Suite à la grave blessure d’une médecin, le corps médical réclame l’abandon des canons à eau
Médecin bénévole lors d'une manifestation anti-gouvernement à Jérusalem, Tal Weissbach pourrait souffrir d'une perte de vision permanente, blessée par un jet semble-t-il contraire aux règlements de la police

L’Association médicale israélienne (IMA) et d’autres organisations de médecins ont appelé mardi à une enquête sur l’usage par les forces de police d’un canon à eau qui a blessé une médecin bénévole lors d’une manifestation anti-gouvernement à Jérusalem, la veille au soir.
La Dr Tal Weissbach, gynécologue de son état, portait un gilet aux couleurs vives de nature à l’identifier clairement comme médecin bénévole, lorsqu’elle a été frappée en plein visage par un jet d’eau particulièrement puissant. Elle s’est rendue à l’hôpital Sheba, près de Tel Aviv, où elle travaille. Selon les organisations médicales, sa vue est en danger.
« Je m’occupe de gens tous les jours, peu importe qui ou ce qu’ils sont, et j’attends la même chose de la part des policiers israéliens », a déclaré Weissbach mardi lors d’une conférence de presse depuis l’hôpital Sheba.
« Nous devons tous protéger les citoyens. Si la police ne le fait pas, alors il nous appartient d’agir, par la grève ou par les tribunaux. »
Peu de temps auparavant, le médecin bénévole Udi Baharav avait été interpelé alors qu’il administrait les premiers soins à une femme blessée lors d’un rassemblement, le 8 juin à Tel Aviv, en faveur de la tenue d’élections et de la conclusion d’un accord sur les otages de Gaza.
Selon le témoignage des organisations Blouses blanches et No Mental Health Without Democracy [Pas de santé mentale sans démocratie], Baharav portait lui aussi un gilet l’identifiant comme membre du personnel médical.
Les organisations de médecins se disent depuis longtemps inquiètes de la violence dont la police fait montre envers les manifestants, et en particulier envers les médecins bénévoles sur place pour soigner les blessés et les malades.
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La semaine dernière, le président de l’IMA, le professeur Zion Hagay, a écrit au ministre de la Santé Uriel Busso et au commissaire de police Kobi Shabtaï, pour demander la fin des violences policières contre les médecins et manifestants en général.
Dans une déclaration de l’IMA mardi, Hagay a déclaré que l’utilisation de canons à eau sur Weissback « était en complète infraction avec les procédures et normes démocratiques ».
En juillet dernier, dans le cadre des manifestations contre la refonte judiciaire, les médecins israéliens s’étaient déjà plaints que la police ait enfreint le règlement sur l’utilisation des canons à eau.
La réglementation stipule en effet que, si l’utilisation d’un canon à eau est justifiée, la machine doit être positionnée à au moins 20 mètres des personnes ciblées et le jet ne doit pas être dirigé vers le haut du corps, encore moins vers la tête.

En juillet toujours, l’Association israélienne des médecins de santé publique et la Société israélienne d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale envoyaient une lettre à Shabtaï demandant à la police de ne plus utiliser les canons à eau.
La lettre qualifiait les canons d' »armes » susceptibles d’occasionner des blessures « graves », car capables de pulvériser de l’eau sous haute pression.
Les canons à eau peuvent pulvériser 20 litres par seconde à une distance de 70 mètres. Ce type de pression est de nature à occasionner des blessures directes sur les corps.
« Il y a un risque élevé de blessure suite à un coup direct au visage par un canon à eau. Ce sont notamment des blessures graves et irréversibles à l’œil et à l’orbite, qui peuvent conduire à la cécité », avertissent les médecins.

Selon le règlement, les canons à eau ne sont autorisés que si les manifestants utilisent la violence contre la police.
Or, les témoins ont attesté que Weissbach ne représentait aucune menace et se tenait sur en marge, sur le trottoir.
Les directives internes interdisent également l’utilisation de canons à eau dans un cadre qui pourrait projeter des individus contre un mur, mais une femme de 63 ans aurait été grièvement blessée de cette manière lors de la manifestation de lundi.
« Dans les pays démocratiques, la police ne frappe pas les médecins qui sont là pour vebir en aide aux manifestants », a déclaré le professeur Ronni Gamzu, directeur du centre hospitalier Ichilov à Tel Aviv.
« Il est impensable qu’un médecin venu prodiguer de soins se retrouve attaqué ou détenu. »
Gamzu a demandé au service des enquêtes internes de la police du ministère de la Justice à enquêter sur les circonstances de ces événements et traduire les responsables en justice. Il a également invité les médecins à « ne pas avoir peur ».
Renee Ghert-Zand a contribué à cet article.