Après une première phase peu concluante, Tsahal envoie 7 000 ordres de conscription à des haredim
L'armée a envoyé 3 000 ordres au cours de l'été, mais seuls 230 hommes ultra-orthodoxes se sont présentés dans les centres d'incorporation ; Halevi a été informé de l'avancement d'une nouvelle brigade haredi
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a dit lundi avoir approuvé de nouveaux ordres de conscription pour 7 000 membres de la communauté ultra-orthodoxe, un sujet hautement sensible dans le pays alors que les effectifs de l’armée sont sous pression après plus d’un an de guerre contre le Hamas à Gaza.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a rencontré le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, et d’autres responsables militaires – dont le chef d’état-major adjoint, le général Amir Baram, le chef de la direction du personnel, le général Yaniv Asor, et l’avocate générale des armées, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi – et s’est vu présenter le résumé de la première phase du projet de plan haredi, a indiqué son bureau.
Tsahal avait envoyé 3 000 ordres de recrutement à ce stade, au cours de l’été, mais seuls 230 se sont présentés dans les centres d’incorporation.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant « a approuvé la recommandation de l’armée d’émettre 7 000 nouveaux ordres dans le processus d’évaluation des ultra-orthodoxes éligibles à la conscription », qui viennent s’ajouter aux 3 000 ordres émis en juillet, a indiqué l’armée dans un communiqué.
Ces appels au service militaire obligatoire de 32 mois pour les hommes, qui seront envoyés « dans les jours qui viennent », ont pour objectif « d’atteindre les objectifs de recrutement », a-t-elle ajouté.
L’armée israélienne a déclaré qu’elle agirait conformément à la loi et que ceux qui ignoreraient les multiples ordres d’appel seraient empêchés de quitter le pays et risqueraient d’être arrêtés par la police militaire et conduits dans des prisons militaires.
Cependant, aucune arrestation de ce type n’a encore été rapportée.
Les ordres, qui constituent la première étape du processus de sélection et d’évaluation que l’armée effectue pour les recrues avant leur enrôlement dans l’armée au cours de l’année à venir, surviennent après que la Cour suprême a ordonné, en juin, la conscription des étudiants en écoles talmudiques, estimant que le gouvernement ne pouvait pas les exempter « en l’absence d’un cadre légal adéquat ».
La procureure générale avait alors ordonné au gouvernement d’entamer immédiatement le processus de conscription pour 3 000 de ces hommes.
L’armée a déclaré avoir actuellement besoin de quelque 10 000 nouveaux soldats – principalement des combattants – mais qu’elle ne pouvait accueillir que 3 000 ultra-orthodoxes supplémentaires cette année, en raison de leurs besoins particuliers. Ce groupe s’ajoute aux quelque 1 800 soldats haredi qui sont déjà enrôlés chaque année.
L’armée israélienne entend créer de nouvelles unités pour les troupes haredi, en plus des unités existantes, notamment le bataillon Netzah Yehuda de la brigade Kfir, la compagnie Tomer du bataillon Rotem de la brigade Givati, la compagnie Hetz du 202e bataillon de la brigade des parachutistes et l’unité de défense au sol de la base aérienne de Nevatim, ainsi que de nombreux autres rôles non liés au combat.
Lors d’une autre réunion, lundi, Halevi s’est vu présenter le statut d’une brigade en cours de développement pour les juifs ultra-orthodoxes, connue sous le nom de « brigade hasmonéenne ».
Selon Tsahal, l’armée a jusqu’à présent terminé l’enrôlement du personnel de la première brigade haredi, ainsi que la mise en place de l’infrastructure nécessaire à l’incorporation de la première compagnie de la brigade le mois prochain.
Des officiers supérieurs, dont le chef des forces terrestres, le général de division Tamir Yadai, ont présenté à Halevi l’état d’avancement des travaux en cours, a indiqué l’armée.
La conscription des juifs ultra-orthodoxes est au coeur du débat public alors que les partis ultra-orthodoxes sont des membres clés de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Ils représentent environ 14 % de la population juive d’Israël, soit près de 1,3 million de personnes, et environ 66 000 hommes en âge de servir bénéficient d’une exemption car ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme en vertu d’une règle instaurée à la création d’Israël en 1948.
De nombreux haredim, qui ont une interprétation stricte de la loi religieuse juive considèrent que l’étude de la Torah protège le pays autant que l’armée et sont, pour l’essentiel, réfractaires à l’idée de servir dans l’armée.
Les dirigeants religieux et politiques haredi s’opposent farouchement à toute tentative d’enrôlement de jeunes hommes de leur communauté.
Les Israéliens qui effectuent leur service militaire affirment toutefois que l’arrangement des exemptions massives, en vigueur depuis des décennies, les accable injustement, un sentiment qui s’est intensifié depuis l’assaut du 7 octobre et la guerre qui s’en est suivie, au cours de laquelle plus de 780 soldats ont été tués et quelque 300 000 citoyens appelés au service de réserve.
L’année dernière, 63 000 hommes haredi ont été répertoriés comme éligibles au service militaire.
L’AFP a contribué à cet article.