9 Av : Ben Gvir au mont du Temple fustigé par l’AP, les US, les EAU et la Jordanie
La visite s'est déroulée sans incident ; 16 visiteurs Juifs et 2 Arabes arrêtés pour troubles ; un nombre record de personnes ont visité le site en ce jour de jeûne
Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’est rendu jeudi sur le mont du Temple, un site sensible, à l’occasion de Tisha BeAv, jour de deuil national, suscitant la colère de la Jordanie, de l’Autorité palestinienne (AP) et du groupe terroriste palestinien du Hamas.
C’était la troisième fois que Ben Gvir se rendait sur le site en tant que ministre. Chaque visite a suscité une réaction furieuse du monde arabe.
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a averti que les prétendues mesures unilatérales prises par Israël sur le site et les violations du statu quo « menacent d’entraîner une escalade de la violence ».
« Nous mettons en garde contre les conséquences dangereuses qu’entraînerait le fait de permettre aux extrémistes d’atteindre le mont et de se livrer à des provocations », a ajouté le ministère.
Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a également condamné la visite du ministre sur le mont du Temple.
« Les Émirats arabes unis ont fermement condamné la prise d’assaut de la mosquée Al-Aqsa par le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui a déjà eu des positions et des déclarations racistes », déclare le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis dans un communiqué, appelant à une « protection totale de la mosquée Al-Aqsa » et à la fin des « violations provocatrices ».
Le ministère dit avoir « appelé les autorités israéliennes à mettre fin à l’escalade et à éviter d’exacerber les tensions et l’instabilité dans la région, affirmant le rejet par les Émirats arabes unis de toutes les pratiques qui violent les résolutions sur la légitimité internationale et menacent d’aggraver la situation ».
Israël a pris le mont du Temple et la Vieille Ville de Jérusalem à la Jordanie lors de la Guerre des Six Jours en 1967. Il a toutefois permis au Waqf [islamique de Jérusalem soutenu par la Jordanie], de continuer à exercer son autorité religieuse sur le mont mais c’est Israël qui assure la sécurité du site.
Le ministère des Affaires étrangères de l’AP a accusé la visite de Ben Gvir de faire partie d’une « couverture israélienne officielle des invasions en cours et des plans visant à judaïser la mosquée Al-Aqsa et à imposer des changements forcés à la réalité historique et juridique existante, en tant qu’élément indissociable de la judaïsation de Jérusalem ».
Le porte-parole du groupe terroriste palestinien du Hamas, Hazem Qasem, a qualifié cette visite « d’escalade dangereuse » et de « provocation » à l’égard du peuple palestinien, promettant qu’il ne permettrait pas à Israël de mettre en œuvre ses prétendus « plans » sur le site.
« Notre peuple défendra l’identité de la mosquée bénie d’Al-Aqsa et protégera son caractère islamique et arabe à tout prix, car Al-Aqsa a toujours été le déclencheur des révolutions et des rébellions », peut-on lire dans la déclaration.
L’ambassade des États-Unis à Jérusalem a aussi critiqué la visite. « Les États-Unis défendent fermement la préservation du statu quo historique en ce qui concerne les lieux saints de Jérusalem », lit-on dans un communiqué. « Toute action ou rhétorique unilatérale qui compromet le statu quo est inacceptable. »
Le ministre du Développement du Néguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf, membre du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit de Ben Gvir, et le député Amit Halevi (Likud) sont également montés sur le mont pour marquer Tisha BeAv sous haute sécurité. Les visites des hommes politiques se sont déroulées sans incident.
Selon les médias israéliens, un millier de pèlerins avaient visité le site à 10h du matin, dépassant le nombre de visiteurs juifs sur le site le jour de Tisha BeAv des années précédentes.
La police a déclaré avoir arrêté 16 visiteurs juifs et deux Arabes à la suite de troubles sur le site jeudi matin. Aucun autre détail n’a été fourni.
Des dizaines de Palestiniens ont manifesté jeudi après-midi à la frontière israélienne avec la bande de Gaza pour protester contre cette visite ministérielle.
Les manifestants ont brûlé des pneus et déclenché des engins explosifs. Les explosions ont été entendues dans les communautés israéliennes proches de la frontière.
Les soldats présents sur les lieux ont répondu par des mesures de dispersion des émeutes.
صور| فعالية إرباك ليلي في منطقة ملكة شرق مدينة غزة، نصرة للأقصى. pic.twitter.com/r2ZNlliIWW
— وكالة شهاب للأنباء (@ShehabAgency) July 27, 2023
Les Juifs pratiquants jeûnent toute la journée en commémoration de la destruction du Temple de Jérusalem en 586 avant notre ère, puis de son remplacement en 70 de notre ère. L’une des principales raisons des catastrophes citées dans la tradition est la division et la haine entre les différents groupes de la société juive. Les deux Temples étaient situés sur le lieu de l’explosion.
« En ce jour, en ce lieu, il est très important de se rappeler que nous sommes tous frères. Qu’ils soient de droite ou de gauche, religieux ou laïcs, nous sommes tous les mêmes. Lorsqu’un terroriste regarde par la fenêtre, il ne fait aucune discrimination entre nous. L’unité est importante, et l’amour d’Israël est important », a déclaré Ben Gvir dans un communiqué.
« Ce lieu est l’endroit le plus important pour le peuple d’Israël, où nous devons revenir et montrer notre gouvernance », a-t-il ajouté.
Wasserlauf a tweeté son espoir de voir la « rédemption » du peuple juif et « la construction du [troisième] Temple bientôt, de nos jours, amen ».
Le site est considéré comme le plus sacré du judaïsme, car il abritait deux Temples bibliques, tandis que la mosquée Al-Aqsa, située sur le mont, est le troisième lieu saint de l’islam, ce qui a fait de cette zone un des principaux points ultra-sensibles du conflit israélo-palestinien.
En vertu du statu quo, un arrangement qui prévaut depuis des décennies en coopération avec la Jordanie, les Juifs et les autres non-musulmans sont autorisés à visiter le mont du Temple pendant certaines heures, mais ne peuvent pas y prier.
Ces dernières années, les Juifs nationalistes religieux, dont certains membres de la nouvelle coalition, se sont rendus de plus en plus souvent sur le site et ont exigé l’égalité des droits de prière pour les Juifs, ce qui a suscité la colère des Palestiniens et des musulmans du monde entier.
La semaine dernière, le grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef a accusé Ben Gvir de « pécher et de faire pécher les autres » en se rendant sur le mont du Temple.
Yosef a déclaré que Ben Gvir avait défié de nombreuses décisions rabbiniques stipulant que la loi juive orthodoxe interdit aux Juifs de pénétrer sur le mont du Temple, a déclaré Yosef, citant des principes détaillés dans la halakha, la loi juive orthodoxe, concernant la préservation de la pureté du site, considéré comme le plus sacré du judaïsme.
Ben Gvir a défendu ses visites, en répondant qu’il suivait les conseils de ses propres rabbins, qui ont dit que c’était une mitzvah – le mot en hébreu pour le devoir, le commandement ou bonne action – de visiter le site.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.