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Un important quotidien palestinien critiqué par ses pairs après un entretien avec Liberman

Le Syndicat des journalistes palestiniens “se demande” si Al-Quds a eu un “intérêt personnel” à interroger le ministre de la Défense israélien

Une image circulant sur Twitter pour critiquer le quotidien palestinien Al-Quds, qui a publié un entretien avec le ministre de la Défense israélien Avigdor Liberman. (Crédit : Twitter)
Une image circulant sur Twitter pour critiquer le quotidien palestinien Al-Quds, qui a publié un entretien avec le ministre de la Défense israélien Avigdor Liberman. (Crédit : Twitter)

Un important quotidien palestinien a été extrêmement critiqué mardi par ses homologues, qui lui reprochent la « normalisation » avec Israël, une accusation très forte pour les Palestiniens, après avoir publié un entretien d’une page avec le ministre israélien de la Défense Avigdor Liberman.

Le rédacteur adjoint du journal a déclaré que son organisation avait fait son travail – informer le public et les décisionnaires.

Pendant son entretien avec Al-Quds publié lundi, le premier jamais accordé par le ministre de la Défense à un média palestinien, Liberman a exprimé son soutien à une solution à deux états, accusé le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas de reculer devant les décisions difficiles nécessaires à la paix, et a déclaré qu’il serait le premier à réhabiliter la bande de Gaza si le Hamas cessait de tirer des roquettes et de construire des tunnels vers Israël, mais « détruira complètement » le groupe terroriste dans l’éventualité d’un prochain conflit.

Selon un reportage diffusé mardi sur la radio publique israélienne et citant des sources anonymes, l’AP a fait pression sur Al-Quds pour qu’il ne publie pas l’entretien, mais les rédacteurs en chef du journal, qui sont à Londres, ont décidé de le publier tout de même.

Le Syndicat des journalistes palestiniens a affirmé mardi que l’entretien de Liberman était une « normalisation » des relations avec Israël, et que Liberman utilisait « le média palestinien national comme plate-forme pour transmettre ses menaces et ses avertissements au peuple palestinien. »

Un homme lit le quotidien Al-Quds dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 juillet 2014. (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Un homme lit le quotidien Al-Quds dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 juillet 2014. (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

Le syndicat, qui a demandé une clarification publiée à Al-Quds sur les raisons de l’entretien, a également suggéré que les responsables de l’organisation de cet entretien avaient été payés.

« C’est notre droit de demander si un bénéfice personnel a été donné en retour à ceux qui ont organisé et mené cet entretien, très éloigné de l’histoire professionnelle et nationale de ce journal », a déclaré le groupe.

Le torrent de critiques palestiniennes à l’encontre d’Al-Quds a commencé dimanche, quand le journal a publié un petit encart en Une pour faire la publicité de l’entretien avec Liberman. Des militants palestiniens et d’importants médias en ligne ont immédiatement commencé à promouvoir sur Twitter le hashtag #MediaNormalization (normalisation des médias) pour critiquer l’article.

Munir al-Ghoul, éditeur du journal, fait partie des critiques de l’entretien avec Liberman.

Ghoul, qui s’est adressé mardi à la radio militaire israélienne, a déclaré que la rue palestinienne était très en colère, particulièrement dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie.

« Nous sommes aussi en colère contre nos amis qui ont fait cet entretien, a-t-il déclaré. Je dois dire aux rédacteurs du journal : vous vous êtes trompés avec cet entretien. »

Ghoul a expliqué qu’il n’était pas opposé à l’idée de l’entretien, disant que « de temps en temps, il faut vérifier ce que pense l’autre côté », mais qu’il était furieux du contenu de l’entretien et des questions posées.

Selon la radio publique israélienne, le journaliste palestinien, dont le nom n’est précisé ni dans le reportage israélien, ni dans le journal qui a publié l’entretien, a déclaré que ceux qui affirmaient que l’article était une « normalisation » ne comprenaient pas ce qu’était le « journalisme professionnel », et a affirmé qu’il avait posé 15 questions approfondies.

Pendant ses 30 années de journalisme, a déclaré le journaliste palestinien, il a interviewé de nombreux Israéliens, dont les Premiers ministres Yitzhak Rabin et Shimon Peres.

Le Comité national palestinien pour le boycott d’Israël, la branche palestinienne du mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), a également réprimandé Al-Quds, déclarant que la publication de tout entretien avec un ministre israélien constituait une « violation claire » du boycott d’Israël.

Le comité a ajouté qu’interviewer Liberman, qui a, selon eux, « ouvertement appelé au génocide des Palestiniens », « constitue une violation de l’éthique journalistique, puisque l’obligation professionnelle de fournir une opinion exclut les avis qui promeuvent la haine, le racisme, la discrimination raciale. »

Une image fabriquée qui circulait sur les réseaux sociaux palestiniens pour présenter Avigdor Liberman, alors ministre des Affaires étrangères, en Jihadi John, bourreau de l'Etat islamique. (Crédit : capture d'écran NRG News)
Une image fabriquée qui circulait sur les réseaux sociaux palestiniens pour présenter Avigdor Liberman, alors ministre des Affaires étrangères, en Jihadi John, bourreau de l’Etat islamique. (Crédit : capture d’écran NRG News)

Amjad al-Ormi, rédacteur adjoint d’Al-Quds, a déclaré que les détracteurs de l’entretien avec Liberman ne comprenaient pas comment fonctionne le travail de journaliste.

« Le journaliste, en général, a une importance essentielle en tant qu’observateur de l’exécutif et des autorités judiciaires dans toute société. D’autre part, la mission des médias est aussi d’informer les lecteurs ou les spectateurs de la réalité de la situation et de leur laisser le jugement, et sous un autre angle, de placer la vraie réalité entre les mains des décisionnaires politiques », a déclaré mardi al-Ormi à la radio arabe israélienne A-Shams.

Le rédacteur adjoint a également précisé qu’il voyait une différence entre le journalisme et la normalisation avec Israël.

« La normalisation signifie mettre en place toute aventure commune avec la partie hostile, comme des séminaires communs, mais un journaliste qui interviewe avec un journaliste israélien, ou même un responsable, ce n’est pas de la normalisation », a-t-il déclaré, indiquant que des responsables palestiniens, notamment le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ont été interrogés par la télévision israélienne.

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