Un acteur tunisien visé par une plainte pour antisémitisme
« Croyez-moi, déjà gamin, je ne pouvais tolérer l’odeur des Juifs. Ils ont une odeur particulière, distincte… », a affirmé publiquement Walid Nahdi
Le 4 avril dernier, au micro de la station Radio Med, Walid Nahdi, acteur tunisien de second rang, a tenu des propos antisémites et homophobes.
Dans la foulée, l’association tunisienne de soutien des minorités « Akalyet » a annoncé avoir porté plainte contre l’homme suite à ses déclarations « choquantes » et « haineuses », a rapporté le site Business News.
« Quand j’étais petit, nous habitions un immeuble où vivaient aussi trois familles juives. Ils avaient une odeur particulière. L’odeur des Juifs, je ne la supporte pas et je ne les supporte pas de nature… Les Juifs et les homosexuels, je ne me sens pas à l’aise avec eux, je ne les supporte pas et c’est inné, c’est un peu comme on ne supporte pas certains animaux », avait affirmé le comédien.
Dans son interview, il a également déclaré qu’il ne se rendrait pas en Israël s’il en avait l’occasion.
https://www.youtube.com/watch?v=Yfn0eT2VYAw
Présente sur le plateau, l’actrice tunisienne Manal Abdul Qawi s’est opposée au comédien, le qualifiant de raciste.
« Je ne peux pas les tolérer. C’est plus fort que moi, pourtant vous me dites de les accepter. Je ne tolère ni les homosexuels ni les Juifs », lui a-t-il répondu.
Sur Facebook, la responsable associative Yamina Thabet, présidente de l’association tunisienne de soutien des minorités, a affirmé ne vouloir « aucun pardon » vis à vis de l’acteur suite à ses « propos haineux à l’encontre de nos compatriotes juifs ».
https://web.facebook.com/AsTuSoMi/posts/1569168923218295
Walid Nahdi a notamment joué dans les films « Or noir » (2011) du réalisateur français Jean-Jacques Annaud et dans le film tunisien Thalathoun (2007), selon sa page Imdb.
En Tunisie, les propos, actes et comportements antisionistes et antisémites sont courants. En 2017, le Times of Israël avait publié un reportage sur la situation des Juifs en Tunisie.
« Des facteurs variés, notamment la violence à l’encontre des Juifs tolérée par l’Etat à la suite de la victoire d’Israël contre ses voisins lors de la guerre des Six jours de 1967, ont petit à petit vidé la Tunisie des 110 000 Juifs qui y vivaient avant le début des années 1970, écrivait alors le journaliste Cnaan Liphshiz de l’agence JTA. Quelques douzaines de familles sont parties après la révolution de 2011 qui avait brièvement installé au pouvoir un parti islamiste et anti-israélien. »
« En Tunisie, les expressions d’antisémitisme – qui présentent souvent un vernis anti-israélien – continuent », ajoutait-il – des actes touchant régulièrement les 1 700 Juifs restant dans le pays.
Le mois dernier, le bureau exécutif du syndicat tunisien des chanteurs avait publié un communiqué annonçant la radiation de ses listes d’un chanteur : Mohsen Cherif. La décision faisait suite à sa participation à des concerts en Israël.
Selon le site Tunisienumerique.com, le communiqué indiquait que « les liens amicaux et professionnels noués par Mohsen Cherif avec l’entité sioniste [Israël] n’avaient rien à voir avec l’engagement de la Tunisie en faveur de la question palestinienne et du soutien qu’elle lui apporte ».
La loi tunisienne prône le boycott de l’État juif.
En janvier dernier, des membres de la « Campagne tunisienne pour le boycott académique et culturel d’Israël » avaient annoncé « une série d’activités visant principalement à lutter contre toute activité soupçonnée de liens avec les institutions israéliennes », annonçait le site AA.com.
L’an dernier, une championne d’échecs âgée de 7 ans avait été interdite de tournoi en Tunisie parce qu’Israélienne. Ce n’était pas la première fois que des joueurs d’échecs israéliens n’étaient pas autorisés à participer à des tournois internationaux en raison de leur nationalité.
Dans le monde du sport également, la fédération internationale de judo avait retiré à la Tunisie l’organisation d’un tournoi international en raison de l’incapacité du pays à garantir une égalité de traitement aux athlètes israéliens.