurs pour soutenir les magasins boycottés par les ultra-orthodoxes, a néanmoins révélé que la plupart des gens pensaient que Be était une cible légitime pour un boycott de la part de son groupe.
La discrimination à l’égard des femmes dans la sphère publique ultra-orthodoxe est courante en Israël.
Au début du mois, une vidéo a fait surface montrant des hommes haredim refusant l’entrée à une femme essayant de monter dans un bus. Cette semaine, une publicité dans une circulaire de Beit Shemesh appelant les petites filles à ne pas jouer là où les hommes peuvent les voir a été condamnée et accusée de soutenir la pédophilie.
Des photographies de femmes sur des panneaux d’affichage ou des enseignes à Jérusalem et dans d’autres villes sont régulièrement dégradées. Dans la capitale, la coopérative d’autobus Egged a été poursuivie en justice à plusieurs reprises pour avoir refusé d’autoriser des publicités avec des photos de femmes sur les autobus qui traversent des zones ultra-orthodoxes.
50 גוונים של דיכוי: תמונה שצילמתי הבוקר כשנכנסתי לרכוש בושם, בחנות BE – רשת למוצרי קוסמטיקה, בית מרקחת ופארם, של שופרסל בסניף בני ברק.
אם זה לא היה עצוב, זה היה אולי מצחיק pic.twitter.com/3RYer1walB— Dr. Shlomit Lir (@shlomitlir) October 28, 2021
À Rosh Haayin, ville largement laïque, certains se sont plaints ces derniers jours après que la ville a commencé à vendre des billets pour un spectacle pour enfants, seuls les hommes étant autorisés à s’asseoir dans les dix premiers rangs et les femmes étant reléguées dans les derniers rangs de l’auditorium.
Seuls 39 des 600 sièges de la salle sont vendus aux familles qui souhaitent s’asseoir ensemble.
« Lorsque vous commencez à normaliser la ségrégation sexuelle dans la sphère publique et l’effacement des femmes de toute apparition publique, vous aboutissez à des incidents horribles comme ceux auxquels nous avons assisté ces derniers jours », a déclaré Uri Keidar, directeur exécutif d’Israel Hofsheet, une ONG qui s’occupe des questions relatives à la religion et à l’État.
La ville a nié avoir pratiqué la séparation par sexe et a déclaré que la disposition des sièges avait été organisée de manière à ce que l’événement familial puisse être expérimenté par tous en fonction de leurs besoins.