Trois des hommes tués par l’EI en Libye avaient demandé l’asile en Israël
Une ONG israélienne affirme qu’il y aurait, parmi les victimes de l’EI, des Erythréens qui avaient été expulsés d'Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Trois demandeurs d’asile érythréens qui ont quitté Israël l’été dernier faisaient partie d’un groupe de personnes tuées récemment par les membres de l’État islamique en Libye, a annoncé une ONG israélienne mardi.
L’EI a publié une vidéo dimanche montrant des terroristes djihadistes en train de tirer et de décapiter des personnes que l’on pensait initialement être des chrétiens éthiopiens. La légende de la vidéo de 29 minutes décrit les captifs comme des « disciples de la croix de l’Église ennemie éthiopienne ».
La vidéo, publiée par l’intermédiaire des comptes et des sites de réseaux sociaux associés au groupe terroriste, n’a pas pu être vérifiée de façon indépendante, mais elle est similaire à d’autres vidéos diffusées par le groupe Etat islamique et portait le symbole de sa branche médiatique : Al-Furqan.
Mais Israel’s Hotline for Refugees and Migrants affirme dans un communiqué que trois des victimes étaient en fait des ressortissants érythréens expulsés d’Israël en 2014.
Israël propose aux immigrants illégaux de partir dans un pays autre que leur pays d’origine. Les noms des pays absorbant les migrants expulsés d’Israël n’ont pas été révélés par le gouvernement.
Plus tôt cette année, le ministre de l’Intérieur, Gilad Erdan, a déclaré que les réfugiés qui choisissent de partir vers ces « pays tiers » seraient en sécurité. « Ils recevront un traitement équitable dans les pays prévus pour les absorber », a-t-il affirmé.
Les trois hommes en question, cependant, n’ont pu, pour une raison inconnue, obtenir un statut juridique dans un autre pays.
« [Les victimes] se sont rendus à la Libye, car ils n’ont reçu aucune protection dans ces pays », affirme Hotline for Refugees and Migrants.
Là-bas, ils ont été enlevés avec un groupe de chrétiens éthiopiens.
Au moins un des hommes, qui a été identifié seulement par la lettre « T », avait déjà été détenu dans le centre de détention de Holot, un camp ouvert pour les immigrants illégaux, selon l’organisation d’aide aux réfugiés.
Holot accueille actuellement quelque 2 500 demandeurs d’asile africains. Les détenus sont tenus de se présenter à l’appel matin et soir, mais sont libres de quitter le centre pendant la journée.
Le Centre israélien pour la politique d’immigration, un groupe qui a fermement soutenu les mesures visant à expulser les immigrants clandestins, a reconnu la tragédie de ces crimes mais a nié la culpabilité israélienne.
Beaucoup d’Africains veulent se rendre en Europe ou au Canada, explique Yonatan Jakubowicz, un porte-parole du groupe, au Times of Israel.
« Dans certains cas, les migrants illégaux qui ont quitté Israël pour retourner dans leur pays d’origine ou vers des pays tiers sûrs choisissent de prendre le même chemin, avec tous les dangers que cela entraîne. »
Jakubowicz a fait valoir qu’Israël doit veiller à ce que « les personnes qui partent pour des pays tiers ne courent pas de risques, de préjudices ou de danger dans ces destinations ».
Mais, a-t-il ajouté, « Israël ne peut pas et ne doit pas s’attendre à ce que ces gens ne prennent pas le chemin de l’Europe, comme des centaines de milliers d’autres migrants ».