Israël en guerre - Jour 570

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Interview

Un élu démocrate américain minimise le clivage avec le gouvernement Netanyahu

A Jérusalem, le membre du Congrès Eliot Engel rejette les inquiétudes concernant Omar et Tlaib ; et selon lui, il n'y a "rien de mal" à ce que Netanyahu soit proche de Trump

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Eliot Engel, représentant Démocrate de New York. (AP Photo/Carolyn Kaster)
Eliot Engel, représentant Démocrate de New York. (AP Photo/Carolyn Kaster)

En visite à Jérusalem, Eliot Engel, membre éminent du parti démocrate au Congrès, a minimisé mercredi le fossé qui semble se creuser entre son parti et le gouvernement israélien. Alors que les démocrates qui soutiennent l’Etat juif au Congrès ont « de la formation à faire » et que nombre de ses collègues du parti n’apprécient guère la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la relation reste « forte » et va durer, a-t-il affirmé.

Dans une interview accordée au Times of Israel, Engel, le président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine, s’est montré imperturbable face au soutien ferme de Netanyahu au président américain Donald Trump, estimant qu’il n’y avait « rien de mal » dans les affinités personnelles entre deux hommes, puisqu’ils sont « d’accord » sur de nombreux points.

Le parlementaire expérimenté a également déclaré qu’il ne pensait pas qu’un futur président démocrate envisagerait de déplacer l’ambassade des États-Unis de Jérusalem à Tel Aviv, et a exprimé des doutes quant à la stratégie de l’administration actuelle pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

« Oui, il y a certaines choses que nous devons mettre à jour, convaincre certaines personnes de certaines choses », a-t-il dit en réponse à une question sur ce qui semble être un fossé grandissant entre le gouvernement de droite d’Israël et les forces de gauche de plus en plus virulentes au sein du parti démocrate.

« Je pense que beaucoup de démocrates n’apprécient guère la politique de Netanyahu, car il y a une complicité avec le parti républicain. Mais ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète beaucoup. Parce que je pense que les gens comme moi, et d’autres qui sont là, sont engagés dans la relation [bilatérale], et je pense qu’elle est forte et va durer. »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu serre la main du représentant Eliot Engel, représentant démocrate de New York, au Capitole de Washington, le mardi 24 mai 2011, avant de prendre la parole devant une réunion conjointe du Congrès. (AP Photo/Susan Walsh)

Engel, qui a représenté divers districts de New York à la Chambre depuis 1989, a rejeté les sondages indiquant que les républicains étaient plus favorables à Israël que les démocrates les qualifiant de « paradoxaux », la plupart des Juifs américains votant traditionnellement pour des candidats démocrates. « Si nous regardons les Juifs en Amérique : 80 % sont démocrates. Si vous regardez les Juifs au Congrès : nous avons 32 Juifs démocrates – j’en ai peut-être un ou deux de moins – et deux Juifs républicains », a-t-il indiqué.

« Il y a une alliance entre nos pays. Il n’y a pas d’alliance entre les dirigeants politiques des pays – c’est une mauvaise chose pour les deux pays. »

Le représentant démocrate Eliot Engel, (à gauche), avec le président Rivlin à Jérusalem, le 29 mai 2019. (Haim Zach/GPO)

Engel, qui est juif, a indiqué qu’il n’était pas d’accord avec les positions sur le Moyen-Orient de ses collègues controversées Ilhan Omar et Rashida Tlaib, membres du Congrès, mais a ignoré les questions à leur sujet en faisant valoir que le nombre des Juifs au Congrès dépassait celui des musulmans.

« Il y a trois musulmans du parti démocrate élus au Congrès. Il y a 28 ou 32 Juifs. Vous pouvez toujours prendre les pires statistiques et les utiliser comme un tableau d’ensemble. Mais ce n’est pas toute la réalité », a-t-il ajouté.

