Un terroriste des JO de Munich a ensuite vécu à Berlin sans être inquiété
L'un des terroristes palestiniens des JO de Munich se rendait quasiment quotidiennement en RDA, dans le bureau de liaison de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), où il travaillait
L’un des terroristes palestiniens, membre du commando auteur de la prise d’otages aux JO de Munich en 1972 qui a coûté la vie à 11 athlètes israéliens, a vécu plusieurs années ensuite à Berlin, affirme samedi le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.
Le journal écrit avoir exceptionnellement eu accès, grâce à une autorisation spéciale, à un rapport de police se trouvant dans les archives de Munich (sud), qui étaye ces informations.
Selon ce rapport, la police bavaroise, chef de file de l’enquête sur les attentats de Munich, aurait eu vent par le biais d’un informateur de la police criminelle fédérale (BKA) de la présence de ce terroriste palestinien à Berlin.
À l’époque, écrit le journal, il vivait sous une fausse identité dans la partie ouest de la ville coupée en deux et se rendait quasiment quotidiennement à l’est, en RDA, dans le bureau de liaison de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), où il travaillait.
Le ministère de l’Intérieur bavarois, contacté par l’AFP, n’a pu être joint immédiatement samedi pour commenter ces informations.
Après la prise d’otages le 5 septembre 1972 au Jeux olympiques de Munich, une fusillade avait eu lieu, au cours de laquelle 11 athlètes israéliens, un policier allemand.
Un mois plus tard, les trois survivants du commando, capturés, avaient été libérés en échange d’autres otages après le détournement d’un avion de la Lufthansa.
Une théorie, véhiculée avant tout par les parents des victimes israéliennes, circule depuis longtemps : le gouvernement de RFA aurait, pour empêcher tout nouvel attentat en Allemagne, facilité la libération des trois membres du commando capturés.
Cette théorie est rappelée par l’historien munichois Dominik Aufleger, cité par la Süddeutsche Zeitung.
M. Aufleger, qui a eu également accès aux mêmes dossiers que la Süddeutsche Zeitung dans le cadre de ses recherches sur l’attentat de Munich, s’interroge sur la volonté de la police d’arrêter ce survivant du commando qui vivait apparemment à Berlin.
« On peut se poser la question si la police a voulu vraiment agir ou si elle a renoncé à une arrestation pour éviter tout nouvel attentat de militants palestiniens en RFA », est-il cité dans le journal.
Début septembre, cinquante ans après l’attaque des JO de Munich, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a demandé « pardon » aux proches des victimes israéliennes des JO de 1972, endossant la responsabilité des « échecs » qui avaient accompagné la tragédie.
Le gouvernement allemand a accepté de débloquer une enveloppe de 28 millions d’euros, en partie versée par la Bavière et la ville de Munich, aux familles des victimes israéliennes.