Une jeune fille ligotée et « en sang » pour sensibiliser les Brésiliens aux atrocités du Hamas
Face au silence du monde sur les agressions sexuelles du Hamas le 7 octobre, la communauté juive brésilienne reconstitue l'enlèvement de Naama Levy

SAO PAULO, Brésil – Le temps s’est figé pour les passants de la rue Oscar Freire, une rue animée et huppée de São Paulo, au moment où une jeune femme, ensanglantée et les mains liées, a été jetée de force sur le trottoir par un homme masqué et vêtu de noir.
Située dans l’un des quartiers les plus huppés de la ville, avec sa promenade piétonne, ses boutiques haut de gamme et ses restaurants et cafés raffinés qui lui confèrent une indéniable aura de richesse, la rue Oscar Freire est une rue où l’on se sent généralement en sécurité.
Les clients attablés dans les restaurants élégants ont interrompu leurs conversations et les passants choqués portant des sacs à provisions se sont arrêtés pour chuchoter entre eux, incrédules, essayant de comprendre ce qui se passait sous leurs yeux.
C’est exactement la réaction que l’homme en noir et sa prisonnière espéraient susciter par leur reconstitution. Les deux acteurs reproduisaient l’enlèvement de Naama Levy, 19 ans, par des terroristes du Hamas lors de l’assaut du 7 octobre, au cours duquel près de 1 200 personnes ont été tuées dans le sud d’Israël, pour la plupart des civils, et 253 autres ont été enlevées et emmenées en otages dans la bande de Gaza.
Le massacre a été d’une brutalité inouïe : des familles entières ont été tuées, nombre d’entre elles brûlées vives dans leurs maisons, et soumises à de nombreux actes de torture, de mutilation et de viol. Levy, qui, de toute évidence, semble avoir été victime d’agression sexuelle aux mains du Hamas le 7 octobre, a été enlevée par les terroristes alors qu’elle se trouvait dans la pièce sécurisée de sa maison au kibboutz Nahal Oz.
La reconstitution de São Paulo, qui a eu lieu le 30 novembre est l’une des nombreuses initiatives qui ont été organisées dans le monde entier. Fin janvier, des dizaines de manifestants ont investi la Tate Modern de Londres pour exiger la libération de Levy et de tous les autres otages, ainsi que pour sensibiliser l’opinion publique aux abus sexuels que de nombreuses personnes ont subis et subissent peut-être encore dans les geôles du Hamas et de leurs complices.

L’actrice Alessandra Dayan, 21 ans, qui incarnait Naama Levy dans la reconstitution de São Paulo, a confié au Times of Israel qu’elle avait été profondément troublée par son rôle.
« Contrairement à moi, Naama n’a pas pu rentrer chez elle, prendre une douche et reprendre une vie normale après ce qui s’est passé », a-t-elle déclaré.
Comme beaucoup des atrocités commises ce jour-là par des terroristes qui ont utilisé des caméras GoPro ou même les téléphones des victimes pour enregistrer et télécharger leurs agressions sauvages sur les réseaux sociaux, l’enlèvement de Levy a été filmé.
Les images de Levy tirée de force du coffre d’une Jeep et jetée sur le siège arrière, son pantalon de survêtement taché de sang, sont devenues virales sur Telegram le jour de son enlèvement, quelques heures à peine après le début de l’assaut du Hamas. Les images troublantes qui ont été vues en direct le jour de l’assaut ont continué à affecter de nombreuses personnes au cours des jours et des mois qui ont suivi, et ont été amplifiées par les nombreuses reconstitutions de l’enlèvement de la jeune femme.
« Cette vidéo m’a hantée », a expliqué Dayan. Alors qu’elle marchait dans la rue pendant la reconstitution, des activistes juifs la suivaient de près, et tenaient des banderoles sur lesquelles alternaient des images du visage souriant de Naama et une image de la vidéo de l’enlèvement. Ces banderoles portaient un message fort : « Où êtes-vous, féministes ? Libérez les otages ».
Cette manifestation a été planifiée et exécutée par le groupe d’autonomisation et de direction des femmes (EIF), une branche de la Fédération juive de São Paulo (Fisesp). Elle visait à sensibiliser les organisations de défense des droits des femmes, notamment ONU Femmes et le mouvement MeToo, au sort des femmes israéliennes victimes d’abus, de viols et de mutilations aux mains des terroristes du Hamas le 7 octobre et après cette date.
Ces groupes de femmes et d’autres organisations à travers le monde avaient été accusés à l’époque de ne pas réagir de manière adéquate et de ne pas condamner les violences sexuelles perpétrées à l’encontre des Israéliennes. Depuis lors, d’autres groupes ont demandé à ce que les responsables de ces crimes sexuels rendent des comptes, même si c’est plusieurs mois après les faits.
Les spectateurs de São Paulo ont été choqués de constater que des agressions sexuelles violentes étaient ignorées par des groupes censés aider les femmes, et ont exprimé leur soutien à la sensibilisation à de telles atrocités.
« Il est tout simplement inacceptable qu’il y ait deux poids, deux mesures dans le traitement des crimes contre les femmes », a déclaré une femme d’une trentaine d’années, visiblement ébranlée.

La reconstitution a réussi à susciter des réactions auprès d’un public généralement détaché des questions politiques – l’un des principaux objectifs de la Fisesp et du FEI.
Représentant la plus grande communauté juive du Brésil et l’une des plus importantes d’Amérique latine, la Fisesp est profondément préoccupée par les récentes manifestations antisémites menées par des éléments de la gauche radicale du pays. Elle est troublée par le fait que des personnes qui, par le passé, se sont prononcées contre les abus et la violence à l’égard des femmes, semblent aujourd’hui condamner l’opération militaire d’Israël et ignorer les rapports documentés de femmes victimes d’abus sexuels et de violence aux mains du Hamas le 7 octobre et après cette date.
Deborah Chammah, de la branche brésilienne de l’ONG StandWithUs, s’est inquiétée de ce qu’elle a qualifié de « féminisme sélectif » et a appelé à un soutien global à toutes les femmes touchées par ces violences. « La vie des femmes juives compte aussi », a-t-elle déclaré.
« Le monde est silencieux », a déploré Miriam Vasserman, directrice du FEI. « Les organisations féministes n’ont pas prononcé un seul mot de soutien. »
« Nous ne pouvons pas nous permettre de rester silencieuses », a affirmé Vasserman. « Chaque femme peut compatir avec les jeunes filles dont la vie a été déchirée. Ces incidents pénibles sont largement documentés et filmés pour que tout le monde puisse les voir. »
« Nous refusons d’accepter cela », a-t-elle ajouté.
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