Un conseiller : Trump ne reviendra pas sur l’accord iranien et pourrait ne pas relocaliser l’ambassade
Semblant revenir sur de récentes déclarations, Walid Phares indique que l’accord sur le nucléaire sera ‘renégocié’, que l’ambassade américaine ne déménagera qu'à condition d’un ‘consensus’ et qu’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens sera une priorité absolue

Un haut conseiller du président élu Donald Trump a expliqué que le leader américain “révisera” l’accord sur le nucléaire passé avec l’Iran mais qu’il ne reviendra pas sur ce pacte international historique.
Walid Phares, l’un des hauts conseillers de Trump en matière de politique étrangère, a signalé également que Trump pourrait ne pas relocaliser dans l’immédiat l’ambassade américaine à Jérusalem.
Il a par ailleurs indiqué qu’il ferait une priorité absolue de la réalisation d’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens dès son arrivée à la Maison Blanche.
Ces propos semblent représenter une nette rupture avec certaines déclarations faites par les conseillers de Trump et par le président élu lui-même et viennent souligner la confusion persistante qui règne autour des coutours de ce que pourrait être la politique étrangère de l’administration Trump – un véritable saut dans l’inconnu.
Prenant la parole jeudi à la radio BBC, Phares a expliqué que l’accord nucléaire que Trump avait raillé et qu’il avait promis de démanteler serait au contraire renégocié avec Téhéran.
“Le démanteler est peut-être un mot trop fort : Il va prendre cet accord, qui a été réalisé auparavant dans un contexte international, puis il le révisera”, a-t-il dit, selon un enregistrement CNN de l’entretien.
“Il va voir l’accord, il le révisera, l’enverra au Congrès, demandera aux Iraniens de rajouter ou de changer quelques questions et il y aura une discussion”, a ajouté Phares.
« Il pourrait y avoir une discussion tendue mais l’accord tel qu’il est en ce moment – 750 milliards de dollars au régime iranien sans recevoir beaucoup en retour et en augmentant les interventions dans quatre pays –Tout cela ne sera pas accepté par l’administration Trump ».
Au cours de la campagne électorale, Trump avait qualifié l’accord nucléaire de “désastreux” et promis que sa “priorité numéro un” serait de le démanteler.
Et il avait également semé une certaine confusion lorsqu’il avait dit qu’il réclamerait une plus grande surveillance de l’accord et de sa mise en œuvre lors d’un discours prononcé devant le groupe de lobbying pro-israélien AIPAC au mois de mars. Dans cette même allocution, il avait également avoir affirmé vouloir dénoncer cette convention.
« Nous devons mettre en œuvre les termes de l’accord précédent de manière à ce que l’Iran prenne totalement ses responsabilités. Et nous les mettrons en œuvre comme jamais vous n’avez jamais vu un contrat appliqué auparavant, les gars, croyez-moi », avait-il alors déclaré.

Jeudi, le porte-parole du Département d’Etat Mark Toner avait averti que rien n’arrêterait Trump dans sa volonté de mettre un terme à cet accord en réponse aux commentaires émanant du président iranien Hassan Rouhani selon lesquels le pacte avait été consacré par le Conseil de Sécurité des nations Unies et qu’il ne pouvait donc pas être annulé par une partie.
L’accord, passé en juillet 2014 pour déjouer une tentative présumée de l’Iran de créer l’arme nucléaire, demande au pays de réduire des activités d’enrichissement nucléaire en échange d’une réduction des sanctions qui lui sont appliquées.
Israël a été et est encore le pays le plus critique de cette convention passée, la qualifiant “d’erreur historique” et disant qu’elle échouera à empêcher Téhéran de se doter d’un éventuel armement nucléaire.
Toner a dit que si Trump se retirait de l’accord, ce dernier pourrait être caduc et pourrait mener l’Iran à reprendre ses activités en vue de la fabrication d’une bombe nucléaire.
Il est incertain que l’Iran, qui reste profondément méfiant face aux Etats-Unis et s’est plaint d’avoir signé un accord de dupes avec ce pacte nucléaire, accepterait de renégocier l’accord, résultat obtenu après une longue lutte et des années d’activité diplomatique intense.
L’ambassade sera délocalisée “par consensus”
Phares a également dit à la BBC que tandis que Trump s‘était engagé à relocaliser l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem comme d’autres candidats à la présidentielle l’avaient fait, il ne le ferait pas de façon unilatérale.
“De nombreux présidents des Etats Unis s’étaient engagés à le faire, et il l’a dit lui aussi, mais il le fera s’il y a un consensus,” a expliqué Phares.
Phares n’a pas évoqué quel consensus devrait être atteint pour la réalisation de cette initiative, qui romprait avec des décennies de précédents et placerait Washington en porte à faux avec presque tous les états-membres des Nations unies.
Un certain nombre de politiciens israéliens, parmi lesquels le maire de Jérusalem Nir Barkat, ont profité de la victoire de Trump pour lui demander de tenir sa promesse de reconnaître Jérusalem comme capitale indivisible d’Israël et d’y localiser l’ambassade américaine, rompant avec une politique américaine qui, pendant longtemps, a attendu que soit passé un accord final sur le statut de la ville.

