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Tsahal constate une hausse de l’enrôlement des Haredim, mais reste loin des objectifs

900 ultra-orthodoxes se sont enrôlés au cours de la dernière vague de recrutement, soit une hausse de 85 % par rapport à la même période l'année dernière, mais loin des 1 300 prévus

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un soldat israélien s'adressant à des appelés ultra-orthodoxes, à la base de Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 6 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)
Un soldat israélien s'adressant à des appelés ultra-orthodoxes, à la base de Tel HaShomer, dans le centre d'Israël, le 6 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)

L’armée israélienne a déclaré jeudi avoir constaté une augmentation significative du nombre d’hommes ultra-orthodoxes – ou Haredim – ayant été enrôlés cette année. Cependant, Tsahal est encore loin d’avoir atteint ses objectifs en matière de conscription.

L’armée a indiqué avoir actuellement besoin de quelque 10 000 nouveaux soldats – dont 75 % seront des combattants – mais ne peut accueillir que 3 000 soldats haredim supplémentaires cette année, en raison de leurs besoins particuliers. Ces soldats viendraient s’ajouter aux quelque 1 800 soldats ultra-orthodoxes qui sont déjà recrutés chaque année.

Au cours de l’été, le Directorat des Ressources humaines de Tsahal a envoyé 3 000 ordres d’enrôlement à des Haredim âgés de 18 à 26 ans. Sur ces 3 000 hommes, seuls 10 % environ ont été incorporés dans l’armée.

Ceux qui ont ignoré plusieurs ordres d’enrôlement s’exposent à une interdiction de quitter le pays et risquent d’être arrêtés par la police militaire et incarcérés dans des prisons militaires. Jusqu’à présent, quelque 900 « interdictions de sortie du territoire » ont été émises.

L’objectif global de l’armée pour la période de recrutement précédente, d’environ quatre mois, était de 1 300 soldats ultra-orthodoxes. Finalement, un peu plus de 900 soldats ont été recrutés, en incluant ceux qui ont été enrôlés en marge des 3 000 nouveaux ordres d’enrôlement.

Cela signifie que l’armée a enregistré une augmentation de 85 % du nombre de soldats haredim s’engageant, par rapport à la même période de recrutement des années précédentes.

Des Israéliens ultra-orthodoxes protestant contre le service militaire obligatoire, devant le centre de recrutement, à Jérusalem, le 31 octobre 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Au cours de la prochaine période d’incorporation, qui doit débuter dimanche, le Directorat des Ressources humaines émettra les 1 000 premiers des 7 000 nouveaux ordres d’enrôlement à l’intention des ultra-orthodoxes. Tsahal espère ainsi atteindre son objectif de 4 800 soldats haredim d’ici à juin 2025, mais certains, au sein de l’armée, en doutent.

L’armée a déclaré que son principal défi n’était pas d’envoyer les ordres d’enrôlement, mais plutôt de réussir à recruter et à intégrer les Haredim dans l’armée.

L’année dernière, quelque 70 000 hommes ultra-orthodoxes ont été recensés comme éligibles au service militaire, mais Tsahal avait souligné qu’il n’était pas possible de les enrôler tous en même temps, car leur intégration est un processus qui prend du temps.

Dans le cadre de l’élargissement de l’enrôlement des Haredim, l’armée a travaillé à l’ouverture de nouvelles unités – et peut-être même d’un centre d’incorporation distinct – pour les troupes ultra-orthodoxes, en plus de celles qui existent déjà.

Les unités existantes de Tsahal pour les soldats ultra-orthodoxes comprennent le bataillon Netzah Yehuda de la Brigade Kfir, la compagnie Tomer du bataillon Rotem de la Brigade Givati, la compagnie Hetz du 202e bataillon de la brigade des parachutistes, et l’unité de défense au sol de la base aérienne de Nevatim, ainsi que de nombreuses autres fonctions non combattantes.

L’armée est également en train de créer une nouvelle brigade pour les conscrits ultra-orthodoxes, connue sous le nom de « Brigade Hasmonéenne ». Selon Tsahal, l’armée a jusqu’à présent terminé la sélection du personnel de la Brigade Hasmonéenne, la première brigade haredi, et a mis en place l’infrastructure nécessaire à l’incorporation de la première compagnie de la brigade le mois prochain.

