Une Palestinienne, cueillant des olives, meurt sous des tirs de Tsahal ; l’officier suspendu
L'armée enquête sur la mort de Hanan Abdel Rahman Abu Salama, 59 ans, abattue près de Faqoua, en Cisjordanie ; la récolte était parfaitement coordonnée, selon les responsables

L’armée israélienne a suspendu un commandant adjoint de son 334e bataillon et a ouvert une enquête après que des troupes ont abattu une Palestinienne de 59 ans qui cueillait des olives près de la barrière de sécurité dans la région de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a déclaré l’armée dans un communiqué vendredi.
Un communiqué du ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP) a indiqué jeudi que Hanan Abdel Rahman Abu Salama « a été tuée par des balles de l’occupation [israélienne] » dans le village de Faqoua, près de la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.
Selon les témoignages recueillis par le conseil du village, Abu Salama a été tuée alors qu’elle cueillait des olives avec sa famille.
« Une enquête a été ouverte par la police militaire qui enquête sur l’incident », a indiqué Tsahal dans son communiqué.
« Le commandant de l’unité impliquée dans cet incident a été suspendu de ses fonctions jusqu’à la fin de l’enquête », ont ajouté les militaires.
Munir Barakat, conseiller du village de Faqoua, a déclaré à l’AFP « qu’un Israélien en tenue militaire est arrivé sur les lieux dans une voiture blanche et il a tiré une dizaine de balles en direction des membres de la famille Abu Salama, qui était en train de récolter des olives sur son terrain ».
Hanan Abd Alrahman Abu Salama, a 59-year-old Palestinian woman, was shot and killed by the Israeli army when she was picking olives on her own land in Jenin, West Bank.
The olive season has turned into a season of killing for the Palestinian people, whether at the hands of the… pic.twitter.com/RI0For2u3p
— Ihab Hassan (@IhabHassane) October 17, 2024
« Il y a quelques jours, le conseil avait invité les habitants du village à se rendre sur leurs terres pour y cueillir des olives », a déclaré Barakat.
Il a ajouté que les coups de feu étaient partis depuis les abords d’un mur érigé par les autorités israéliennes dans la région.
Une source de sécurité a déclaré au quotidien Haaretz qu’une enquête initiale avait révélé que la zone où Abu Salama travaillait n’exigeait pas que les Palestiniens coordonnent leurs activités de récolte avec les forces de sécurité, bien qu’il soit recommandé aux Palestiniens de les avertir lorsqu’ils prévoient de s’approcher de la barrière de sécurité qui sépare la Cisjordanie d’Israël.
Barakat a déclaré à Haaretz que l’organisme palestinien chargé de la coordination avec Israël avait informé le conseil que la récolte pouvait avoir lieu et que les activités avaient été approuvées. En conséquence, le conseil a indiqué aux habitants qu’ils pouvaient travailler dans les vergers situés à proximité de la barrière de sécurité.
Le conseiller municipal a indiqué qu’après la fusillade, des représentants de l’armée étaient venus recueillir des témoignages sur l’incident, mais il a émis des doutes sur la possibilité que des mesures concrètes soient prises.
« Pour la famille et tous les autres, il est clair que cela ne signifie pas qu’un individu sera jugé en conséquence pour le meurtre d’une femme innocente, d’une mère et d’une grand-mère qui n’était coupable de rien, sinon d’aller récolter des olives », a estimé Barakat.
Dans un communiqué publié en début de semaine, l’armée a déclaré : « Tsahal et l’Administration civile s’efforcent de permettre aux habitants de la région de récolter des olives sur les terres placées sous leur autorité en toute sécurité, et parallèlement à cela, s’efforcent [de prendre] toutes les mesures nécessaires visant à protéger la sécurité des citoyens israéliens et des résidents d’implantations, parallèlement à la réalisation de la récolte. »
Les récoltes d’olives sont au cœur de la vie et de la culture palestiniennes, mais elles sont aussi le théâtre d’affrontements permanents entre agriculteurs et résidents d’implantations depuis des dizaines d’années, les différends portant sur l’accès à la terre.

Des experts de l’ONU ont déclaré mercredi que les agriculteurs palestiniens de Cisjordanie, contrôlée par Israël depuis 1967, étaient confrontés à « la saison des olives la plus dangereuse jamais connue ».
Les tensions en Israël et en Cisjordanie sont montées en flèche depuis le 7 octobre, date à laquelle des terroristes ont fait irruption en Israël par la frontière de Gaza dans le cadre d’un pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, tuant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages.
Depuis lors, les troupes ont arrêté quelque 5 250 Palestiniens recherchés en Cisjordanie, dont plus de 2 050 affiliés au Hamas, et mené plus de 70 frappes aériennes à travers le territoire à l’aide de drones, d’hélicoptères d’attaque et d’avions de combat.
Selon le ministère de la Santé de l’AP, basé à Ramallah, plus de 716 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période. Tsahal affirme que la grande majorité d’entre eux étaient des terroristes armés tués lors d’échanges de tirs, des émeutiers qui se sont heurtés aux troupes ou des terroristes qui menaient des attaques.
Au cours de la même période, 42 Israéliens, dont des membres des forces de sécurité, ont été tués dans des attaques terroristes palestiniennes en Israël et en Cisjordanie. Six autres membres des forces de sécurité ont été tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.