Un siècle plus tard, les propriétaires d’un terrain convoité de Petah Tikva sont identifiés
Située au centre de la ville, la parcelle pourra enfin être aménagée, suite aux recherches ayant permis d'identifier des dizaines de propriétaires, des États-Unis à la Suède
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans l'immobilier pour le Times of Israel.

Dans ce qui constitue aujourd’hui le centre de Petah Tikva, un terrain est resté en marge de tout développement immobilier ces 100 dernières années, faute de pouvoir retrouver ses propriétaires.
Sur cette parcelle se tenait l’un des tout premiers puits de la ville, utilisé pour l’agriculture, à la fin du 19e siècle.
Le terrain mesure à peine plus de 100 mètres carrés et fait partie d’un ensemble plus vaste, de l’ordre de 500 mètres carrés, promis à des projets immobiliers. Au fil du temps, nombre de promoteurs se sont succédés et ont lancé des projets de construction, sans lendemains, faute de pouvoir établir la propriété du terrain.
Il y a quelques années, un promoteur immobilier expérimenté (qui préfère garder l’anonymat) décide de régler le problème une bonne fois pour toutes. Le projet a un tel potentiel qu’il s’engage à trouver le propriétaire du terrain afin de le lui racheter.
Le promoteur se tourne alors vers Oz Shoshan, avocat de Modiin spécialisé dans la recherche de propriétaires, dans le cas de propriétés anciennes.
Shoshan sait que beaucoup avant lui ont tenté – sans succès – de retrouver les propriétaires du terrain. Mais il est persuadé qu’en remontant au tout début du développement de la zone, il trouvera des indices.
Évoquant les détails de cette quête unique dans son genre, Shoshan explique au Times of Israel avoir entamé ses recherches sur l’implantation de Petah Tikva, à ses débuts, à la fin des années 1870.
« Il m’a fallu consulter de nombreuses archives contenant des informations sur l’implantation et son développement, et faire des recherches juridiques et généalogiques », explique-t-il.

Fondée en 1878, Petah Tikva devient une implantation permanente dès 1883.
En 1906, lorsque David Ben Gurion y passe quelques mois, travaillant dans les orangeraies, c’est déjà une ville de 1 000 habitants. Sa croissance réelle commence sous le mandat britannique dans les années 1920. C’est sensiblement a cette époque qu’est construit le puits – ou à tout le moins, que l’acte de propriété est établi.
Shoshan indique avoir passé « des mois à faire des recherches et constaté que la parcelle n’avait pas un mais plusieurs propriétaires – chacun d’entre eux ayant une part du minuscule terrain ». Les propriétaires des orangeraies du coin détenaient également une « participation dans le puits », explique-t-il.
Au cours des années 1920 et 1930, bon nombre de ces fermes changent de mains. Le problème, affirme Shoshan, vient du fait que « plus de 30 de ces propriétaires ont vendu leurs vergers à d’autres agriculteurs, sans pour autant vendre leurs parts dans le puits lui-même – ils ont probablement oublié. »
Cela explique en partie pourquoi personne n’avait à ce jour réussi à établir clairement la propriété du terrain.
Mais un autre problème surgit.
« L’inscription du puits au registre foncier remonte au mandat britannique et s’est donc faite en anglais », explique Shoshan, « lorsqu’elle a été transcrite en hébreu, peu de temps après la création de l’État d’Israël, des erreurs ont été faites dans l’orthographe des noms des propriétaires, ce qui a rendu extrêmement difficile leur identification. Et bien sûr, il n’existait pas à l’époque de numéro d’identification ou quoi que ce soit de similaire susceptible de nous aider. »
Avec ces noms sur le document de propriété original, Shoshan commence ses recherches parmi les familles de Petah Tikva. Parmi eux se trouvent des personnes très impliquées dans le développement de la ville, comme Gedaliah Bublik, fondateur du parti politique Hapoel Mizrachi et militant de premier plan du mouvement sioniste religieux, et Benjamin (Beinisch) Slor, fils de Hanoch Slor, célèbre militant sioniste et associé du baron Edmond James de Rothschild.

Les propriétaires d’origine étant décédés, Shoshan se lance sur la trace de leurs héritiers.
Dans la mesure où il y avait un grand nombre de copropriétaires, il lui faut identifier des dizaines de personnes – la plupart vivant en dehors d’Israël -qui ont hérité sans le savoir d’une part du terrain.
Shoshan parvient à identifier des héritiers aux États-Unis, au Canada, en Suisse, en Suède et au Danemark, des descendants de deuxième et troisième générations des premiers propriétaires de la terre.
Les négociations en vue de l’achat du développement du terrain sont bien avancées, et des accords ont été conclus avec la plupart des héritiers, assure Shoshan.
Une fois le processus terminé, sa participation dans cette aventure prendra fin.
Shoshan a confié en conclusion au Times of Israel que le promoteur qui l’avait mandaté allait pouvoir soumettre son projet immobilier et qu’ainsi le vide dans le paysage urbain de Petah Tikva allait bientôt être comblé.