Trois officiers inculpés pour la noyade d’un soldat lors d’un exercice
Les officiers ont accepté de plaider coupable en échange de condamnations plus légères pour l'affaire de la noyade du sergent Evyatar Yosefi dans une rivière en crue
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Mercredi, dans une décision inhabituelle, des procureurs militaires ont inculpé trois officiers de la brigade de parachutistes en lien avec la noyade d’un officier dans une rivière en crue en janvier dernier, a fait savoir l’armée.
Les officiers – le commandant de l’unité du soldat, le commandant en second de l’unité et le commandant du bataillon – ont accepté de plaider coupable de leurs crimes en échange de condamnations plus légères.
Ces inculpations très inhabituelles sont intervenues après qu’une enquête sur la noyade du sergent Evyatar Yosefi, âgé de 20 ans, a mis en évidence que les officiers en question se sont comportés de manière négligente et n’ont pas suivi les consignes de sécurité de leurs commandants.
Le 7 janvier 2019, le bataillon de reconnaissance de la Brigade de parachutistes réalisait un exercice près de la rivière d’Hilazon à proximité de la ville de Karmiel, dans le nord du pays. Les soldats travaillaient par paire afin d’apprendre à s’orienter et à survivre dans la nature.
Lors de l’exercice d’orientation, Evyatar Yosefi, originaire de Givat Shmuel en banlieue de Tel Aviv, et son camarade ont reçu l’ordre par radio que leur unité se regroupait. Alors qu’ils se dirigeaient vers le point désigné, le duo est passé par la rivière Hilazon, qui était en crue après de fortes pluies la veille.

Ils ont décidé de traverser la rivière, et, alors qu’il arrivait de l’autre côté, Evyatar Yosefi,Yosefi a glissé sur la berge boueuse et est tombé à l’eau. Son camarade lui a lancé une corde, mais le parachutiste n’a pas pu la saisir, et il a été emporté par le courant. Son corps a été retrouvé quelques heures plus tard.
L’enquête du procureur général de l’armée a conclu que les officiers ne s’étaient pas préparés convenablement aux conditions climatiques difficiles et à leurs conséquences sur le terrain et qu’ils avaient ignoré les consignes de sécurité.
« L’enquête a établi que les officiers auraient été négligents dans leurs devoirs et désobéi aux ordres », a fait savoir l’armée mercredi.
Selon l’accord conclu avec le tribunal, le commandant du bataillon de Yosefi a écopé d’une peine de prison avec sursis, mais il pourra poursuivre sa carrière dans l’armée. La décision de donner une peine relativement légère au lieutenant-colonel est due au fait qu’il n’était pas directement impliqué dans l’exercice d’orientation, même s’il a été établi qu’il n’avait pas préparé convenablement ses soldats à la mission.
Le sous-commandant de l’unité devra effectuer 100 jours de travaux d’intérêt général au sein de l’armée et sera rétrogradé d’un rang.
Le commandant de l’unité devra réaliser 45 jours de travaux d’intérêt général et lui aussi, descendra d’un grade.
Les détails de l’accord avec le tribunal ont été présentés à la famille du soldat, a annoncé l’armée.

Ces sanctions s’ajoutent à une série de mesures disciplinaires que le chef d’état-major de l’armée Aviv Kohavi a approuvées en mars dernier. Le chef de l’unité, le sous-commandant du peloton, le commandant du peloton, le commandant de son programme de formation et le commandant du bataillon ont tous été démis de leurs fonctions.
Le commandant de la brigade de parachutistes, le colonel Yaakov “Yaki” Dolef, a également reçu un blâme officiel, retranscrit dans ses états de service, avait alors annoncé l’armée.
Dans un communiqué de mars, Avi Kohavi a accusé les officiers de conduite non professionnelle et, dans certains cas, immorale.
« C’est un événement de la plus grande gravité, qui a eu une répercussion tragique et prend racine dans une série d’erreurs dans la préparation de l’exercice et dans la manière dont il a été mené, sous la direction non professionnelle de l’ensemble de la chaîne de commandement et la direction contraire à l’éthique d’une partie du commandement. Cela a conduit à des négligences dans la tenue de l’exercice sous la supervision des commandants et sans qu’ils ne fassent quoi que ce soit pour l’empêcher », a déclaré le chef de l’armée.
« Dans l’incident en question, les commandants de l’ensemble de la chaîne de commandement n’ont pas agi conformément à l’extrême vigilance que l’on attend d’eux dans la préparation de l’exercice et dans sa supervision », a ajouté Aviv Kohavi.