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Un pasteur palestinien dénonce un « génocide » et le « silence » des églises occidentales

Très actif sur les réseaux sociaux, Munthar Isaac n'a cependant jamais évoqué les massacres du Hamas à l'origine de la guerre

Munther Isaac, pasteur à Bethléem. (Crédit : AFPTV)
Munther Isaac, pasteur à Bethléem. (Crédit : AFPTV)

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Munther Isaac, pasteur à Bethléem, en Cisjordanie, prêche sans relâche pour un cessez-le-feu à Gaza et dénonce « le silence » des églises occidentales.

La vidéo du prêche du 23 décembre de ce pasteur luthérien palestinien, en anglais, a été partagée des dizaines de milliers de fois sur Instagram et le réseau social X : il y dénonce « un génocide en cours » à Gaza, « boussole morale », selon lui.

Avec le soutien de son allié américain, Israël rejette de façon catégorique cette accusation, son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, déclarant récemment que l’armée israélienne menait une guerre « d’une moralité sans équivalent ».

La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Il resterait 132 personnes encore retenues en captivité par le Hamas au sein de l’enclave côtière – et notamment 27 corps sans vie. Quatre otages ont été libérées avant la trêve et une soldate a été secourue par les troupes israéliennes.

Les opérations israéliennes ont fait plus de 24 000 morts dans la bande de Gaza, selon le Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Des scouts palestiniens brandissent des panneaux en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza et appelant à la fin de la guerre entre Israël et le Hamas à Bethléem, en Cisjordanie, le 24 décembre 2023. (Crédit : AP/Mahmoud Illean)

Depuis le début de la guerre, les Palestiniens ont « peur » et sont « en colère », car « nous avons été ignorés pendant des années », estime le pasteur.

La crèche qui était installée dans l’église de Munther Isaac a aussi marqué les esprits : Jésus, emmitouflé dans un keffieh, repose dans les décombres d’une « maison bombardée ». « Nous voyons l’image de Jésus dans chaque enfant tiré des décombres, surtout quand ils sont déshumanisés aux yeux du monde », estime le pasteur, que l’AFP a rencontré.

Selon la tradition chrétienne, Bethléem est le lieu de naissance de Jésus-Christ.

A LIRE : « Né aujourd’hui, Jésus aurait été otage à Gaza », dit le père Patrick Desbois

Munther Isaac, 45 ans, ne s’attendait pas à un tel succès qui révèle, pense-t-il, que « les gens ressentent notre peine » et sont en désaccord « avec les actes de leurs gouvernements » qui soutiennent Israël, assure encore ce pasteur de l’église évangélique luthérienne de Noël.

Pour lui, c’est une « responsabilité » en tant que dignitaire religieux chrétien de partager sur les réseaux sociaux ses sermons et interviews en anglais, « pour dire au monde qu’il y a un génocide qui se déroule sous nos yeux, et que cela doit s’arrêter maintenant ».

« Si les gens écoutent davantage » un prêtre ou un pasteur, « alors je vais saisir l’occasion », ajoute-t-il.

Le pasteur souhaite aussi une prise de conscience des dignitaires religieux occidentaux, dont il dénonce ce qu’il appelle le « silence complice ».

« Nous ne voyons toujours pas d’engagement fort de la part des dirigeants d’églises en faveur d’un cessez-le-feu », regrette-t-il, affirmant que les Palestiniens ont « besoin de plus » que des prières « pour la paix ».

Il appelle d’ailleurs ces dignitaires religieux à venir en Cisjordanie.

Dans son traditionnel message de Noël, le pape François avait dénoncé « la situation humanitaire désespérée » à Gaza et appelé à la libération des otages et à l’arrêt de la guerre.

Dans ses prêches hebdomadaires, Munther Isaac s’appuie sur les textes sacrés pour évoquer la guerre, entrée dans son quatrième mois. Pour le premier culte de 2024, il a lu la première lettre aux Corinthiens de saint Paul, où Dieu choisit les plus faibles « pour faire honte aux puissants », explique le pasteur.

Un parallèle évident – selon lui – avec la situation actuelle : « Dieu utilise les enfants de Gaza pour remettre en question l’hypocrisie, le racisme et les préjugés du monde occidental à l’égard des Palestiniens et des enfants de Gaza. »

Le pasteur craint désormais que le conflit ne s’étende à la Cisjordanie. Depuis le 7 octobre, la Cisjordanie est en proie à une violence inédite depuis la seconde Intifada, avec quelque 330 Palestiniens tués en trois mois, selon l’Autorité palestinienne.

Depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre, les troupes israéliennes ont arrêté plus de 2 600 Palestiniens qui étaient recherchés dans toute la Cisjordanie et notamment plus de 1 300 personnes affiliées au Hamas. La vaste majorité des Palestiniens qui ont été tués, depuis le 7 octobre, ont perdu la vie pendant des affrontements entraînés par les raids d’arrestation, affirment les militaires.

Munther Isaac fustige ce qu’il a appelé « l’impunité » dont bénéficierait, selon lui encore, Israël « qui peut faire ce qu’il veut : bafouer le droit international, commettre des crimes… Sans que personne ne le tienne pour responsable ».

On ne sait pas si le pasteur a évoqué les attaques du groupe terroriste palestinien du Hamas du 7 octobre lors de l’entretien avec l’AFP, qui a été publié avant l’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud contre Israël à la Cour internationale de Justice, mais une recherche sur ses réseaux sociaux (Facebook, X, Instagram) très alimentés depuis le début de la guerre ne contient pas un seul commentaire sur ces attaques barbares. Contacté à ce sujet par le Times of Israël, il n’a pas répondu.

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