Un musulman ouvre le premier cours d’hébreu en Indonésie
Alors que certains critiquent les efforts de promotion de la langue, le dictionnaire hébreu-indonésien précédemment publié par Sapri Sale a reçu l'aval du grand imam

Un musulman sunnite a récemment ouvert le tout premier cours d’hébreu en Indonésie, un pays très majoritairement musulman qui n’a aucun lien officiel avec Israël et où l’hébreu est généralement considéré comme la langue de l’ennemi.
Sapri Sale, qui a publié l’an dernier le premier dictionnaire hébreu-indonésien, dit que ce sont surtout les chrétiens qui s’intéressent à ses cours, mais il espère que les musulmans seront de plus en plus intéressés à apprendre la langue.
« Mes activités ne se limitent pas à enseigner l’hébreu, mais visent aussi à minimiser la stigmatisation négative d’Israël et de l’hébreu en Indonésie », a-t-il déclaré au Times of Israel dans une interview par courrier électronique. Beaucoup d’Indonésiens ne comprennent pas les circonstances réelles « du conflit au Moyen-Orient, mais fondent leur point de vue anti-israélien » uniquement sur leur solidarité avec le peuple palestinien », a-t-il dit.
Mes activités ne se limitent pas à enseigner l’hébreu, mais visent aussi à lutter contre les préjugés négatifs envers Israël et l’hébreu en Indonésie », a-t-il déclaré au Times of Israel dans une interview par courrier électronique. Beaucoup d’Indonésiens ne comprennent pas les véritables causes du conflit au Proche-Orient, mais basent leur point de vue anti-israélien « uniquement sur leur solidarité avec le peuple palestinien », a-t-il expliqué.
Alors que certains de ses compatriotes ont critiqué la promotion de l’hébreu, M. Sale a également reçu des encouragements chaleureux, même de la part de personnalités religieuses de premier plan.
L’objectif ultime de ce travail est de « bâtir un pont permettant la communication entre deux pays, l’Indonésie et Israël, afin de promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle », a-t-il déclaré.
Le mois dernier, Sale, 52 ans, a ouvert deux classes au siège de la Conférence indonésienne sur la religion et la paix à Djakarta. Une vingtaine de personnes y étudient les lundis et mercredis pendant une heure et demie, avec pour objectif de comprendre l’hébreu de base à la fin des 8 semaines de cours.

« Mes étudiants sont d’origines différentes – musulmans, chrétiens et autres, mais surtout chrétiens », a-t-il dit. « Je prévois qu’à l’avenir, plus d’étudiants musulmans rejoindront mes classes, à cause de la similitude de l’hébreu et de l’arabe [parce que] l’hébreu est plus facile à apprendre. »
La plupart de ses élèves sont simplement intéressés par la découverte d’une nouvelle culture et d’une nouvelle langue auxquelles ils ont généralement peu accès, a-t-il dit. Certains de ses élèves chrétiens ont rejoint le cours parce qu’ils veulent pouvoir lire la Bible dans sa langue d’origine, a-t-il ajouté.

Jusqu’à récemment employé chez Jet Asia Airways, M. Sale s’intéresse à Israël et à l’hébreu depuis le début des années 1990, lorsqu’il étudiait la littérature arabe à la prestigieuse université Al-Azhar du Caire.
Le « préjugé négatif » de l’Etat juif dans le monde arabe n’avait pas de sens pour lui et il a voulu en savoir plus. Ses efforts ont commencé par un cours d’hébreu au Centre universitaire israélien du Caire, que l’Académie des sciences et des sciences humaines avait créé après le traité de paix de 1979.
M. Sale, qui est né à Palu City dans le centre de Sulawesi, et qui a grandi à Malang, une petite ville de l’est de Java, a étudié la culture islamique dans une école islamique traditionnelle. En 2006, il a commencé à travailler sur le tout premier dictionnaire hébreu-indonésien, publié dix ans plus tard et qui compte plus de 35 000 entrées.
Le dictionnaire – appelé Milon Rishon – a été chaleureusement accueilli par quelques églises, séminaires, étudiants et quatre universités islamiques d’État, a-t-il dit, ajoutant que plusieurs centaines d’exemplaires ont été distribués aux communautés musulmanes et chrétiennes d’Indonésie. L’un des imams les plus anciens du pays a également approuvé le dictionnaire et même posé pour des photos tout en tenant le livre (Sapri Sale a demandé que le nom de l’imam ne soit pas divulgué).
En plus du dictionnaire, Sale travaille sur d’autres livres destinés à promouvoir l’hébreu dans son pays natal. Le premier est un guide de conversation de base de 150 pages destiné aux visiteurs indonésiens en Israël. Les autres livres sont consacrés à la grammaire hébraïque.
« Je crois que cet effort ouvrira la voie au dialogue entre les deux nations », a-t-il dit.

En Indonésie, pays qui compte la plus grande population musulmane du monde, l’hébreu est encore largement désapprouvé, surtout par ceux qui rejettent tout rapprochement avec Israël. Jérusalem et Djakarta n’ont jamais eu de relations diplomatiques officielles. Les responsables israéliens ont évoqué des relations secrètes et appelé à l’établissement de liens formels, mais le gouvernement indonésien les a refusés.
M. Sale, qui n’est allé qu’une seule fois en Israël, indique que le gouvernement n’a jusqu’à présent pas réagi de quelque manière que ce soit à sa promotion de l’hébreu. Les autorités pourraient intervenir à un moment donné, au fur et à mesure que ses activités se développent, mais il ne s’attend pas à une véritable répression.
Cependant, il a été la cible d’attaques de la part de simples Indonésiens, pour la plupart islamistes. « Ils m’ont accusé d’être un militant ou un espion. »
L’hébreu est la langue de l’ennemi, accusent les détracteurs de Sale, mais il répond généralement que l’hébreu est une langue importante et ne devrait pas être assimilé à la politique d’un État en particulier.
« J’enseigne l’hébreu pour faire en sorte que les gens apprennent la culture et la technologie israéliennes, dit-il, tout comme nous apprenons le japonais ou d’autres langues ou nations – pour étudier leur culture et leur technologie. »
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