« Certains d’entre nous ont une éducation à faire, pour certains de notre propre peuple. Il y en a, je pense à tort, qui essaient de s’immiscer dans la politique israélienne, et je pense qu’ils ne devraient pas le faire. »

Omar, une nouvelle parlementaire du Minnesota née en Somalie, a été sévèrement critiquée par les responsables politiques américains et israéliens pour ses propos largement considérés comme antisémites.

La représentante du Michigan, Tlaib, comme Omar, une fervente critique des politiques du gouvernement israélien, a été fustigée au début du mois pour avoir dit qu’elle était fière de ses ancêtres palestiniens « qui ont contribué à créer un refuge sûr pour les Juifs, après la Shoah ».

L’élue démocrate du Minnesota Ilhan Omar au comité du Budget de la Chambre des Représentants au Capitol Hill à Washington, le 12 mars 2019. (Susan Walsh/AP)

Les controverses qui entourent ces deux femmes au Congrès font craindre à certains analystes que le soutien à Israël ne devienne une question partisane. Mais Engel, 72 ans, a déclaré qu’il ne voyait aucune raison de s’inquiéter à ce sujet.

Son engagement envers Israël ne se limite pas à un seul Premier ministre, même s’il a entretenu de bonnes relations avec Netanyahu pendant ses 30 ans au Congrès, a-t-il dit. « Mon plus grand souci est la relation israélo-américaine, c’est le droit d’Israël à avoir un Etat juif. Vous pouvez prendre certaines des choses les plus douteuses, lever la main et dire : « Oh mon Dieu, le ciel est en train de tomber. Mais je pense qu’Israël a beaucoup de potentiel. »

Parce que les gens qui s’opposent à Israël ont bien réussi à diaboliser certaines de ces choses. Mais il y a une histoire à raconter, et aucun pays n’est parfait

L’ancien président Barack Obama – un démocrate – n’était pas très populaire en Israël, mais vers la fin de son mandat, il a promis une aide « sans précédent » de 38 milliards de dollars pour la défense d’Israël sur une décennie, a rappelé M. Engel.

« Ce que je dis, c’est que là où il y a une volonté, il y a un moyen. Et il y a un travail d’éducation à faire, je ne le dénigre pas non plus. Parce que les gens qui s’opposent à Israël ont bien réussi à diaboliser certaines de ces choses. Mais il y a une histoire à raconter, et aucun pays n’est parfait, et aucun pays ne fait tout comme il faut. C’est vrai pour Israël et pour les Etats-Unis. »

« Je dis toujours que les présidents vont et viennent, les Premiers ministres vont et viennent, les membres de la Knesset vont et viennent, les membres du Congrès vont et viennent », a ajouté Engel. « Ce que nous voulons, c’est que la relation américano-israélienne soit renforcée, donc peu importe qui est là, car la relation sera là. Je ne veux pas dire que nous serons nécessairement d’accord sur tout, mais la relation sera là. Il n’y a pas d’autre pays dans cette partie du monde qui ait une démocratie comme Israël ».

Malgré sa vision très critique de l’administration actuelle, dont des griefs contre Trump qui vont « au-delà des différences idéologiques et politiques », comme il l’a déclaré en 2017, M. Engel a précisé qu’il ne s’offusquait pas que le Premier ministre israélien s’aligne si étroitement avec le président américain.

« Il ne fait aucun doute que Trump et Netanyahu s’aiment bien », a indiqué le parlementaire. « Ils ont travaillé ensemble et sont d’accord sur la plupart des sujets. Il n’y a rien de mal à ça. »

S’adressant au Times of Israel en marge d’une conférence organisée par l’Institut israélien de la démocratie (IID) dans le quartier Talbiye de la capitale, quelques minutes avant sa rencontre avec le président Reuven Rivlin dans sa résidence, Engel a brièvement discuté des sujets régionaux.

Par exemple, il a dit qu’il espérait que le prochain président démocrate s’abstiendrait de déplacer l’ambassade américaine de Jérusalem à Tel Aviv.

