Une délégation polonaise en Israël après un désaccord sur les voyages scolaires
Le vice-ministre des Affaires étrangères Pawel Jablonski a rencontré des responsables israéliens pour discuter de la coopération bilatérale et de "l'arrêt de l'agression russe"
Une délégation du gouvernement polonais s’est rendue en Israël mardi pour rencontrer des représentants du gouvernement, alors que les deux pays cherchent à rétablir leurs liens, a rapporté la chaîne publique israélienne Kan.
Citant un communiqué polonais, Kan a rapporté que les réunions étaient axées sur « l’arrêt de l’agression russe contre l’Ukraine », ainsi que sur la coopération bilatérale en dans les domaines de l’économie, la culture et l’éducation.
Le vice-ministre des Affaires étrangères de Varsovie, Pawel Jablonski, a rencontré le conseiller à la sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, et le directeur-général du ministère des Affaires étrangères, Ronen Levy.
Les responsables polonais devraient demander à Israël de soutenir le pays sur la scène internationale, de la même manière que Varsovie défend Jérusalem contre les « efforts de l’Union européenne pour limiter sa capacité à se défendre », affirme un autre reportage de Kan diffusé la semaine dernière.
Jusqu’à il y a quelques années, la Pologne était l’un des pays les plus pro-Israël de l’Union européenne. Mais les relations se sont détériorées en 2018, après que la Pologne a adopté une loi interdisant de blâmer la nation polonaise pour la Shoah, dans le cadre de ce que les critiques considèrent comme un effort plus large pour dissimuler la complicité polonaise avec les crimes nazis. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Yaïr Lapid, avait qualifié la loi « d’antisémite », ce qui avait déclenché une querelle diplomatique.
Les deux parties ont récemment signé un accord visant à rétablir les relations diplomatiques, ouvrant ainsi la voie à la reprise des voyages de jeunes Israéliens en Pologne. Jablonski s’est plaint que ces voyages éducatifs donnaient aux Israéliens une vision erronée de la Shoah, et l’accord prévoit que les groupes d’étudiants israéliens visiteront une liste de sites recommandés par la Pologne. Cependant, Yad Vashem, le musée de la Shoah de Jérusalem, avait précisé en avril que les étudiants ne seraient pas obligés de visiter tous les lieux.
Cet accord a été largement critiqué en Israël pour avoir adopté le point de vue polonais, bien que les universitaires aient noté les preuves significatives de la coopération des Polonais avec le régime nazi. Les critiques affirment que les étudiants visiteront désormais des sites qui donnent une vision déformée de la Shoah, font l’impasse sur la complicité polonaise dans la Shoah et galvanisent les efforts déployés par les Polonais pour sauver les Juifs.
Lundi, Dani Dayan, le directeur de Yad Vashem, a critiqué la Pologne lors d’une conférence du Jerusalem Post à New York, évoquant plusieurs universitaires polonais qui ont récemment été attaqués pour avoir indiqué que des Polonais avaient aidé les nazis pendant la Shoah.
« En ce qui concerne la Pologne, nous avons assisté à des développements très, très inquiétants et dangereux au cours des dernières semaines », a déclaré Dayan.
« Nous continuerons à honorer les Justes polonais parmi les nations », a déclaré Dayan, faisant référence aux personnes qui ont sauvé des Juifs pendant la Shoah, souvent au péril de leur vie. « Nous continuerons à exiger de la Pologne qu’elle se souvienne des actes odieux commis par d’autres Polonais. »
À LIRE : Ce qui compte pour le chef de Yad Vashem, Dani Dayan : la mémoire de la Shoah
La Pologne a été le premier pays envahi et occupé par le régime nazi d’Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale et n’a jamais eu de gouvernement collaborationniste. Les membres de la résistance polonaise et du gouvernement en exil ont lutté pour avertir le monde du massacre des Juifs, et des milliers de Polonais ont risqué leur vie pour aider les Juifs.
Cependant, les chercheurs sur la Shoah ont recueilli de nombreuses éléments prouvant que des Polonais ont assassiné des Juifs qui fuyaient les nazis, ou que de maîtres chanteurs polonais ont attaqué à des Juifs sans défense pour en tirer un profit financier.
Six millions de Juifs, dont la quasi-totalité des quelque 3 millions de Juifs polonais, ont été exterminés par les nazis et leurs collaborateurs pendant la Shoah, et les principaux camps de la mort nazis, dont Auschwitz, se trouvaient en Pologne.
Traditionnellement, les jeunes Israéliens se rendent en Pologne durant l’été entre la Première et la Terminale pour visiter les anciens camps nazis, en apprendre plus sur la Shoah, et rendre hommage aux victimes. Ce voyage a longtemps été considéré comme un rite de passage dans l’éducation israélienne et, avant la pandémie de COVID-19, environ 40 000 étudiants israéliens y participaient chaque année.