Un rappeur iranien condamné à mort pour avoir soutenu des manifestations – média
Paris dénonce la confirmation par la justice iranienne de la condamnation de Toomaj Salehi, 18 mois après son incarcération pour avoir participé à des actions suite à la mort de Mahsa Amini
Un tribunal iranien a condamné à mort un célèbre rappeur iranien emprisonné depuis plus d’un an et demi pour son soutien au mouvement de contestation de 2022 déclenché après la mort de Mahsa Amini, a rapporté mercredi un média local.
Le pouvoir judiciaire iranien a confirmé la condamnation à mort du célèbre rappeur iranien Toomaj Salehi, mais a ajouté qu’il avait droit à une réduction de peine, ont rapporté les médias d’État jeudi.
« Le tribunal révolutionnaire d’Ispahan […] a condamné Toomaj Salehi à la peine de mort pour corruption sur Terre », l’un des chefs d’accusation les plus graves en Iran, a indiqué l’avocat du chanteur, Me Amir Raisian, cité par le quotidien réformiste iranien Shargh.
Le tribunal révolutionnaire avait accusé Salehi « d’incitation à la sédition, rassemblement, conspiration, propagande contre le système et appel aux émeutes », selon Me Raisian.
Le rappeur de 33 ans avait été arrêté en octobre 2022. Il avait soutenu via ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 d’Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict pour les femmes.
Des artistes étrangers lui avaient alors apporté leur soutien, craignant qu’il ne soit condamné à mort.
Plusieurs centaines de personnes, dont des membres des forces de l’ordre, ont été tuées et des milliers arrêtées au cours des manifestations qui se sont tenues en octobre et novembre 2022 en Iran, avant de refluer.
Salehi dispose de 20 jours pour faire appel de sa condamnation auprès de la Cour suprême. Si la sentence est confirmée, la commission d’amnistie du pouvoir judiciaire réexaminera son cas et commuera éventuellement sa peine, a ajouté le département des médias du pouvoir judiciaire.
La condamnation à mort de Salehi, est « inacceptable », a dénoncé le ministère français des Affaires étrangères.
« La France condamne avec vigueur cette décision qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran », a ajouté le Quai d’Orsay dans sa déclaration.
En juillet, la Cour suprême d’Iran avait rejeté les accusations de Salehi de « corruption sur Terre », un crime capital selon les lois islamiques iraniennes. Cette décision n’a toutefois pas été appliquée, ce que Me Raisian a qualifié de « décision sans précédent » de la part du pouvoir judiciaire.
Le hashtag #FreeToomaj est en vogue sur les plateformes de réseaux sociaux telles que X, les utilisateurs appelant à la libération immédiate de Salehi.
Neuf personnes ont été exécutées en lien avec ce soulèvement, selon des ONG.