Les responsables américains ne rencontreront pas Smotrich lors de son séjour aux USA
Le ministre des Finances, qui a appelé à "raser" la ville palestinienne de Huwara, ne change pas ses plans de visite aux États-Unis ; Israel Bonds maintient son invitation
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

La visite du ministre des Finances Bezalel Smotrich à Washington la semaine prochaine, au cours de laquelle il prendra la parole lors d’une conférence organisée par Israel Bonds devrait avoir lieu comme prévu, malgré le tollé provoqué par son appel à « anéantir » la ville palestinienne de Huwara, la Maison Blanche, en revanche, a indiqué jeudi que les représentants du gouvernement américain ne le rencontreraient pas.
La veille, Smotrich avait déclaré lors d’un débat que, selon lui, « le village de Huwara devrait être anéanti » et que « l’État d’Israël devrait le faire », ce qui avait suscité un tollé immédiat de la part des législateurs de l’opposition ainsi que des responsables américains et palestiniens.
Ces propos ont été tenus dans un contexte de choc et d’horreur en Israël et à l’étranger après que des centaines d’habitants des implantations ont saccagé la ville palestinienne de Huwara et les villages environnants dans la nuit de dimanche à lundi, incendiant des dizaines de bâtiments et de véhicules, tuant un Palestinien et en blessant des centaines d’autres dans ce que le général en chef d’Israël en Cisjordanie a appelé un « pogrom ». Le saccage était en représailles à une attaque terroriste au cours de laquelle deux frères israéliens qui circulaient en voiture dans la ville ont été tués par balles quelques heures auparavant.
Le groupe Israel Bonds a refusé d’annuler l’invitation adressée à Smotrich, et sa participation à la conférence annuelle du groupe, qui se tiendra du 12 au 14 mars, est maintenue, a déclaré jeudi au Times of Israel une source au fait de la situation. Un porte-parole de Smotrich a confirmé de son côté que le ministre entendait toujours faire le voyage.
Israel Bonds a publié sa première déclaration publique depuis les remarques de Smotrich mercredi, mais celle-ci ne fait pas de référence directe au ministre ou à sa participation prévue à la conférence.
La déclaration indique que « la mission principale d’Israel Bonds a, de tout temps, été de générer un soutien financier au moyen de la vente d’obligations israéliennes pour la construction et le développement de l’économie d’Israël, indépendamment de toute considération politique ».
« Nous sommes une organisation financière non partisane, qui vend des obligations israéliennes émises par l’État d’Israël par l’intermédiaire de son ministère des Finances. En vertu de leurs responsabilités bien établies, les différents ministres des Finances israéliens, toutes tendances politiques confondues, ont assisté à tous nos événements tout au long de nos 72 ans d’existence. L’un des aspects les plus singuliers et les plus importants de l’organisation est son impartialité vis-à-vis de tout parti ou affiliation politique, permettant ainsi à chacun de soutenir sans réserve la prospérité d’Israël et de son peuple, en investissant dans des obligations israéliennes », a ajouté le groupe.

Parallèlement, un porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche a déclaré jeudi « qu’aucune réunion du gouvernement américain n’était prévue au cours du voyage [de Smotrich] ».
Un petit nombre de groupes juifs libéraux ont demandé à l’administration Biden de refuser à Smotrich un visa d’entrée dans le pays.
Interrogé jeudi lors d’un point de presse sur l’éventualité d’une telle démarche de la part des États-Unis, le porte-parole du département d’État, Ned Price, a répondu que « les dossiers de visa individuels ou l’éligibilité d’un individu particulier à un visa américain sont confidentiels ».
« Néanmoins, nous continuerons à exprimer clairement que nous rejetons les propos du ministre, comme nous l’avons fait hier », a-t-il dit.
« Nous apprécions les condamnations que nous avons entendues de la part de nos partenaires israéliens », a ajouté Price. La veille, le porte-parole du département d’État avait appelé le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres hauts responsables israéliens à condamner publiquement les propos de M. Smotrich.
Seul l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Herzog, l’avait fait jusqu’à jeudi soir, déclarant à CNN que « ce n’est absolument pas la politique israélienne et c’est contraire à nos valeurs de répondre par l’anéantissement de villages civils ».