Un candidat d’Otzma Yehudit : nos détracteurs utilisent le passé pour nous juger
Itamar Ben Gvir dit que s'il admire Meir Kahane, son parti n'appelle pas pour autant, comme le rabbin, à expulser tous les citoyens arabes - seulement ceux qui sont "déloyaux"
Un candidat du parti ultranationaliste Otzma Yehudit a rejeté dimanche les opposants à son parti, affirmant qu’ils concentraient leurs critiques sur le défunt rabbin Meir Kahane, qui, bien que révéré par lui et ses collègues, n’est plus pertinent.
« Tout ce qu’ils ont à dire, c’est ‘Rabbi Kahane, Rabbi Kahane’ parce qu’ils n’ont rien à notre sujet », a déclaré Itamar Ben Gvir dimanche lors d’une interview au Times of Israel.
L’avocat n’a pas nié qu’il était un admirateur du rabbin extrémiste, dont le parti Kach avait été interdit de se présenter aux élections de 1988 pour incitation à la violence. Le mouvement a par la suite été entièrement prohibé en Israël en vertu des lois anti-terroristes.
« Malheureusement, je n’ai jamais pu le rencontrer avant son assassinat [en 1990], mais j’ai étudié ses [œuvres]. Je crois qu’ils se livrent à de la diffamation contre lui », a déclaré Ben Gvir au sujet des critiques actuelles de Kahane.
En 2007, Ben Gvir a été reconnu coupable d’incitation au racisme et de soutien à un groupe terroriste après avoir brandi des pancartes « Expulsez l’ennemi arabe » et « Rabbi Kahane avait raison : les députés arabes sont une cinquième colonne ».
« Ils évoquent des choses qui remontent à plus de 30 ans, alors qu’il est clair que nous avons évolué », a déclaré Ben Gvir.
Invité à expliquer la différence entre le parti de Kahane du milieu des années 1980 et la version contemporaine dirigée par ses disciples, Ben Gvir a dit que la plupart des nuances étaient liées au « style ».
Contrairement à son regretté maître, Otzma Yehudit ne soutient pas l’expulsion de tous les Arabes israéliens du pays, a déclaré Ben Gvir.
« Ceux qui sont loyaux à l’État, ahlan wa sahlan« , a-t-il dit en souriant, utilisant une phrase de bienvenue en arabe. « Mais ceux qui ne le sont pas doivent être expulsés. »
Le candidat de 42 ans a déclaré que son parti ne priverait pas les Arabes israéliens « loyaux » de leur citoyenneté. Quant aux Palestiniens vivant au-delà de la Ligne verte et qui passeraient sous contrôle de l’État juif dans le projet d’Otzma Yehudit d’annexer toute la Cisjordanie, il a déclaré qu’ils ne bénéficieraient pas de la citoyenneté.
Au-delà des exemples des députés arabes israéliens Ahmad Tibi et Hanin Zoabi, « qui disent qu’il faut éradiquer l’État juif », Ben Gvir n’a pas précisé comment la loyauté pourrait être vérifiée. « J’imagine que nous pourrons trouver une solution simple [pour ce faire] ».
Il espère être le deuxième représentant d’Otzma Yehudit à la Knesset après les élections d’avril, grâce à un accord de fusion que sa faction a signé la semaine dernière avec le parti HaBayit HaYehudi. En vertu de cet accord, Michael Ben-Ari, co-fondateur et président d’Otzma Yehudit, s’est vu attribuer la cinquième place sur la liste commune tandis que Ben Gvir a obtenu la huitième place. Un sondage réalisé jeudi par la Treizième chaîne indiquait que le parti pourrait obtenir huit sièges.
L’accord de fusion s’est heurté à l’opposition initiale d’une partie de la direction de HaBayit HaYehudi, qui craignait qu’il ne fasse fuir ses partisans les plus modérés. Cependant, l’effondrement du parti national religieux dans les urnes depuis son abandon en décembre par ses anciens dirigeants Naftali Bennett et Ayelet Shaked, conjugué aux pressions intenses du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les a amenés à accepter de faire équipe avec Otzma Yehudit.
Netanyahu a accepté de donner à HaBayit HaYehudi – désormais dirigé par Rafi Peretz, qui a également intégré le parti Ihoud Leoumi de Bezalel Smotrich dans sa faction au début du mois – deux postes ministériels en plus de la 28e place sur la liste du Likud. Lors des dernières élections, le Premier ministre s’est efforcé de ne pas laisser le Likud bénéficier du soutien d’autres partis de droite, mais a apparemment hésité à le faire cette fois-ci pour éviter que ces factions ne puissent franchir le seuil électoral nécessaire de 3,25 % des suffrages.
