Un restaurateur tente de changer le message sur les otages en « Let Them Go Now »
Critiquant la formulation "Bring Them Home Now", l'entrepreneur de Tel Aviv affirme que son slogan déplace l'accusation du gouvernement israélien vers le Hamas, là où il doit être
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Dans les jours qui ont suivi le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, trois des neuf enfants du restaurateur James Oppenheim ont été appelés au service de réserve, ce qui l’a laissé en sous-effectif au Bodega Burger, son restaurant familial de cheeseburger au bacon casher à Tel Aviv.
Comme personne n’achetait de hamburgers, il a commencé à les faire griller et à les distribuer par milliers aux soldats, aux familles évacuées et à tous ceux qui avaient besoin d’un plat réconfortant.
Il a fallu plusieurs semaines à Oppenheim, entrepreneur dans le secteur de la high-tech et restaurateur qui a travaillé dans le marketing pendant la majeure partie de sa carrière, pour remarquer le message noir, rouge et blanc « Bring Them Home Now » (Ramenez-les à la maison maintenant) élaboré à la hâte par le Forum des familles des otages et disparus dans les premiers jours qui ont suivi l’attaque terroriste de grande ampleur. (À noter : Oppenheim a été directeur financier au Times of Israel de 2012 à 2015).
Lorsqu’il a finalement prêté attention, il n’a pas compris.
« Contre qui crions-nous ? », s’est demandé Oppenheim.
« Pourquoi diable ne s’intéressent-ils qu’au gouvernement israélien ? On n’entend pas un mot sur le Hamas », le groupe terroriste palestinien qui a pris 251 otages le 7 octobre, en a tué certains en captivité et en retient toujours 101.
Il s’est dit frustré par le message du Forum des familles des otages et disparus. Selon lui, si le message « Bring Them Home Now » ne rejette pas entièrement la faute sur le gouvernement israélien, il ne fait pas non plus porter la responsabilité au Hamas.
Des mois plus tard, alors que Pessah approchait et que les familles marquaient les six mois de captivité des otages, Oppenheim s’est dit que si le Moïse biblique était encore en vie, il crierait : « Laissez partir mon peuple maintenant », adressant ainsi le message aux terroristes du Hamas plutôt qu’au gouvernement israélien.
Dans un élan d’activité, Oppenheim a créé un nouveau slogan, « Let Them Go Now » (Laissez-les partir maintenant), avec une illustration graphique représentant un ruban jaune entouré d’un cœur sur fond bleu, et a commencé à collecter des fonds pour diffuser son message.
Il a fabriqué des bannières et des articles de propagande, notamment des tee-shirts et des chapeaux, et a collecté des fonds pour l’installation de panneaux d’affichage et d’enseignes électroniques.
Il a réussi à diffuser l’idée, mais n’a pas réussi à convaincre le Forum des familles des otages et disparus d’adopter son message.
Un membre du personnel du forum a déclaré au Times of Israel qu’il était conscient de certains problèmes liés à certaines parties de son message, mais que celui-ci avait été créé dans le cadre d’une situation d’urgence qui n’était pas encore terminée.
« Ils disent qu’il est trop tard pour changer l’histoire », a déclaré Oppenheim, qui rétorque qu’il y a encore 101 otages.
Il se tient désormais à l’écart du Forum des familles des otages et disparus, car il estime que les membres de l’équipe se focalisent excessivement sur le rôle du gouvernement israélien dans la situation actuelle et le critiquent.
Oppenheim a indiqué qu’il n’était pas un politicien et qu’il n’avait pas voté aux élections israéliennes depuis au moins cinq ans, pas plus qu’aux Etats-Unis, où il est né et a grandi.
« Je ne vote pas. La politique ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est l’amour et la diffusion de la lumière », a-t-il souligné.
Il constate un manque d’harmonisation entre le Forum des familles des otages et disparus et les alliés qu’il pourrait avoir aux Etats-Unis, en particulier parmi les chrétiens et les membres des communautés LGBTQ+ et afro-américaine, et il est frustré par le manque d’attention que le forum accorde, selon lui, à cette partie de la lutte.
Oppenheim a tenté de persuader plusieurs organisations juives américaines d’adopter son message et, bien qu’il ait réussi à convaincre quelques influenceurs majeurs, dont l’ancien porte-parole du gouvernement israélien Eylon Levy, l’artiste Montana Tucker et le professeur de l’Université de Columbia Shaï Davidaï, des organisations telles que la Fédération UJA ont choisi de s’en tenir à « Bring Them Home ».
Plusieurs groupes juifs lui ont dit qu’ils ne voulaient pas faire quelque chose que les familles des otages elles-mêmes n’encourageaient pas.
« Je pense à toutes les occasions manquées lors de la convention nationale du parti démocrate, de la convention nationale du parti républicain, du concert d’Ishay Ribo [au Madison Square Garden] », a déclaré Oppenheim.
« S’il vous plaît, unissons-nous avec les chrétiens, unissons-nous avec les vrais progressistes qui croient en l’humanitarisme. »
Il a évoqué les manifestations aux Nations unies, où les manifestants pro-palestiniens dénoncent Israël d’un côté de la rue, tandis que ceux qui défilent pour les otages scandent « Ramenez-les à la maison maintenant » de l’autre, et a affirmé que les deux groupes laissaient en fin de compte le Hamas s’en tirer à bon compte pour ses actions terroristes.
« Je crois au retour des otages à la maison, et c’est tout. Je ne suis pas un politicien », a insisté Oppenheim.
« Je pense que si nous n’exerçons pas toutes les pressions humanitaires sur les personnes qui détiennent les otages, c’est que nous n’avons pas fait tout ce qui était en notre pouvoir pour les libérer. »