Un ex-directeur, anti-Israël, de HRW s’est vu refuser une bourse de Harvard – média
Un doyen de l'université de Harvard se serait rangé du côté des donateurs pro-Israël et aurait apposé son veto à Kenneth Roth pour un poste de chercheur principal
L’ancien directeur de l’organisation Human Rights Watch (HRW), Kenneth Roth, s’est vu refusé, par un doyen de l’université de Harvard, une bourse de recherche à l’université en raison de son parti pris anti-Israël présumé, selon un article publié jeudi.
Peu de temps après avoir annoncé son départ à la retraite en mai, Roth a été sollicité par le Carr Center for Human Rights de Harvard, qui fait partie de la Kennedy School de l’université, pour un poste de chercheur principal.
Cependant, Douglas Elmendorf, le doyen de l’université, a refusé le poste à Roth en raison des positions de longue date de la HRW contre Israël, a rapporté le bihebdomadaire The Nation.
Roth, qui est juif, a dirigé l’organisation basée à New York pendant trente ans. Il a défendu toute une série de questions relatives aux droits de l’Homme, notamment la lutte contre les mines anti-personnel et la création de la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité et les génocides.
Roth et la HRW sont largement salués par les militants des droits de l’Homme pour leur travail, mais leurs critiques acerbes à l’égard d’Israël – notamment des accusations de crimes de guerre et d’apartheid – ont suscité la colère des autorités israéliennes et des groupes pro-Israël.
En 2021, la HRW a publié un rapport sans appel de 213 pages accusant Israël d’apartheid. Israël a rejeté le rapport, qualifiant ses « affirmations de fictives, à la fois grotesques et fausses », et accusant la HRW d’avoir « un programme anti-Israël de longue date ».
Roth a déclaré au journal britannique The Guardian qu’il avait remarqué que quelque chose n’allait pas lors d’un appel téléphonique avec Elmendorf au mois de juillet.
« Nous avons eu une discussion parfaitement agréable pendant environ une demi-heure, mais vers la fin, il a posé la question suivante : ‘Avez-vous des ennemis ?’. Et j’ai répondu : ‘J’en ai beaucoup’. C’est le risque du métier' », a déclaré Roth, ajoutant qu’il savait que le doyen faisait référence à Israël.
« Il ne voulait pas entendre parler de la façon dont j’ai été sanctionné par la Chine, sanctionné par la Russie, ou attaqué par le Rwanda ou l’Arabie saoudite. Il voulait savoir quelle était ma position sur Israël ? »
Roth a dénoncé le fait que son poste ait été refusé parce qu’Elmendorf a cédé à la pression des donateurs pro-Israël de l’université.
The Nation a attribué la décision du doyen à plusieurs facteurs, dont la crainte de contrarier les donateurs et de nuire aux liens de l’université avec la communauté de sécurité nationale des États-Unis, dont elle accueille de nombreux boursiers.
L’ancien directeur de la HRW a démenti les allégations selon lesquelles son organisation isolerait Israël dans son travail, déclarant au Guardian que l’État juif « est l’un des 100 pays que nous couvrons ».
« Et même dans le contexte israélo-palestinien, nous traitons du Hamas, de l’Autorité palestinienne, et du Hezbollah. Nous sommes justes et objectifs, mais nous sommes critiques, car le gouvernement israélien mérite d’être critiqué. Il devient de plus en plus répressif et, comme nous l’avons constaté dans les territoires occupés, il commet le crime contre l’Humanité de l’apartheid », a-t-il estimé.
Roth a quitté son poste à la Human Rights Watch au mois d’août et a accepté une bourse de recherche à l’université de Pennsylvanie.
La professeure Kathryn Sikkink, qui est affiliée au Carr Center, a déclaré à The Nation qu’elle avait été surprise quand Elmendorf lui a dit que la bourse de Roth n’avait pas été approuvée pour cause de « partialité anti-Israël ».
« Nous pensions qu’il serait un boursier formidable », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait tenté de réfuter les allégations de partialité de la HRW dans un courriel adressé au doyen en comparant d’autres évaluations similaires d’Israël, mais Elmendorf a refusé de modifier sa décision.
« Nous avons des procédures internes en place pour examiner les bourses et les autres nominations. Et nous ne discutons pas de nos délibérations sur les personnes qui peuvent être en cours d’examen », a déclaré James F. Smith, un porte-parole de la Kennedy School, à The Nation.