Un mois après les enlèvements, les proches des otages se rassemblent devant la Knesset
Les membres des familles critiquent le gouvernement, l'exhortant à faire quelque chose et ils s'opposent à l'entrée de toute aide humanitaire à Gaza sans libération des captifs
C’est une foule majoritairement silencieuse, dont se dégage un sentiment d’immense tristesse, qui s’est rassemblée là, devant la Knesset, dans l’après-midi de lundi – amis et famille des portés-disparus ou des personnes qui ont été prises en otage par le Hamas qui ont choisi de se retrouver devant le parlement pour marquer les 30 longues journées qui se sont écoulées depuis que leurs êtres chers sont retenus en captivité.
Lorsque les manifestants se sont réunis à Jérusalem – représentants ou soutiens des familles des otages ou des portés-disparus – l’un des organisateurs, un représentant de l’organisation Bring Them Home Now, a demandé aux participants de prendre leurs panneaux et de s’installer devant le bâtiment qui accueille la Knesset.
« Il faut qu’ils vous voient de leur balcon », a-t-il déclaré. « Ils faut qu’ils voient vos visages ».
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Les familles sont installées derrière une barrière en métal, et un certain nombre brandissent leurs panneaux à bout de bras – certains ont les visages de familles entières qui ont été kidnappées le 7 octobre, quand des milliers de terroristes du Hamas ont envahi les communautés et les villes frontalières de Gaza, tuant près de 1400 personnes, en majorité des civils, enlevant également au moins 240 personnes qui sont depuis retenues contre leur gré dans la bande de Gaza.
Il n’y a pas de ministres ou de députés venus accueillir les familles – seule la cheffe du parti Avoda, Merav Michaeli et Matan Kahana, élu sous l’étiquette de HaMahane HaMamlahti, arpentent la foule avant le début des discours.
« J’ai rendu visite aux familles et elles m’ont dit qu’il ne saurait y avoir de victoire sans la remise en liberté des captifs », explique Kahan. « Je peux vous assurer que le cabinet fait tous les efforts possibles et tout ce qu’il peut pour les ramener ici ».
Les familles s’inquiètent néanmoins de la possibilité que le gouvernement vienne à céder aux demandes internationales, acceptant de laisser entrer à Gaza de l’aide humanitaire sans offrir, en échange, la libération des otages.
« Nous sommes sous le choc de la tristesse, sous le choc de nos disparus », dit Oded Leopold, bénévole au sein de l’organisation Bring Them Home Now. « Les politiciens devraient pouvoir ressentir ce choc, ils devraient le ressentir chaque jour et ce jusqu’à ce que le dernier otage soit libéré, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de promettre que cela ne se reproduira jamais ».
Dans son allocution, Nir Meir, secrétaire-général du mouvement des kibboutz, évoque les plus de 300 membres de kibboutzim situés dans la zone frontalière de Gaza « qui ont été tués dans nos jardins ». 71 personnes sont notamment mortes au kibboutz Nir Oz et plus de 120 au kibboutz Beeri.
« Ce ne sont pas seulement des chiffres : ce sont des amis, ils appartiennent à des familles », s’exclame Meir. « Nous ne pouvons pas ramener les morts mais nous n’abandonnerons pas les otages ».
Meir jette un regard en direction de la Knesset, disant : « Le gouvernement d’Israël a abandonné les kibboutzim.”
Ensuite, ce sont les membres des familles des otages qui s’expriment, expliquant la torture très particulière qu’ils vivent au quotidien, s’accrochant à l’espoir que leur proche est encore et vie malgré toutes les incertitudes induites par la captivité.
La sœur d’Amit Ashkenazi, Doron Steinbracher, a été enlevée alors qu’elle se trouvait dans la pièce blindée de son habitation, dans le kibboutz Kfar Aza. Elle a tenté – en vain – de repousser les terroristes en bloquant sa porte à l’aide d’un canapé.
La Croix rouge n’a pas été en capacité de voir les otages, fait remarquer Ashkenazi, qui s’interroge : pourquoi les aides humanitaires devraient-elles être autorisées à entrer à Gaza dans les circonstances actuelles ?
« Nous avons payé un prix qui est suffisamment élevé », s’insurge-t-elle, alors que la foule laisse échapper un cri : « Maintenant ! Maintenant ! Maintenant ! »
Lior Rudaif a été enlevée et sa famille n’a reçu aucune information sur l’endroit où il pourrait se trouver actuellement, dit sa nièce Yael Sabrigo. Elle appelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant, le ministre Benny Gantz et « tous les décisionnaires » à ne pas envisager l’approvisionnement en aide humanitaire au sein de l’enclave côtière avant le retour des disparus.
« C’est comme si j’avais les mains liées », déclare Inbar Goldstein, dont le frère et sa fille aînée ont été tués tandis que le reste de la famille – sa belle-sœur et ses trois autres enfants – ont été kidnappés et emmenés à Gaza.
Goldstein lève les mains, qui sont ligotées l’une à l’autre.
« Faites-vous réellement tout ce que vous pouvez faire ? », demande-t-elle en regardant la Knesset.
Yuval Haran — dont la mère, Shoshan Haran, a été enlevée en compagnie de six autres membres de sa famille élargie alors que son père, sa tante et son oncle ont été tués au kibboutz Beeri – tourne la tête vers la bannière qui est installée derrière lui, avec les visages des membres de sa famille massacrés et kidnappés.
« Je ne suis pas un stratège mais ma famille est là-bas, entre les mains du Hamas, depuis un mois tout entier et la seule action légitime à entreprendre est de les ramener ici », s’exclame-t-il.
Tous n’étaient pas préparés à vivre le scénario cauchemardesque qui s’est abattu sur eux au cours des 30 derniers jours.
Kamila Hutter, mère de quatre enfants et grand-mère de dix enfants, évoque sa petite-fille, Gali, âgée de 13 ans, qui a été enlevée dans son pyjama à fleurs après que son frère, Lior, a été mortellement asphyxié dans l’incendie de la maison familiale, à Beeri.
« C’est impossible à imaginer », dit Hutter, parlant de la maîtrise, par sa petite-fille, de TikTok et de ses talents de cavalière. « Je suis ici au nom de toutes les grands-mères », affirme-t-elle.
Et Rachel Goldberg-Polin, dont le fils Hersh a été pris en otage au festival de musique électronique Supernova, qui était organisé dans le désert, parle des petits enfants, des bébés et des aïeules détenus dans les tunnels du Hamas où il n’y a ni jour, ni nuit – et elle chante la berceuse qui lui permettait, tous les soirs, d’endormir Hersh quand il était petit.
« Cela l’aidait à dormir – peut-être la chante-t-il aux autres maintenant », déclare Goldberg-Polin.
A la fin de l’événement, le chanteur Ivri Lider rejoint la foule et il interprète « Zachiti Le’ehov » (J’ai eu la chance d’être aimé) une chanson qu’il dédie à toutes les mères, à toutes les grands-mères, aux pères, aux fils, aux frères, aux petits-fils et aux petites-filles.
Il se lance ensuite dans une reprise de « Al Kol Eleh » (Pour toutes ces choses) de Naomi Shemer, aux paroles douces-amères, alors que certains brandissent leurs panneaux, que d’autres pleurent et qu’une nuée d’oiseaux traverse le ciel.
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