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Opinion

Une commission de la Knesset s’attaque – enfin – à la fraude des options binaires

Encouragée par les reportages du Times of Israël, la commission de Contrôle de l’Etat a commencé lundi à s’en prendre à la vaste arnaque mondiale qui sévit depuis Israël. Le rédacteur en chef du Times of Israël, David Horovitz, s’est exprimé pendant la session

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

La députée Karin Elharar, présidente de la commission de Contrôle de l'Etat de la Knesset, à droite, le président de l'Autorité des titres israélienne, Shmuel Hauser, troisième à droite, et d'autres participants à une session sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)
La députée Karin Elharar, présidente de la commission de Contrôle de l'Etat de la Knesset, à droite, le président de l'Autorité des titres israélienne, Shmuel Hauser, troisième à droite, et d'autres participants à une session sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)

La commission de Contrôle de l’Etat à la Knesset, présidée par la députée de Yesh Atid Karin Elharar, a organisé lundi une session visant à réprimer la vaste industrie frauduleuse des options binaires en Israël.

En ouvrant la session, Elharar a noté que le sujet avait été porté à son attention par le Times of Israël, citant mon action et celui de Simona Weinglass, la journaliste du Times of Israël qui a été le fer de lance de nos reportages sur la fraude des options binaires.

Décrivant les options binaires comme « un crime qui se produit sous nos nez », Elharar s’est indignée du fait que « les entreprises basées en Israël ont toujours le droit de voler des personnes dans le monde entier » alors que « vendre ces options binaires aux Israéliens est illégal ».

Et c’est exact.

Shmuel Hauser, à la tête de l’Autorité boursière israélienne, et plusieurs représentants du bureau du procureur général et du ministère de la Justice, qui travaillent ensemble sur une nouvelle législation, étaient également présents.

Un retraité anglais, Graham Towler, qui a perdu 70 000 livres sterling à cause de la fraude aux options binaires, a fait le voyage pour témoigner devant la commission de la façon dont il avait été arnaqué. Un ancien employé d’une entreprise d’options binaires, Adam Nujidat, a de son côté expliqué comment l’arnaque fonctionnait de l’intérieur.

La députée Karin Elharar, présidente de la commission de Contrôle de l'Etat de la Knesset, pendant une session sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)
La députée Karin Elharar, présidente de la commission de Contrôle de l’Etat de la Knesset, pendant une session sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)

Elharar m’a invité à ouvrir la discussion. Mon objectif était de permettre à la commission de comprendre la nature pernicieuse, l’échelle colossale, et les conséquences écœurantes de la fraude. Et de souligner que, bien qu’une nouvelle législation puisse avoir un rôle à jouer, la police avait déjà tous les outils juridiques nécessaires à sa disposition pour faire fermer la plupart des entreprises de cette industrie frauduleuse. Et ce, par le biais des infractions régulières à la législation déjà existante, des lois fondamentales interdisant le vol et les fausses déclarations.

Mon argument était que la police israélienne avait totalement échoué à agir contre cette fraude depuis presque dix ans. Plutôt que de collaborer, la police a choisi de ne pas être présente à la commission, alors qu’elle avait été directement appelée à le faire par la députée Elharar. Cette dernière a déclaré qu’elle traiterait cela directement avec le ministre responsable, et s’assurerait que la police réponde aux conclusions de la session. Elle organisera également une deuxième session le mois prochain à laquelle des représentants de la police seront obligés de participer.

Voici une transcription légèrement réécrite de ce que j’ai déclaré à la commission.

Des milliers d’Israéliens (jusqu’à 15 000 selon certaines sources) se lèvent tous les jours et vont au travail pour voler l’argent de personnes du monde entier.

Ils affirment permettre aux clients de gagner de l’argent par des investissements à court terme. En fait, beaucoup d’entre eux commettent des fraudes et des vols ; presque tous les clients de cette industrie perdent tout leur argent, ou quasiment. Selon leurs propres estimations, leur industrie rapporte entre un et cinq milliards de dollars par an.

Sous certains aspects, la fraude des options binaires est assez sophistiquée. Mais elle demeure aussi très simple, et, je veux souligner ceci: cela contrevient aux lois existantes de manière évidente.

Il est illégal de donner des conseils d’investissement malhonnêtes. Il est illégal de mentir sur sa localisation et son identité, de mentir sur son nom et sa formation. Mais ce sont des pratiques quotidiennes dans les options binaires. La police n’a pas besoin de nouvelle loi pour poursuivre ces criminels. L’Autorité boursière israélienne n’a pas besoin de nouvelle loi pour faire immédiatement fermer les entreprises coupables.

