Un deuxième clan de Gaza accuse le Hamas d’avoir tué l’un des leurs dans un entrepôt de l’UNRWA
Le meurtre de Saadi Hassanein aurait eu lieu dans un bâtiment saisi par le Hamas, alors que les réserves de nourriture s'amenuisent ; cette accusation directe du Hamas fait figure d'événement rare
Nurit Yohanan est la correspondante du Times of Israel pour le monde arabe et palestinien.

Un clan de la bande de Gaza a publiquement accusé le Hamas d’avoir tué l’un de ses membres, ce qui constitue la deuxième accusation de ce type à Gaza en moins d’une semaine. Cette allégation, qui s’accompagne d’une demande de justice, fait figure d’événement rare au cours des 18 années de règne du Hamas sur la bande de Gaza.
Mercredi, le clan Hassanein, basé à Gaza-City, a diffusé une annonce sur la chaîne saoudienne El-Shark, dans laquelle il décrit le meurtre qui se serait déroulé dans un entrepôt de l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) dans la ville.
« Notre fils martyr, Saadi Sakhr Hassanein, s’est rendu à l’entrepôt de l’UNRWA pour récupérer un colis alimentaire », commençait le communiqué. « Pendant qu’il était là-bas, une foule s’est rassemblée. Cela a provoqué une violente réaction des forces de sécurité présentes sur les lieux, dont nous connaissons l’identité. Selon des informations et des témoins oculaires, l’un des membres du personnel de sécurité présent a commencé à tirer sur les personnes présentes dans la zone. »
« Ce même individu a tiré sur la victime à la jambe, puis a tiré un autre coup de feu directement dans le bas de sa poitrine, en le visant intentionnellement. En conséquence, il est immédiatement mort en martyr », accuse le communiqué.
« Nous n’avons aucune hostilité envers aucune entité gouvernementale ou organisationnelle en général », a déclaré la famille, faisant référence au Hamas.
Dans une deuxième déclaration, qui émanerait également du clan, celui-ci a exigé que justice soit faite pour le tueur et a semblé menacer de se venger si cela n’était pas fait.
Ces derniers jours, les preuves d’une pénurie alimentaire à Gaza se sont multipliées, un mois après qu’Israël a fermé les points de passage vers la bande de Gaza et a cessé d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire. Mardi, le Programme alimentaire mondial a annoncé que les 25 boulangeries soutenues par le PAM à Gaza avaient fermé en raison d’un manque de carburant et de farine. Les boulangeries étaient la seule source de pain frais dans la bande de Gaza.
Des repas chauds continuent d’être servis, mais les réserves ne devraient pas durer plus de deux semaines, selon le PAM. Dans un précédent communiqué, le PAM a souligné que des centaines de milliers de Palestiniens étaient « à nouveau menacés de famine et de malnutrition alors que les stocks alimentaires humanitaires dans la bande de Gaza s’amenuisent et que les frontières restent fermées. Il est urgent de faire parvenir l’aide à Gaza ».
Un habitant de Gaza a déclaré au Times of Israel que le prix d’un sac de farine, qui coûtait environ 50 shekels il y a quelques semaines, pendant le cessez-le-feu, a maintenant atteint 600 shekels en raison de la grave pénurie.
Briser la « barrière de la peur »
Mercredi, des images ont été diffusées sur les réseaux sociaux palestiniens montrant le chaos dans un entrepôt de l’UNRWA à Gaza-City — apparemment l’entrepôt où Hassanein a été tué — alors que des dizaines d’habitants y pénétraient et prenaient des sacs de farine.
Cela suggère une perte de contrôle de la part du Hamas, qui semble avoir pris le contrôle de certains entrepôts de l’UNRWA pendant la guerre.
Selon les informations diffusées sur les réseaux sociaux, le chaos aurait été alimenté par le meurtre présumé de Hassanein par le Hamas dans l’entrepôt. Le Hamas n’a pas encore commenté l’incident de l’entrepôt ni les accusations du clan Hassanein.

Ce n’est pas la première fois pendant la guerre que le Hamas est accusé de s’emparer violemment de l’aide humanitaire – en effet, Israël a déclaré que cette pratique était répandue – mais il est rare que des habitants de Gaza accusent publiquement le Hamas de tels actes.
Mardi, un autre clan de Gaza a exécuté un membre présumé du Hamas qui, selon lui, avait tué l’un des leurs.
Ces événements pourraient signaler une rupture de la « barrière de la
peur » entre les Gazaouis et le Hamas, comme en témoignent également les manifestations contre le Hamas qui ont repris mercredi à Beit Lahiya après une interruption de quelques jours. Selon des informations provenant de Gaza, des membres du Hamas auraient frappé des manifestants et tué l’un de ceux qui ont participé aux manifestations la semaine dernière. Cependant, la manifestation de mercredi, au cours de laquelle des centaines de personnes ont scandé « Hamas dehors », indique que cela n’a pas conduit à la suppression complète des manifestations.

Quelques heures après le premier message du clan Hassanein, un autre message plus fort a été publié sur une chaîne Telegram palestinienne populaire, qui proviendrait du clan. Il y est déclaré que le membre de la famille a été « injustement et violemment enlevé à la suite d’un crime perfide commis par des individus affiliés au mouvement Hamas. Nous tenons ces individus pour entièrement responsables de sa mort ».
« Nous affirmons notre attachement aux coutumes, aux traditions et aux lois religieuses, et nous continuerons à utiliser les voies légales pour réclamer les droits de notre défunt fils », a ajouté le clan, laissant entendre que si les autorités de Gaza ne rendaient pas justice, il se vengerait en commettant des meurtres, une coutume courante dans la société palestinienne, en particulier à Gaza.
Le Hamas a réussi à éviter d’être pris pour cible par les familles au fil des ans, même après avoir tué des citoyens de Gaza, grâce à ses liens étroits avec les grands clans de Gaza et à la crainte générale des citoyens quant aux conséquences de s’opposer aux membres du Hamas. Cette situation semble désormais en train de changer.