Un parti pro-polygamie fondé par les épouses d’un chef de culte incarcéré
Les épouses de Daniel Ambash, condamné pour des violences familiales, jurent d'empêcher l'intervention gouvernementale dans les vies privées et veulent se présenter à la Knesset
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Quatre épouses d’un chef de culte polygame qui avait été reconnu coupable de violences à l’encontre des membres de sa famille, il y a six ans, se sont officiellement inscrites jeudi en tant que parti politique pour se présenter au mois de septembre.
En 2013, Daniel Ambash avait été condamné à 26 ans de prison pour ce qui avait été qualifié de l’un des cas de violence les plus choquants de l’histoire du pays. Ses six épouses et de nombreux enfants étaient gardés par Ambash et par ses aides dans des conditions d’esclavage, confinés et régulièrement victimes de chocs électriques, de viols et de violences physiques.
Mais la majorité de ses épouses n’ont jamais renoncé à Ambash, Juif ultra-orthodoxe de Bratslav. Elles vivent encore ensemble, se considèrent toujours comme ses épouses et le vénèrent. Pour les quatre femmes, l’affaire entière a été montée de toutes pièces.
En remplissant les formulaires d’enregistrement du parti Kama (droits individuels avancés), Aderet Ambash, présidente du nouveau parti et l’une des quatre épouses, a déclaré que cette nouvelle faction avait pour objectif de combattre l’intervention du gouvernement dans la vie privée des Israéliens.
« Nous avons constaté ce qu’étaient les maladies de la police, du système judiciaire, du gouvernement et nous avons réalisé que ce n’était pas seulement notre problème à nous. C’est un problème social qui nécessite qu’on lui apporte une solution en profondeur », a expliqué Aderet Ambash, se référant à l’affaire de 2011 entraînée par les confidences de l’une des épouses d’Ambash qui avait raconté ce qu’il se passait dans le culte.
Suite à une enquête et à un procès, Ambash avait été condamné pour 18 chefs d’inculpation sur 20 en octobre 2013 et notamment pour délits sexuels, violences sur mineurs, séquestration et violences sadiques.
Selon le jugement émis par le tribunal, Ambash avait notamment fait sortir l’une de ses épouses, nue, au milieu de la nuit, aux abords de la maison, l’arrosant d’eau et la traînant par les cheveux. Il avait également plongé la tête de l’une d’elles dans les toilettes, tirant la chasse pour la faire suffoquer.
Il avait également violé sa fille devant toute la famille et notamment de plusieurs autres enfants, clamant que cela « faisait partie du devoir [de la jeune fille] dans la vie familiale » .
« Nous pensons que si la Torah donne aux gens la possibilité de choisir leur vie, l’Etat n’a aucune raison d’intervenir et d’empêcher cela. Et nous nous battrons pour ce droit », a déclaré Ayelet Ambash, en référence apparente au mariage
La commission centrale électorale a ouvert ses portes mercredi pour l’enregistrement officiel des partis présentant des candidats aux élections du mois de septembre à la Knesset. Avec plus de 40 formations ayant rempli des formulaires d’inscription, ils n’étaient que neuf à avoir déposé un dossier mardi après-midi – ce qui laissait prévoir une journée affairée, jeudi, avant la date-limite établie.