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Un directeur d’école rabbinique du mouvement réformé mis en cause pour abus sexuels

Les enquêteurs engagés par l'Union pour le judaïsme réformé ont révélé des dizaines d'incidents d'abus sexuels, qui ont eu lieu au cours des 50 dernières années

Quelque 5 000 fidèles juifs américains se joignent à un office du vendredi soir, le 13 décembre 2019. (Rob Dicker / Union for Reform Judaism / JTA)
Quelque 5 000 fidèles juifs américains se joignent à un office du vendredi soir, le 13 décembre 2019. (Rob Dicker / Union for Reform Judaism / JTA)

JTA — La dernière des trois enquêtes pour abus sexuel au sein du mouvement réformé américain s’est terminée jeudi par publication d’un rapport axé sur les échecs des programmes destinés aux jeunes. Quatre leaders ou anciens leaders du mouvement ont été nommés, dont son directeur jeunesse de longue date.

Les enquêteurs engagés par l’Union for Reform Judaism (UJR), qui représente 831 congrégations appartenant à la plus grande confession juive américaine, ont dénombré des dizaines d’incidents d’agressions sexuels, dont 17 impliquant un comportement inapproprié d’adultes envers des mineurs, qui ont eu lieu au cours des 50 dernières années.

Au cours de cette période, plus de 500 000 mineurs ont participé à des programmes tels que des camps d’été, des conférences, des voyages en Israël avec le NFTY, le mouvement de jeunesse réformé.

Les allégations partagées avec les enquêteurs allaient du harcèlement sexuel verbal aux avances sexuelles importunes en passant par les attouchements et les agressions sexuelles.

Debevoise & Plimpton LLP, le cabinet d’avocats engagé par l’UJR pour mener l’enquête, a constaté que l’inconduite passée avait été rendue possible par divers facteurs culturels, notamment une atmosphère de « club de vieux garçons » parmi les générations précédentes de directeurs de camp ; la crainte que les fonctionnaires n’exercent des représailles contre ceux qui se sont plaints ; et une culture de « connexion » au sein du mouvement de jeunesse NFTY et dans certains camps.

Le compte-rendu a également révélé que le mouvement avait sciemment engagé des membres de la congrégation qui avaient déjà été renvoyés pour inconduite sexuelle, sans pour autant confronter les rabbins à leurs responsabilités.

« Au contraire, ces décisions d’emploi résultaient de croyances sincères en la rédemption et du processus de téchouva », indique le rapport, faisant référence à un concept juif proche de la justice restaurative.

Le rabbin Rick Jacobs, président de l’Union for Reform Judaism, s’adressant aux délégués lors de sa Biennale 2017 à Boston, le 7 décembre 2017. (Autorisation de l’Union for Reform Judaism/via JTA)

Indépendamment de l’intention des dirigeants, un manque de transparence sur le traitement des allégations a contribué à favoriser la méfiance à l’égard des institutions réformistes, précise l’enquête.

Le rapport attribue au mouvement le mérite de s’être amélioré, d’avoir mis à jour ses politiques et pratiques au fil du temps et d’avoir fait preuve d’un engagement ferme envers la responsabilité des dirigeants actuels.

« Le fait que cette enquête ait eu lieu reflète un changement culturel positif et profond », indique l’enquête, notant que l’UJR a coopéré avec les enquêteurs et s’est engagée à mettre pleinement en œuvre ses recommandations.

« Nous sommes affligés et avons le cœur brisé par ces récits et nous nous excusons profondément pour la douleur persistante causée à tant de personnes », ont déclaré le président de l’UJR, le rabbin Rick Jacobs, et Jennifer Brodkey Kaufman, présidente du conseil d’administration de l’UJR, dans un communiqué.

