Israël en guerre - Jour 348

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Une travailleuse sociale sommée d’enfiler une cape au tribunal rabbinique de Haïfa

Les manches courtes de la travailleuse sociale, qui accompagne une femme dont le mari refuse le divorce, sont inappropriées aux yeux de la Cour

La travailleuse sociale Tami Gross, qui a reçu l'ordre de se couvrir d'un manteau dans les locaux du tribunal rabbinique de Haïfa, le 21 juin 2023. (Crédit : Mavoi Satum)
La travailleuse sociale Tami Gross, qui a reçu l'ordre de se couvrir d'un manteau dans les locaux du tribunal rabbinique de Haïfa, le 21 juin 2023. (Crédit : Mavoi Satum)

Une travailleuse sociale, arrivée mercredi pour assister à une audience de divorce au tribunal rabbinique de Haïfa, a déclaré qu’on lui avait imposé de se couvrir d’une cape parce que sa tenue de travail n’était pas jugée assez modeste pour comparaître devant les juges.

Tami Gross a déclaré à la Douzième chaine s’être sentie humiliée. Elle travaille pour Mavoi Satum, organisation qui représente devant les tribunaux rabbiniques les femmes dont les maris refusent le divorce et les mettent dans une situation juridique délicate, passible de sanctions si elles nouent d’autres relations.

Ce jour là, Gross accompagnait une femme dont le mari refuse de mettre fin à leur mariage depuis six ans. A son arrivée, un secrétaire du tribunal lui a dit qu’elle n’était pas habillée de manière appropriée et lui a fourni un manteau à porter par-dessus ses vêtements.

Le tribunal assure avoir ouvert une enquête sur les faits en question.

Une photo montre Gross, vêtue d’une chemise à manches courtes au tribunal. Elle a déclaré à la Douzième chaine qu’elle satisfaisait aux règles pour comparaître devant le tribunal rabbinique.

« On m’a demandé de porter une cape, pas une veste ou un cardigan, une vraie cape qui couvre tout, comme si ma chemise était provocante ou quelque chose comme ça », a déclaré Gross, qui travaille avec Mavoi Satum depuis deux ans et demi. L’organisation a près de 30 ans d’expérience dans l’aide aux femmes au sein du système judiciaire rabbinique.

« Cela a été très embarrassant pour moi, très dégradant, parce que je suis orthodoxe et que je représente l’organisation Mavoi Satum, et ce n’était pas la première fois », a-t-elle déclaré.

Gross n’a pas protesté sur le moment, « afin de ne pas nuire à l’audition de cette femme, qui attend depuis longtemps une audience ».

Mavoi Satum a fait savoir par communiqué : « Nous sommes choqués par la demande, insultante et dégradante, faite à la travailleuse sociale Tami Gross par l’employé du tribunal de Haïfa de porter un manteau. »

« Le tribunal a choisi d’insulter et blesser une employée de l’organisation, une femme religieuse et mère de cinq enfants. Pour nous, une ligne rouge a été franchie et nous condamnons fermement ce comportement », a déclaré Mavoi Satum.

Dans la loi juive, les femmes « enchaînées », ou agunot, sont celles dont les maris refusent d’accorder le divorce – « guet » en hébreu – ou sont physiquement incapables de le faire. Ces femmes vivent dans une incertitude juridique totale, car elles ne sont plus vraiment mariées mais elles ne peuvent pas pour autant passer à autre chose.

En Israël, où n’existe que le mariage religieux ou le divorce, ces femmes sont légalement piégées. Avoir d’autres relations amoureuses leur est difficile, car cela constitue techniquement un adultère.

Avoir des enfants avec d’autres hommes est également une question complexe, car ces enfants encourent le risque d’être considérés comme illégitimes (« mamzer » en hébreu) en vertu de la loi juive, ce qui les prive presque totalement du droit de se marier.

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