David Horovitz, rédacteur en chef du Times of Israël, à gauche, pendant une session de la commission de Contrôle de l'Etat de la Knesset sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. A droite se trouve Graham Towler, retraité anglais victime des options binaires israéliennes. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)
David Horovitz, rédacteur en chef du Times of Israël, à gauche, pendant une session de la commission de Contrôle de l’Etat de la Knesset sur la répression de la fraude des options binaires, le 2 janvier 2017. A droite se trouve Graham Towler, retraité anglais victime des options binaires israéliennes. (Crédit : Luke Tress/Times of Israël)

Il est également illégal de prendre de l’argent sur des cartes de crédit sans la permission de leurs propriétaires. Il est illégal de ne pas autoriser des personnes à récupérer leur argent. Ces deux violations de la loi se produiraient aussi très largement dans les options binaires.

Il est illégal de manipuler des plates-formes de transactions pour garantir que les clients perdent leur argent. Ceci aussi serait largement répandu dans les options binaires.

Il est impardonnable que cela se soit poursuivi pendant presque dix ans. Cela se produit maintenant, alors que nous sommes assis ici. Des milliers de personnes à Tel Aviv, Herzliya, Ramat Gan, Césarée, appellent des gens dans le monde entier et les piègent en leur volant leur argent.

Cela détruit la réputation d’Israël comme un endroit sûr pour faire des affaires.

Cela entraîne de l’antisémitisme.

C’est le côté obscur de la nation start-up dont nous sommes si fiers et à juste titre.

Cela corrompt aussi les milliers de jeunes Israéliens qui travaillent dans ce domaine, dont beaucoup d’immigrants et d’Arabes israéliens, dont la capacité à parler des langues étrangères est essentielle pour faire vivre l’industrie frauduleuse.

L’arnaque engendre plusieurs autres types d’arnaques : les entreprises qui écrivent le matériel promotionnel des compagnies d’options binaires ; les entreprises qui filment leurs publicité; les experts en optimisation des moteurs de recherche qui font en sorte que vous cherchiez à vous informer sur internet au sujet des options binaires… Peut-être qu’après cette réunion de la commission de la Knesset recevrez-vous des pages qui semblent donner des informations honnêtes sur les options binaires. Mais ce sont en réalité des pages entretenues par les entreprises corrompues d’options binaires. Viennent ensuite les entreprises qui transfèrent les paiements colossaux, les avocats qui mettent en place des entreprises offshores pour cacher l’argent…

Et cela continue encore et encore.

Vous devez comprendre l’étendue de cette fraude. Des centaines de milliers de personnes ont été volées dans le monde. Certaines se sont suicidées. Il existe un nombre immense de personnes dont les vies ont été ruinées. Les escrocs des options binaires israéliennes volent des milliards, et laissent derrière eux des vies brisées dans le monde entier.

Et vous devez comprendre que les escrocs des options binaires sont très puissants en Israël ; ils ont des liens avec des personnes très importantes. Une partie du gouvernement israélien a même aidé à encourager leurs activités. Les entreprises paient les avocats les plus chers pour lutter contre ceux qui tentent de les exposer. Certains d’entre eux donnent de l’argent à des œuvres caritatives, ce qui leur permet d’être en contact avec des personnes très importantes en Israël et de les influencer.

Ils utilisent de violentes menaces contre ceux qui tentent de les exposer. Ils ont menacé Simona Weinglass, qui a mené notre enquête sur ce sujet au Times of Israël, et ils ont menacé le Times of Israël lui-même.

La police et les régulateurs auraient dû fermer ces entreprises il y a des années. A la place, jusqu’à aujourd’hui, la police refuse même de nous rencontrer pour entendre les détails de cette affaire.

Ce vol est un fléau comme nous n’en n’avons jamais vu dans ce pays. Il doit être stoppé.

***

Au cours des derniers mois, le Times of Israël a détaillé la fraude massive des entreprises israéliennes d’options binaires, en commençant en mars par un article intitulé « Les loups de Tel Aviv », et a estimé que l’industrie représente plus de 100 entreprises en Israël, dont la plupart sont frauduleuses, et emploient diverses ruses pour voler l’argent de leurs clients.

Ces compagnies trompent leurs victimes en leur faisant croire qu’elles proposent des investissements lucratifs à court terme, mais dans l’écrasante majorité des cas, les clients finissent par perdre tout leur argent ou presque, et ce du jour au lendemain. Des milliers d’Israéliens travaillent dans ce domaine qui aurait arnaqué des milliards de dollars à des victimes du monde entier pendant la dernière décennie.

Le bureau du Premier ministre a condamné en octobre les « pratiques sans scrupule » de l’industrie, et a appelé à son interdiction dans le monde entier.

En novembre, Shmuel Hauser, président de l’Autorité boursière israélienne (ATI), a déclaré au Times of Israël que des consultations avaient commencé sur la formulation d’une loi qui interdirait à toutes les entreprises d’options binaires basées en Israël de cibler n’importe quel individu dans n’importe quel pays. (Il est déjà interdit aux entreprises israéliennes de cibler des Israéliens.) Les consultations ont été étendues au procureur général, Avichai Mandelblit, et au gouvernement, a-t-il déclaré.

La commission de la Knesset a appris lundi que la législation avait été rédigée.

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