Appelant les abus décrits dans l’enquête « contraires aux valeurs juives réformées », ils ont ajouté : « À l’avenir, nous nous engageons à créer des environnements qui protègent mieux la sécurité et le bien-être de chacun dans notre communauté. »

Le compte-rendu met un terme aux trois investigations – menées par des tiers – que les séminaires, les associations rabbiniques et les synagogues du mouvement réformé ont chacun lancé l’année dernière. Les enquêteurs, de trois entreprises différentes, ont été chargés d’examiner les allégations de cas de harcèlement et d’abus en mettant l’accent sur les politiques et les pratiques non réglementaires. Les partisans du changement au sein du mouvement ont qualifié les enquêtes d’« historiques ».

La première enquête, sur l’Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, a identifié lors de sa publication en novembre des cas d’abus dans l’histoire du séminaire. Il a constaté que les présidents de l’école rabbinique de 1971 à 2000 avaient à la fois harcelé et agressé des femmes à l’école – l’un d’eux, le rabbin Alfred Gottschalk, a été nommé publiquement pour la première fois dans une allégation d’abus pour le Hebrew Union College.

La seconde enquête, portant sur la Conférence centrale des rabbins américains (CCAR), a été rendue fin décembre. Elle a souligné les failles qui permettaient aux rabbins accusés d’abus de continuer à travailler dans le mouvement réformé s’ils quittaient leur poste dans la synagogue – des failles qui, selon l’association rabbinique, ont depuis été résolues.

Dans ce troisième et dernier rapport, les enquêteurs ont examiné les pratiques des camps, des programmes pour les jeunes et d’autres expériences sans lien avec les synagogues du mouvement réformé. Ils se sont entretenus avec 168 personnes qui ont signalé des allégations d’abus et ont tenté de corroborer chacune d’elles, concluant que des cas d’abus, y compris contre des enfants, avaient eu lieu dans les activités du mouvement au cours des cinq dernières décennies.

Cependant, le nombre de cas que les enquêteurs ont corroboré était faible et ils ont constaté que la sensibilisation, la supervision et la formation au sein du mouvement s’étaient considérablement améliorées ces dernières années. Bien qu’ils aient dénombré cinq rabbins qui ont continué à travailler dans le mouvement après avoir été accusés d’abus avant 1996, ils n’en ont pas trouvé d’autres après cette date.

Quatre personnes sont nommées dans le rapport car les enquêteurs ont constaté que leur inconduite était particulièrement flagrante, généralisée ou de longue durée, et corroborée par plusieurs sources. La Jewish Telegraphic Agency a contacté les rabbins encore en vie afin de recueillir leurs commentaires.

Prières du vendredi soir à la biennale de l’Union pour le judaïsme réformé, le 13 décembre 2019. (Crédit : Rob Dicker/Union for Reform Judaism/JTA)

Le rabbin Jon Adland a été accusé d’abus sur un jeune enfant alors qu’il était conseiller étudiant rabbinique dans un camp réformé en 1977. Une employée du camp à qui son comportement avait été signalé a déclaré aux enquêteurs qu’elle n’avait pas fait remonter l’information. Adland a travaillé dans plusieurs synagogues au cours des décennies suivantes et, en 2018, a fait l’objet d’une plainte pour son comportement avec un enfant entre 2000 et 2005. Adland a déclaré aux enquêteurs qu’il ne se souvenait pas d’avoir eu des activités sexuelles avec des participants aux camps, mais s’est excusé s’il avait blessé quiconque.

Le CCAR a déclaré aux enquêteurs qu’Adland, qui a pris sa retraite en 2019, n’a plus le droit de travailler avec des enfants. Il n’apparaît pas sur une liste que l’association rabbinique a publiée pour la première fois l’année dernière de rabbins qu’elle a expulsés, suspendus et censurés. Il a participé à une cérémonie de son successeur au Temple Israel de Canton, dans l’Ohio, en novembre, selon le site Internet de la synagogue.

Adland a refusé de commenter à JTA les allégations portées contre lui.

Jerry Kaye, qui a dirigé OSRUI, un camp phare du mouvement réformé, pendant près de cinq décennies jusqu’en 2017, a été reconnu coupable d’avoir harcelé sexuellement six femmes, souvent en faisant des avances sexuelles non désirées. Kaye a nié avoir agi de manière inappropriée auprès des enquêteurs et a déclaré qu’il n’avait entendu parler que d’une seule allégation portée contre lui.