Le différend concernant la communauté ultra-orthodoxe servant dans l’armée est l’un des plus controversés en Israël. Des décennies de tentatives gouvernementales et judiciaires pour le résoudre n’ont jamais abouti à une solution stable. Les dirigeants religieux et politiques ultra-orthodoxes s’opposent farouchement à toute tentative d’enrôlement des jeunes hommes étudiant en yeshiva.

De nombreux Haredim estiment que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie et craignent que ceux qui s’enrôlent ne soient sécularisés.

Des soldats israéliens du bataillon Netzah Yehuda patrouillant près de la frontière entre Israël et Gaza, le 20 octobre 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les Israéliens qui effectuent leur service militaire affirment cependant que les exemptions massives qui leur sont accordées depuis des décennies les accablent injustement. Ce sentiment s’est intensifié depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud du pays et la guerre qui a suivi, au cours de laquelle plus de 780 soldats ont été tués et quelque 300 000 réservistes ont été mobilisés.

Par ailleurs, l’armée a déclaré jeudi qu’elle cherchait à augmenter sans délai le temps de service des conscrits et des réservistes afin de remplacer les milliers de soldats qui ont été blessés et tués pendant la guerre et de renforcer ses effectifs pour faire face aux défis futurs.

Les modifications prévues aux lois sur le service militaire et le devoir de réserve, qui devront être approuvées par les parlementaires, prévoient notamment de rendre le service obligatoire pour les hommes d’une durée de trois ans, comme c’était le cas jusqu’en 2015. Tsahal avait proposé ce changement en février, mais la Knesset ne l’a pas encore approuvé.

Actuellement, les recrues masculines effectuent un service de 32 mois, tandis que les femmes effectuent un service de deux ans. Dans le cadre de ces changements, les soldates engagées dans des missions de combat et d’autres missions spéciales serviront également pendant 36 mois.

L’armée prévoit également de relever l’âge de la retraite des réservistes. Actuellement, les soldats peuvent quitter le service à 40 ans, les officiers à 45 ans et ceux qui occupent des postes spéciaux, comme les chauffeurs, à 49 ans. Selon les plans de Tsahal, l’âge de la retraite des soldats passerait à 45 ans, celui des officiers à 50 ans et celui des réservistes à 52 ans.

Le temps de service annuel des réservistes sera également modifié.

En temps normal – hors temps de guerre – les réservistes effectuent en moyenne 25 jours de réserve par an, une fois tous les trois ans. Au cours de la dernière année, les soldats de combat ont effectué en moyenne 136 jours de réserve et les commandants 168 jours, selon Tsahal.

Alors que les combats se poursuivent, Tsahal prévoit que les réservistes serviront 70 jours par an. L’objectif de l’armée est que le service de réserve dure 70 jours consécutifs et ne soit pas fractionné. Cette durée peut être prolongée en fonction des circonstances de la guerre.

Des réservistes de la 8e brigade du Corps blindé mécanisé opérant dans le sud du Liban, sur une photo publiée le 6 novembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Tsahal espère que l’augmentation de la durée du service pour les conscrits et l’appel des Haredim réduiront la charge des réservistes.

Selon l’armée, le taux global de participation des réservistes au cours de l’année écoulée a été de 85 %. Au début de la guerre, Tsahal a fait état de taux de participation élevés, mais au fur et à mesure que les combats se sont prolongés, en particulier ces dernières semaines, ce chiffre a chuté.

Un autre défi auquel le Directorat des Ressources humaines est confronté concerne les soldats de carrière.

Selon l’armée, les salaires perçus par les soldats de carrière sont inférieurs de 10 à 15 % à ceux de la police ou de l’administration pénitentiaire. Cela explique pourquoi Tsahal n’est pas une carrière attrayante pour les jeunes adultes.

En outre, les salaires des officiers de carrière subalternes ou des sous-officiers sont nettement inférieurs à ceux des réservistes, ce qui encourage de nombreux soldats à ne pas poursuivre leur carrière au sein de l’armée israélienne et à se contenter de servir dans la réserve.

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