Un groupe de travail jugera de l’aide du Shin Bet dans la lutte contre la criminalité
Ben Gvir a rencontré Kobi Shabtai et Ronen Bar dans le but de faire avancer le projet controversé d'impliquer le Shin Bet dans la lutte contre la criminalité dans la communauté arabe
De hauts responsables des forces de l’ordre et de la sécurité ont convenu de créer un groupe de travail conjoint qui examinera comment l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet peut aider à lutter contre les organisations criminelles, a annoncé jeudi le bureau du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Ben Gvir a longtemps insisté pour que le Shin Bet s’implique dans la lutte contre la criminalité, en particulier dans la communauté arabe où la violence meurtrière a fait de nombreuses victimes ces dernières années. Le Shin Bet est généralement chargé de lutter uniquement contre la criminalité à motivation nationaliste et de nombreux dirigeants arabes s’opposent à l’implication de l’agence dans les affaires intérieures.
Haaretz a rapporté jeudi que de hauts responsables du Shin Bet s’opposent avec véhémence à l’implication de l’agence dans la lutte contre les organisations criminelles, craignant qu’il ne soit même pas légal d’utiliser les outils auxquels elle a recours dans la lutte contre le terrorisme palestinien sur les membres civils de la communauté arabe d’Israël et même qu’il pourrait être préjudiciable de le faire.
Mais Ben Gvir et d’autres soutiennent que la police n’a pas été en mesure, à elle seule, de mettre un terme à la violence croissante dans la communauté arabe et que des mesures plus extrêmes sont nécessaires. Son parti d’extrême-droite, Otzma Yehudit, a fait inclure dans son accord de coalition avec le Likud une clause stipulant que le gouvernement demandera au Shin Bet d’aider la police à combattre la criminalité dans la communauté arabe.
Pour faire avancer cette initiative, Ben Gvir a rencontré jeudi le chef de la police, Kobi Shabtai, et le chef du Shin Bet, Ronen Bar. Les parties ont convenu de former un groupe de travail composé de fonctionnaires de la police, du Shin Bet et du ministère de la Justice qui examineront comment l’agence de sécurité intérieure pourra participer à cet effort.
Selon l’organisation à but non-lucratif Abraham Initiatives, qui suit de près les violences au sein de la communauté arabe, 116 Arabes ont été tués dans des homicides en Israël en 2022. En 2021, 125 Arabes ont été tués en Israël dans le cadre de violences communautaires – un record absolu, dépassant ce qui était auparavant le record absolu de 96, établi en 2020.
Les dirigeants communautaires accusent le gouvernement de négligence de longue date et l’incapacité de la police à enquêter correctement sur les incidents criminels comme elle le fait dans les villes juives. Néanmoins, ils se sont opposés à l’approche de Ben Gvir, un ancien disciple de feu le rabbin raciste Meir Kahane, qui a une longue histoire de rhétorique anti-arabe.
L’accord de coalition avec le Likud, acceptant la formation d’une division de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet dédiée à la lutte contre la criminalité dans la communauté arabe, a été annoncé le mois dernier, suscitant de vives critiques au sein de la société arabe.
« Ce qu’il faut, c’est que la police remplisse son rôle comme toutes les forces de police du monde et qu’elle appréhende les criminels. La manière dont la police opère dans les villes juives est la manière dont elle devrait opérer dans la société arabe », avait déclaré en décembre Mohammad Barakeh, chef du High Follow-Up Committee for Arab Citizens of Israel, un panel de dirigeants de la communauté arabe.