Un homme qui avait refusé le divorce à sa femme arrêté à son retour en Israël
Le cas d'Oded Guez avait établi un précédent, le rabbinat d’État ayant médiatisé son nom pour faire pression sur lui ; son mariage avait été annulé après sa fuite sous un faux nom
Un homme devenu tristement célèbre pour avoir refusé le divorce à son épouse et qui s’était enfui d’Israël pour échapper aux procédures judiciaires intentées à son encontre, est revenu mardi soir dans le pays après presque quatre années passées en Belgique. Il a été immédiatement arrêté, ont fait savoir mercredi les médias en hébreu.
Oded Guez refusait d’accorder le « guet » – l’acte de divorce juif – à son épouse depuis 2012, un cas qui avait été considéré comme l’un des plus difficiles en son genre et qui avait été l’occasion de décisions du grand rabbinat établissant des précédents.
Le premier précédent avait été établi en 2016 lorsqu’un tribunal rabbinique avait approuvé la publication de l’identité de Guez pour exercer des pressions sur lui et le stigmatiser suffisamment pour qu’il accorde le divorce à son épouse – ce qui aurait permis à cette femme, religieuse et pratiquante, de se remarier.
Gez, qui était professeur de sciences physiques à l’université de Bar-Ilan, avait alors été limogé de son poste et fait l’objet d’une campagne intense le dénonçant sur les réseaux sociaux. Il avait également été ostracisé dans sa communauté de la ville de Raanana.
Il était alors parvenu à fuir le pays malgré l’émission d’une ordonnance d’interdiction de sortie du territoire. Il était parvenu à fuir grâce à un faux passeport.
Au cours des mois qui avaient suivi, les responsables du rabbinat et les agences de renseignements l’avaient localisé à Chypre, puis en Ukraine, en Angleterre et enfin en Belgique où il avait été arrêté avec l’aide d’Interpol, de la police israélienne et du ministère de la Justice.
Le bureau du procureur d’État israélien avait demandé à la Belgique de procéder à l’extradition de Guez afin qu’il soit traduit en justice et réponde des délits pour lesquels il avait été condamné avant son départ, ainsi que pour les crimes commis lorsqu’il avait fui Israël. La requête ne comprenait pas le refus de l’homme de divorcer.
Le second précédent juridique dans le dossier avait été établi en 2018, quand un panel de trois rabbins du tribunal rabbinique de Haïfa avait pris la décision extrêmement rare d’annuler le mariage du couple, accordant à la femme le statut de célibataire jamais mariée.
Cela fait des années que le rabbinat est critiqué pour refuser d’autoriser les mariages dont les partenaires ont signé un accord prénuptial – un mécanisme qui annule rétroactivement l’union dans le cas d’un refus de divorce. Cette solution, prônée par une organisation orthodoxe qui procède à des cérémonies de mariage privées, est considérée comme trop radicale par de nombreux rabbins orthodoxes.
L’ex-épouse de Guez s’est mariée à un autre homme il y a deux semaines, ce qui a peut-être motivé le retour rapide de ce dernier en Israël. Des informations parues dans les médias en hébreu ont indiqué que ce retour était volontaire et qu’il ne s’agissait pas d’une extradition de la part de la Belgique.
L’époux réfractaire a été appréhendé alors qu’il débarquait de son avion, à l’aéroport Ben Gurion. Il a été présenté à un juge mercredi après-midi pour une audience de détention.
« Les tribunaux rabbiniques ne font aucun compromis dans la bataille contre le refus du guet », a déclaré le rabbin Eliyahu Maimon, le plus haut responsable du rabbinat en charge des cas de refus de divorce, dans un communiqué.
« Le retour de Guez en Israël et son arrestation à l’aéroport transmettent un message à tous ceux qui refusent le divorce – vous ne pourrez pas échapper à la justice et tourmenter vos épouses. Guez a souffert, au cours des quatre dernières années, d’être séparé de ses proches et de ses enfants, il a échoué dans sa mission d’ôter le droit de son épouse à une nouvelle vie, et il sera jugé et condamné à la prison pour avoir utilisé un faux passeport et une fausse identité – et il pourra même devoir faire face à la justice pour avoir refusé le guet« , a-t-il ajouté.