Un rabbin hongrois rejette les voeux de Hanoukka du parti d’extrême-droite
Jobbik, connu pour ses déclarations racistes contre les Juifs, a transmis un message de fête à la communauté juive
Un éminent Rabbin de Budapest a rejeté des vœux inhabituels offerts à l’occasion de Hanoukka par le parti d’extrême-droite Jobbik, citant son antisémitisme présumé.
Le rabbin Slomo Koves, leader de la Congrégation juive unie orthodoxe, a repoussé dans une lettre ouverte parue mercredi, les voeux envoyés par le président de la formation politique Jobbik, Gabor Vona, et reçus par son bureau.
“C’est une belle idée mais pour faire un geste qui soit véritablement authentique aux yeux des Juifs, Jobbik devrait tout d’abord agir pour se distancier du nombre immense de preuves qui attestent que ce mouvement est antisémite », a écrit Koves. Il a indiqué à JTA que c’était le premier « semblant de geste », tel qu’il l’a défini, envoyé par Jobbik à la communauté juive.
Koves a noté plusieurs incidents antisémites qui impliquent des membres de Jobbik, dont la promesse publique énoncée en 2014 par Vona lui-même de « démissionner immédiatement si quelqu’un devait découvrir que j’ai des ancêtres juifs ». L’année dernière, il avait réaffirmé cette déclaration dans une interview.
Au cours de l’année et demi qui vient de s’écouler, a expliqué Koves, “Jobbik a joué un double jeu : Evoquer du bout des lèvres les valeurs démocratiques pour passer pour un parti dévoué au peuple et pour prendre le pouvoir, tout en laissant entendre à son public de ne pas prendre ce type de démonstrations au sérieux”.
Un parlementaire de Jobbik en 2012 avait appelé à enregistrer les Juifs hongrois comme étant des menaces à la sécurité nationale, même s’il avait ultérieurement déclaré qu’il voulait seulement parler des Israéliens.
L’année dernière, un conseiller municipal de Budapest et issu de la formation, Laszlo Benke, s’était vanté d’avoir refusé de se lever à l’occasion du service funèbre d’un rabbin.
Mais l’année dernière, les propos tenus par Jobbik ont commencé à glisser d’une rhétorique xénophobe à des messages plus positifs, dépeignant le parti comme non corrompu et en contact avec la classe ouvrière.
Toutefois, “le parti a déjà dans le passé tenté d’apparaître comme s’adressant à la communauté juive”, a dit Koves.
“J’aurais été heureux d’accepter ces voeux mais je crains que dans les circonstances actuelles, ils ne puissent être considérés que comme une initiative vide de sens que nous ne pouvons accepter. Je suis sûr que ces voeux seront utilisés pour la propagande du parti”, a ajouté Koves.
“Si les Juifs acceptent ces vœux, ils pourront les utiliser pour montrer qu’ils ne sont pas aussi mauvais. Et si nous les rejetons, ils pourront dire qu’ils ont essayé mais que ces sales Rabbins n’ont pas voulu leur adresser la parole ».
Pour être pris au sérieux, a poursuivi le rabbin, “Jobbik doit rejeter ses nombreuses, si nombreuses déclarations antisémites et remplacer les antisémites qui sont aujourd’hui à la tête du parti”.