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Spirou retrace le génocide des juifs au Mémorial de la Shoah

La nouvelle exposition à Paris retrace la rencontre imaginée par le dessinateur Emile Bravo entre le héros belge et le peintre juif allemand Felix Nussbaum, victime du génocide

Détail de la couverture de la BD "Spirou, l'Espoir malgré tout", aux éditions Dupuis. (Crédit : Dupuis)
Détail de la couverture de la BD "Spirou, l'Espoir malgré tout", aux éditions Dupuis. (Crédit : Dupuis)

Et si Spirou avait vécu la Shoah ? La nouvelle exposition du Mémorial de la Shoah à Paris, qui débute vendredi, retrace la rencontre imaginée par le dessinateur Emile Bravo entre le héros belge et le peintre juif allemand Felix Nussbaum, figure réelle victime de ce génocide.

L’exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah » est construite autour de l’ouvrage d’Emile Bravo, publié en mai, Spirou. L’Espoir malgré tout qui voit le groom légendaire traverser la Seconde Guerre mondiale.

Tout au long du parcours, les planches de l’auteur français, accompagnées de photographies et d’objets personnels de déportés, forment une extension de l’œuvre, qui en révèle davantage sur la vie d’un des protagonistes : Felix Nussbaum, peintre de la Nouvelle Objectivité.

Nussbaum, juif allemand, vécut clandestinement en Belgique avec sa femme Felka Platek pendant l’Occupation, avant d’être assassinés à Auschwitz en 1944. Avant sa mort, il a dépeint l’angoisse et la violence dans ses tableaux, certains exposés pour l’occasion au Mémorial.

« Quand j’ai découvert Felix Nussbaum, j’ai compris que c’était lui. Que c’était grâce à ce peintre que j’allais pouvoir parler de la Shoah », explique Emile Bravo.

Le Spirou de Bravo est un « Spirou particulier », ancré dans la réalité de la Seconde Guerre mondiale plutôt que dans les aventures fictives, parfois même fantastiques, du héros belge, déclare Didier Pasamonik, commissaire de l’exposition.

Créé en 1938, Spirou est présenté dans un premier temps comme groom dans un hôtel, mais cette profession est éventuellement mise de côté et rarement mentionnée dans les dessins datant d’après 1947.

« Comme entre 1938 et 1947 il y a la guerre, et que malheureusement il faut souvent des traumatismes pour que les esprits s’éveillent, j’ai imaginé que Spirou a compris la vie en vivant cette époque terrible », révèle le dessinateur.

Malgré le sujet sombre de l’exposition, les couleurs vives des murs et des illustrations apaisent cette violence pour proposer une exposition accessible aux plus jeunes qui peuvent suivre un parcours adapté.

« Je m’adresse aux enfants et à leurs parents. J’essaye de faire des BD intergénérationnelles », explique Emile Bravo. D’après l’auteur, « il faut prendre conscience dès le plus jeune âge » de l’Histoire, comme lui-même l’a fait à travers l’expérience de son père, républicain espagnol qui a connu les camps d’internement du sud de la France.

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