« Nous devons l’accepter et aller de l’avant, et nous devons combattre d’autres combats. Je ne pense pas que ce soit un combat qu’il faille mener. La capitale d’Israël est Jérusalem, elle l’a toujours été et le sera toujours », a-t-il dit. « Pour moi, il était insensé de ne pas avoir l’ambassade à Jérusalem. C’était presque comme remettre en question la légitimité de l’État d’Israël. »

Le sénateur du Vermont et candidat à la présidence Bernie Sanders a indiqué qu’il envisagerait de déplacer l’ambassade hors de Jérusalem, si cela servait la cause de la paix.

Le candidat à la présidence et sénateur américain Bernie Sanders (Indépendant du Vermont) prend la parole à Plains Township, Pennsylvanie, le 15 avril 2019. (Christopher Dolan/The Times-Tribune via AP)

Engel a dit qu’il était un ami personnel de Sanders, mais qu’il n’était pas d’accord avec ses politiques à cet égard. « Il a tort sur la crise israélo-palestinienne », a dit M. Engel, se souvenant avoir vu l’ancien membre du Congrès parler de cette question lors d’un débat présidentiel en 2016. « Il était très critique à l’égard d’Israël ; il n’était pas bien informé, et non factuel. Il se trompait sur les faits ».

Engel lui-même est un partisan de longue date de la solution à deux États. « J’ai beau me gratter la tête et réfléchir à des alternatives, je n’en vois pas d’autres », a-t-il déclaré plus tôt mercredi, lors de la conférence de l’IID.

C’est aussi pourquoi il a pensé qu’il était important de co-publier un communiqué le mois dernier mettant en garde le gouvernement israélien contre « la prise de mesures unilatérales pour annexer la Cisjordanie ».

Dans les jours précédant les élections à la Knesset du 9 avril, Netanyahu s’était engagé à appliquer la loi israélienne dans toutes les implantations de la Cisjordanie.

Sur la question de l’Iran, Engel – l’un des très rares démocrates à s’être publiquement opposé à l’accord nucléaire iranien de 2015 défendu par l’administration Obama – n’a pas proposé de stratégie claire. Bien qu’il ait voté contre l’accord, ce n’était peut-être pas une bonne idée de s’en retirer, a-t-il indiqué, tout en exprimant son malaise à l’idée qu’un futur président démocrate puisse réintégrer l’accord.

Un inspecteur de l’Agence internationale de l’énergie atomique à la centrale nucléaire de Natanz dans le sud de Téhéran, le 20 janvier 2014 (Crédit : Kazem Ghane / IRNA / AFP)

« Il n’y a pas de réponse facile », a-t-il dit. Le régime de Téhéran est le principal État parrain du terrorisme dans le monde, « et je pense qu’on ne dorlote pas un régime dangereux, parce qu’il deviendrait tout simplement plus dangereux », a-t-il dit.

En fait, Engel est en grande partie d’accord avec l’analyse de Trump sur l’accord avec l’Iran, car il n’a pas inclus une clause qui empêcherait à jamais la République islamique d’acquérir l’arme nucléaire.

D’un autre côté, il a déclaré que c’était une « mauvaise politique pour notre pays » si un nouveau président renversait les décisions clés de son prédécesseur. Les alliés européens des États-Unis ont averti que le fait de quitter le pacte nucléaire n’isolerait que l’UE, et non l’Iran, et « je suis devenu convaincu, un peu à contrecœur, que c’est le cas. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il y a d’autres choses que nous aurions pu faire contre l’Iran, plutôt que de revenir en arrière et d’essayer de renverser ce que certains croient être efficace. »

« Je n’étais pas sûr que ça marcherait. Je n’étais pas sûr que ça ne marcherait pas », a-t-il ajouté. « Beaucoup de gens bien renseignés de toutes les subtilités de ce dossier ont dit qu’il fonctionnait raisonnablement bien, alors je ne suis pas sûr que [la décision de Trump d’annuler le contrat] avait du sens ».

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