Au cours de la campagne, Trump avait désigné Jérusalem comme étant “la capitale éternelle” du pays et avait indiqué qu’il était “100 % favorable” à la relocalisation de l’ambassade là-bas.
Dans la matinée de jeudi, le conseiller de Trump sur Israël Jason Dov Greenblatt a déclaré à la radio militaire israélienne que le président élu tiendrait sa promesse.
“Je pense que s’il l’a dit, il le fera”, a déclaré Greenblatt. « Il a une position très différente envers Israël que n’importe quel président récent, et je pense que c’est un homme qui tient ses promesses. Il reconnaît la signification historique de Jérusalem pour le peuple juif contrairement à, disons-le, l’UNESCO ».
Le Congrès avait émis une loi en 1995 décidant la relocalisation de l’ambassade à Jérusalem mais avait permis au président d’y déroger. Chaque président, depuis lors, a prolongé cette dérogation, citant les intérêts sécuritaires nationaux des Etats Unis en dépit de promesses de campagne répétées.
Phares a également indiqué que les efforts visant un accord de paix israélo-palestinien feraient partie des priorités de l’agenda de Trump, semant le trouble sur une déclaration faite par Greenblatt que Trump ne privilégierait pas le fait de pousser les Israéliens et les Palestiniens à reprendre les négociations.
“Il est prêt et il commencera immédiatement à tenter de résoudre le problème entre Palestiniens et Israéliens”, a dit Phares. “Il m’a dit personnellement que, en tant qu’auteur de ‘The Art of the Deal,’ il ne va pas lui être impossible de négocier un accord entre les Israéliens et les Palestiniens. Au moins, il va essayer d’aller dans cette direction et de ne pas perdre huit ans – quatre ans à partir de maintenant – à ne rien faire pour les Israéliens et les Palestiniens ».

Mercredi, Greenblatt a déclaré au Times of Israel que Trump n’accorderait la priorité à ce dossier que si les deux parties en manifestaient le désir.
“Il en fera une priorité si les Israéliens et les Palestiniens veulent qu’ils en fasse une priorité”, a expliqué Greenblatt. « Il ne va pas leur imposer la paix, il faudra que cela vienne d’eux ».
L’abondance des signaux contradictoires émis par le camp de Trump s’accompagne d’une frustration qui est soulignée par certains qui tentent de démystifier ce que sera la politique étrangère de Trump.
Dans des propos publiés dans l’hebdomadaire allemande Der Spiegel jeudi, le ministre des Affaires étrangères allemande a indiqué qu’il était urgent pour la prochaine administration américaine de faire connaître rapidement ses positions dans la mesure où “de très nombreuses questions restent ouvertes” sur le plan de la politique étrangère.
Steinmeier a confié s’être entretenu plusieurs fois avec l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger au sujet de ce que pourrait être la politique étrangère de Donald Trump. Mais Steinmeier a ajouté que même Kissinger n’était pas en mesure d’apporter des réponses à cette question.
“De nombreuses personnes ont déjà tenté de lire une doctrine de politique étrangère ou tout du moins des positions claires et cohérentes à partir des propos de Donald Trump. Sans grand succès », a-t-il ajouté.
En Israël, le journal Yedioth Ahronoth a rapporté jeudi que les Israéliens considéraient Trump comme “un puzzle”, sans savoir véritablement si son action saura correspondre à ses prises de positions ou quelle sera sa gestion des liens avec Jérusalem.

D’autres proches du gouvernement israélien ont toutefois indiqué que le nouveau président américain offrira une ligne politique plus proche des points de vue d’Israël que ce n’était le cas de l’administration actuelle.
Tzachi Hanegbi, parlementaire issu du Likud et ministre sans portefeuille, a expliqué que l’accord nucléaire avec l’Iran et les constructions faites au-delà de la Ligne Verte – les deux sujets les plus litigieux entre l’administration Obama et Netanyahu — ne seront plus source de tension entre Israël et les Etats Unis sous la présidence de Trump.
“Sur ces deux sujets, notre vision était très différente de celle d’Obama, tandis qu’elle est probablement bien plus proche du point de vue de Trump”, a déclaré Hanegbi à la radio militaire.