Un Palestinien abattu après être entré dans une ferme de Cisjordanie avec des armes
D'après l’armée, le suspect a été tué par le propriétaire, près de l'implantation de Karnei Shomron. Les soldats inspectent par ailleurs la maison du terroriste de Tel Aviv
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Un Palestinien a été abattu par un civil israélien, vendredi matin, après s’être introduit par effraction dans une ferme située près de l’implantation de Karnei Shomron pour en attaquer les occupants, a annoncé l’armée.
L’armée israélienne a précisé que le Palestinien avait été repéré au moment où il pénétrait dans la ferme Havat Dorot Illit, dans le nord de la Cisjordanie, armé de couteaux et d’engins explosifs improvisés.
Le suspect aurait lancé les engins piégés, dont l’un a explosé, avant que le propriétaire de la ferme ne l’abatte.
Les soldats ont passé le secteur au peigne fin pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’autres suspects, a ajouté Tsahal.
Le Palestinien tué n’a pas encore été identifié.
Par ailleurs, des heurts ont eu lieu dans la nuit dans la ville cisjordanienne de Nilin lorsque les soldats israéliens ont pris d’assaut la maison du Palestinien qui a ouvert le feu devant un café de Tel Aviv, jeudi soir, faisant trois blessés.
L’armée israélienne a confirmé, par voie de communiqué, que des soldats étaient entrés dans Nilin et avaient pénétré dans le domicile du terroriste, Mutaz Salah al-Khawaja, âgé de 23 ans.
L’opération a eu lieu quelques heures après que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a exigé que la maison du terroriste soit immédiatement rasée.
L’armée israélienne a fait savoir que ses soldats avaient fait le nécessaire en vue de la démolition.
Il n’est pas rare qu’Israël démolisse le domicile des Palestiniens accusés d’avoir mené des attentats terroristes meurtriers.
L’efficacité de cette politique est très controversée, y compris au sein des services de l’ordre israéliens, et les militants des droits de l’homme dénoncent régulièrement le caractère injuste de ce qu’ils présentent comme une punition collective.
Le processus de démolition prend généralement plusieurs mois, car des relevés topographiques doivent être faits, la Cour Suprême doit examiner les recours de la famille, et les forces de l’ordre choisissent le moment optimal pour entrer dans les villes ou quartiers palestiniens.
Alors que les soldats travaillaient dans la ville, située près de Ramallah, des Palestiniens ont lancé pierres, pétards et autres projectiles sur les soldats, et érigé des barrages routiers enflammés.
Aucun blessé n’a pour l’heure été signalé côté palestinien, mais l’armée israélienne a fait savoir que ses soldats avaient tiré des « balles Ruger » sur les Palestiniens qui lançaient des explosifs, des cocktails Molotov et des pierres », ajoutant que l’un d’entre eux au moins avait été touché.
La cartouche de calibre .22 d’un fusil Ruger est considérée comme moins létale que les cartouches de gros calibre généralement utilisées par l’armée.
Les organisations de défense des droits humains condamnent l’utilisation de cette arme pour les opérations de maintien de l’ordre, car il peut malgré tout tuer.
Avec cette arme, les soldats tirent généralement sur le bas du corps des émeutiers, plutôt qu’au niveau de la tête, ce qui pourrait être mortel.
Au cours de cette opération, les soldats israéliens ont interpellé le père d’al-Khawaja et un autre membre de sa famille, a ajouté Tsahal.
جانب من المواجهات المندلعة ببلدة نعلين. pic.twitter.com/PVoLCuFs0R
— وكالة شهاب للأنباء (@ShehabAgency) March 9, 2023
Al-Khawaja a été tué par la police et des passants peu après l’attaque, alors qu’il tentait de s’enfuir.
Ses trois victimes étaient toujours hospitalisées vendredi matin.
L’une d’entre elles, transportée d’urgence à l’hôpital dans un état critique, a subi une intervention chirurgicale d’urgence et a été stabilisée, mais le pronostic des médecins est toujours réservé, a déclaré l’hôpital Ichilov de Tel Aviv.
Les deux autres victimes ont subi des blessures ne mettant pas leur vie en danger : elles se trouvent respectivement dans un état grave et léger à modéré.
Le porte-parole du Département d’Etat, Ned Price, a déclaré que les Etats-Unis « condamnaient fermement » l’attaque.
« Le terrorisme doit être universellement condamné. Nous souhaitons un bon rétablissement aux blessés et réitérons notre soutien indéfectible à la sécurité d’Israël », a-t-il déclaré dans un tweet.
L’ambassade de France à Tel Aviv a également condamné ce qu’elle a qualifié de « nouvelle attaque intolérable au cœur-même de Tel-Aviv ».
Dans la journée, l’ambassade de France aux États-Unis s’était déclarée « très préoccupée » par l’opération israélienne de Jénine, cette semaine, au cours de laquelle six Palestiniens armés – parmi lesquels le Palestinien accusé d’avoir tué deux frères israéliens le mois dernier – avaient été tués lors d’échanges de tirs avec Tsahal.
« La France en appelle de nouveau au gouvernement israélien afin qu’il protège les civils palestiniens, conformément aux obligations internationales qui lui incombent en tant que puissance occupante », a déclaré un porte-parole de l’ambassade.
Le groupe terroriste du Hamas a déclaré qu’al-Khawaja était membre de sa branche armée. Il n’avait pas de permis d’entrée en Israël au moment de l’attaque.
Dans un communiqué, le Hamas a déclaré que l’attentat était une « réponse naturelle » aux dernières opérations militaires israéliennes meurtrières en Cisjordanie, sans toutefois revendiquer la fusillade.
Toujours dans la nuit, l’armée israélienne a fait savoir que ses soldats avaient essuyé des tirs d’hommes armés palestiniens à Tulkarem, en Cisjordanie.
Un véhicule militaire a été endommagé par les tirs.
À Tulkarem toujours, des Palestiniens armés ont ouvert le feu depuis un véhicule en circulation et lancé des explosifs sur des soldats israéliens, a ajouté Tsahal.
Aucun soldat n’a été blessé.
Les tensions entre Israël et les Palestiniens ont été élevées ces douze derniers mois, l’armée israélienne menant des opérations quasi-quotidiennes en Cisjordanie suite à plusieurs attentats terroristes palestiniens particulièrement meurtriers.
Ces tensions se sont encore intensifiées ces dernières semaines, sur fond de raids israéliens et de représailles palestiniennes, ainsi que d’une recrudescence des violences des résidents d’implantations.
Les attentats palestiniens de ces derniers mois à Jérusalem et en Cisjordanie ont fait 14 morts et plusieurs blessés graves.
On estime à 74 le nombre de Palestiniens tués depuis le début de l’année, la plupart lors d’attaques ou d’affrontements avec les forces de l’ordre, même si des civils non impliqués ont trouvé la mort dans des circonstances qui font l’objet d’une enquête.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.