Mais les enquêteurs ont découvert qu’il avait été explicitement invité par le chef des relations humaines du mouvement en 2003 à revoir la section du manuel de l’employé sur le harcèlement « à la suite de votre conduite dans l’ascenseur lors de la récente Biennale », convention du mouvement qui a lieu tous les deux ans.

Les enquêteurs ont découvert que Kaye n’avait pas non plus licencié tous les employés du camp reconnus coupables d’avoir agressé des jeunes femmes dans le camp.

Le rabbin Allan Smith, directeur de la jeunesse de longue date du mouvement, a fait l’objet de multiples plaintes crédibles d’inconduite sexuelle, conclut le rapport. Les plaintes comprenaient des attouchements non désirés, des conversations inappropriées et l’encouragement de jeunes femmes membres du personnel du camp de Kutz, un camp du mouvement qu’il dirigeait, à poursuivre des relations sexuelles avec des rabbins plus âgés.

Réunion d’éducateurs juifs à l’URJ Olin-Sang-Ruby Union Institute dans le Wisconsin pour Israël lors de la conférence du Centre. Le camp, connu sous le nom d’OSRUI, accueille des centaines d’enfants chaque été. (Crédit : Rachel Tipper)

Smith était le directeur de l’OSRUI juste avant Kaye et a, pendant quatre décennies, été le directeur du NFTY, le mouvement de jeunesse réformé. Les enquêteurs ont entendu parler d’un « système de points » qui encourageait les comportements sexualisés parmi les campeurs et il leur a été dit que le système, qui existerait dans les mouvements de jeunesse juifs, s’était enraciné dans les camps du mouvement réformé sous la direction de Smith.

Lorsque Smith, connu par beaucoup sous le nom de « Smitty », est décédé en 2019, Jacobs l’a défini comme « le plus grand défenseur des enfants du mouvement réformé, et le moteur de nos programmes pour les jeunes ».

Le rabbin Jay Davis a été embauché par le mouvement réformé alors qu’il s’était vu refuser l’ordination par le Hebrew Union College en raison de « nombreux rapports crédibles » selon lesquels il avait abusé sexuellement des enfants dans une synagogue de la région de New York où il travaillait. Il a ensuite travaillé dans une synagogue réformée en Floride et continue de citer ses références au sein du mouvement réformé dans sa biographie professionnelle.

Davis, qui s’appelle désormais Bashir Davis et qui n’a pas répondu à la demande d’interview des enquêteurs, n’a plus aucune affiliation avec le mouvement réformé, mais les enquêteurs ont déclaré qu’ils avaient choisi de le nommer parce qu’il travaille toujours comme rabbin dans le Colorado.

Bien que les cas individuels aient été flagrants, conclut le rapport, ils ne représentaient pas nécessairement des tendances majeures au sein du mouvement réformé. Même ainsi, le mouvement devrait continuer à renforcer ses pratiques de signalement, de suivi et de réponse aux allégations d’abus, recommande le rapport.

Le rapport identifie également certains aspects du mouvement réformé qui pourraient compliquer les efforts pour répondre idéalement aux allégations d’abus. D’une part, selon le rapport, de nombreux membres du mouvement font face à une certaine confusion face aux différentes branches.

Il recommande ainsi que les branches collaborent plus étroitement entre elles afin d’empêcher les agresseurs de se déplacer de l’une à l’autre, par exemple en créant un processus visant à informer les congrégations des inconduites sexuelles antérieures des candidats rabbiniques.

Il exhorte aussi le mouvement à examiner le processus de téchouva que les employés reconnus coupables d’inconduite peuvent suivre pour revenir dans le droit chemin.

« Nous recommandons que l’UJR travaille avec le CCAR et le HUC pour déterminer si le processus de téchouva pour les chefs religieux qui se sont livrés à des inconduites sexuelles a été efficace pour prévenir de futures inconduites et s’il répond de manière adéquate aux besoins des individus et des congrégations qui ont été lésés par leurs inconduites », conclut le rapport.

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