Commentant les efforts déployés par le Premier ministre pour mener à bien la fusion – y compris, semble-t-il, le report d’une réunion avec le président russe Vladimir Poutine – Ben Gvir a déclaré qu’ils n’indiquaient pas nécessairement un sentiment enthousiaste de Netanyahu pour son parti.
« Je ne suis pas naïf. Je ne crois pas que Netanyahu se soit réveillé un matin en découvrant Itamar ben Gvir ou Michael Ben-Ari et qu’il ait été enchanté par ce que nous avions à dire », avoue-t-il. « Il sait que si nous n’avions pas conclu cet accord, HaBayit HaYehudi n’aurait pas franchi le seuil électoral ».
Alors que Ben Gvir a déclaré que son parti « n’était pas venu pour siéger dans l’opposition », il a affirmé qu’Otzma Yehudit tracera aussi des lignes rouges dans toute future coalition dirigée par Netanyahu.
Il a dit, par exemple, qu’il n’aurait pas défendu l’“absence de réponse” d’Israël suite aux tirs de 500 roquettes en moins de deux jours dans le sud du pays, en novembre dernier.
L’armée israélienne a pris pour cible environ 160 sites de la bande de Gaza liés au Hamas et au Jihad islamique palestinien en réponse à ces attaques, mais Ben Gvir a déclaré qu’il aurait exigé que l’armée procède à des exécutions ciblées de dirigeants terroristes.
Il a reconnu que ses propos étaient semblables à ceux d’autres parlementaires de droite qui ont critiqué la politique de Netanyahu vis-à-vis de l’enclave, mais se dit sûr de pouvoir faire valoir ses arguments lorsqu’il serait à la Knesset.
« C’est la différence entre nous et eux », a-t-il dit. « La différence réside dans les actes, pas dans les mots ».
En plus d’encourager l’émigration des non-juifs d’Israël, Ben Gvir a déclaré que son parti s’opposait farouchement au mélange des « races ». « Cependant, si quelqu’un me demande si je compte présenter un projet de loi en faveur de la séparation [entre Juifs et Arabes] sur les plages… la réponse est non », a déclaré Ben Gvir en faisant allusion aux lois proposées autrefois par Kahane. Il a laissé entendre que son parti s’opposait aux relations entre juifs et non-juifs, mais qu’il ne légiférerait pas pour les interdire.
Le passage d’Otzma Yehudit du statut de tabou à celui de faiseur de rois politiques s’est heurté à l’indignation de personnalités éminentes, dont certaines du même côté de l’échiquier politique, ainsi que d’organisations pro-Israël à l’étranger qui ne se prononcent généralement pas sur la politique intérieure du pays.
Le rabbin Benny Lau, chef spirituel de la synagogue Modern Orthodox Ramban de Jérusalem, a déclaré dans un sermon samedi que voter pour Otzma Yehudit était un peu comme soutenir les lois antisémites de Nuremberg de l’Allemagne nazie. Un jour plus tôt, le puissant groupe d’influence américain AIPAC avait publié une rare remontrance dans laquelle il qualifiait la faction d’extrême droite de « raciste et répréhensible ».
Ben Gvir a affirmé que les critiques de son parti avaient plus à voir avec son soutien à Netanyahu. « Si on disait qu’on est pour Gantz, la critique cesserait ».
Il a dit ne pas être gêné par les critiques et que cela est lié au fait que « la gauche a peur ».
Néanmoins, Ben Gvir a refusé qu’Otzma Yehudit soit considéré comme un parti extrémiste. « Qu’est-ce qui est extrémiste chez nous ? Le fait de penser que les terroristes devraient être condamnés à mort ? Aux États-Unis [une telle sanction] existe déjà. Qu’y a-t-il d’extrémiste à éliminer des terroristes qui ont bombardé Sderot ? », a-t-il poursuivi.
Interrogé sur ce qui lui semblait manquer dans la perception qu’a le public de son parti, Ben Gvir a répondu que « nous voulons œuvrer pour le bien du peuple israélien et de l’Etat d’Israël ».
« Nous sommes sionistes », a-t-il ajouté. « Ma mère était dans le Etzel (groupe paramilitaire pré-étatique) et a ensuite été officier dans l’armée. Toute sa vie, elle nous a appris l’importance d’aimer le pays, et c’est ce que nous faisons ».
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