Trump jugerait « inhumain » de forcer les Gazaouis à vivre dans l’enclave durant sa reconstruction
Deux haut responsables américains ont défendu la proposition du président de déplacer les Gazaouis vers des pays arabes jusqu'à ce que la bande de Gaza soit reconstruite
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Deux des principaux collaborateurs du président américain Donald Trump ont apporté des précisions concernant ses récents commentaires sur la reconstruction de la bande de Gaza et son idée que l’Égypte et la Jordanie accueillent des Palestiniens pendant toute la durée du processus.
« Le président Trump regarde la bande de Gaza et la considère comme un chantier de démolition. Il estime qu’il est impossible de la reconstruire en trois ou cinq ans, qu’il faudra au moins 10 à 15 ans et qu’il est inhumain de forcer des gens à vivre sur un terrain inhabitable avec des munitions non explosées et des décombres », a déclaré le premier haut responsable américain lors d’un point presse.
Trump « cherche des solutions pour aider les habitants de Gaza à mener une vie normale pendant que la bande de Gaza est reconstruite, et il essaie d’envisager la situation de manière réaliste », a indiqué le haut fonctionnaire.
Un deuxième haut fonctionnaire américain a noté que l’envoyé de Trump pour le Proche-Orient, Steve Witkoff, s’est rendu à Gaza la semaine dernière, devenant ainsi le premier responsable américain à le faire en 15 ans. Il a été frappé par le manque de réalisme du calendrier de reconstruction sur cinq ans inclus dans la proposition de cessez-le-feu de mai 2023 présentée par l’ancien président américain Joe Biden.
« Vous aurez besoin d’éléments tels qu’une étude géotechnique. Il n’y a pas de services publics, il y a des maladies, il n’y a pas d’eau courante. On ne pourrait pas y faire passer une ambulance, même si on le voulait maintenant, alors c’est vraiment inhabitable », a expliqué le second responsable.
Les deux responsables américains n’ont pas réitéré l’appel de Trump à l’Égypte et à la Jordanie pour qu’elles accueillent les Palestiniens – une demande que les deux pays ont catégoriquement rejetée.
Les collaborateurs de Trump ont souligné que les États-Unis souhaitent travailler avec leurs alliés arabes et Israël pour trouver des « solutions créatives à ce défi ».
L’un des responsables a déclaré avoir rencontré lundi un groupe d’ambassadeurs arabes pour discuter de la question.
« Nous demandons plutôt à nos amis, à nos partenaires et à nos alliés de s’unir pour trouver des solutions qui soient humaines et qui apportent de la dignité au peuple palestinien », a ajouté le fonctionnaire.

Le 26 janvier dernier, Donald Trump avait déclaré qu’il aimerait que la Jordanie, l’Égypte et d’autres pays arabes puissent augmenter le nombre de réfugiés palestiniens originaires de la bande de Gaza qu’ils seraient susceptibles d’accepter dans leurs pays – ce qui pourrait permettre, selon lui, de déplacer suffisamment de population pour « nettoyer » la région déchirée par la guerre et faire table rase du passé.
De leur côté, les dirigeants égyptien et jordanien ont estimé que le déplacement forcé des habitants de Gaza était une « injustice à laquelle nous ne pouvons pas prendre part ».
« Les constantes de la position historique de l’Égypte sur la cause palestinienne […] ne pourront jamais être compromises », a dit le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi. Quant au roi Abdallah II de Jordanie, il a souligné « la position ferme de la Jordanie sur la nécessité de maintenir les Palestiniens sur leurs terres et de garantir leurs droits légitimes, conformément à la solution à deux États – israélien et palestinien ».