Ted Cruz bloque une loi sur la normalisation entre Israël et les États arabes
Dénonçant leur formulation, le sénateur républicain du Texas s'oppose à certaines parties du texte qui prônent la solution à deux États
JTA — Le sénateur américain Ted Cruz a décidé de bloquer l’avancée d’un projet de loi qui fait la promotion de la normalisation entre Israël et les États arabes parce qu’il comprend une formulation qui consacre la solution à deux États comme issue préférable au conflit israélo-palestinien.
Cruz, sénateur républicain du Texas, propose un changement de formulation qui ne supprimerait pas la référence à la solution à deux États mais qui établirait clairement que la décision ultime reviendrait à Israël.
« Le sénateur Cruz estime que l’Amérique doit soutenir ses alliés et que les diplomates américains n’ont pas à dicter à nos alliés que faire de leur territoire souverain », a commenté jeudi un porte-parole de Cruz auprès de l’agence JTA.
« Il y avait, jusqu’à une date récente, un accord bipartisan au Congrès qui ancrait le soutien apporté par les États-Unis à nos alliés israéliens dans les négociations mais ce projet de loi marque un changement radical qui modifiera la politique américaine, en transformant une politique de soutien à Israël en une politique de pressions exercées sur Israël. Et le sénateur Cruz s’oppose à ce changement », a-t-il poursuivi.
Cruz utilise l’autorité qui lui est conférée en tant que sénateur pour empêcher l’adoption rapide du projet de loi, avait d’abord rapporté le Washington Free Beacon, un média conservateur. JTA est en mesure de confirmer ce blocage.
Le texte bénéficie pourtant d’un soutien bipartisan – et un Républicain, Rob Portman (de l’Ohio) est l’un de ses principaux parrains. La mesure vise à obliger le gouvernement américain à continuer à exploiter la réussite des Accords d’Abraham qui ont permis la normalisation des relations entre l’État juif d’une part et les Émirats arabes unis, le Soudan, le Maroc et Bahreïn de l’autre ; un accord qui avait été négocié par l’administration Trump.
Il s’agit de l’un des rares accomplissements de Trump en termes de politique étrangère qui soit aujourd’hui soutenu par l’administration Biden.
La Commission des Affaires étrangères du Sénat avait présenté le projet de loi devant l’assemblée le mois dernier. Cruz avait soutenu la législation avant l’ajout de l’amendement dont il conteste la formulation – qui avait eu lieu juste avant qu’elle ne soit présentée au débat devant la commission.
Un responsable du bureau de Cruz a confié à JTA que le sénateur lèverait son blocage si les parrains du texte prenaient en compte son amendement réclamant de réexaminer la formulation de l’extrait incriminé du projet de loi. Deux autres sénateurs républicains de la commission se sont alignés sur cet amendement de Cruz.
Il a précisé auprès de JTA que Cruz lèverait son blocage même si l’amendement en question était encore une fois rejeté.
La formulation actuelle stipule que la politique américaine est de « soutenir une solution négociée au conflit israélo-palestinien résultant en deux États vivant côte à côte dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle ».
Avec le changement demandé par Cruz, la législation dirait que la politique américaine est de « soutenir le gouvernement d’Israël dans ses efforts en cours visant à mettre en place une solution négociée au conflit israélo-palestinien résultant en deux États vivant côte à côte dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle ».
Le responsable a souligné le langage utilisé dans les lois existantes concernant la coopération entre les États-Unis et Israël, qui se réfère au soutien apporté à Israël dans ses efforts visant à mettre en place une solution à deux États – sans ancrer la solution à deux États en tant que politique américaine.
J Street, groupe politique juif libéral dont les activités se concentrent sur le Moyen-Orient, a critiqué Cruz pour avoir utilisé son autorité de sénateur pour bloquer le texte de loi.
« La vaste majorité des Juifs américains et la majorité des électeurs américains soutiennent une solution à deux États », a commenté Debra Shushan, qui dirige le bureau des affaires du gouvernement au sein du groupe, dans un communiqué de presse diffusé cette semaine.
« Hélas pour le sénateur Cruz – et tout comme c’est le cas pour le statu quo de l’occupation et pour les injustices sur les Territoires palestiniens – ce positionnement est intenable. Une majorité de Démocrates et de Républicains au Congrès reconnaissent qu’un accord de paix basé sur la solution à deux États est le seul à même de garantir que les peuples israélien et palestinien pourront jouir de la liberté, de l’autodétermination et de la sûreté. »