Une vidéo du Hamas montre des otages forcés de regarder la libération d’autres captifs
Les familles et les sympathisants dénoncent une "torture psychologique" ; Evyatar David et Guy Gilboa-Dalal implorent d'être libérés - avec des propos vraisemblablement préparés au préalable

Le Hamas a diffusé samedi une vidéo montrant les otages israéliens Evyatar David et Guy Gilboa Dalal assistant, sous la contrainte, à la libération d’autres captifs. Sur ces images, ils supplient d’être à leur tour sauvés.
Ces images, qui ont été qualifiées « d’écœurantes » par des membres de leurs familles, ont entraîné un sentiment de colère et de dégoût en Israël – un sentiment renforcé par l’habitude qui semble avoir été prise par le Hamas d’utiliser les otages dans le cadre de sa propagande. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué « l’humiliation » des captifs par le groupe terroriste et il a annoncé sa décision de reporter la libération de prisonniers palestiniens, prévue initialement samedi, jusqu’à ce que le Hamas s’engage à ne plus diffuser de telles séquences.
Les images rendues publiques par le groupe terroriste montrent les deux hommes dans un véhicule, assistant à la cérémonie de remise en liberté d’Omer Shem Tov, d’Eliya Cohen et d’Omer Wenkert dans le quartier de Nuseirat, dans le centre de Gaza. Les captifs supplient Netanyahu d’obtenir leur libération.
Sur cette vidéo, les deux meilleurs amis regardent, depuis le véhicule, l’estrade où se déroule la cérémonie de transfert des ex-captifs à la Croix rouge. Ils se couvrent le visage à plusieurs reprises avec les mains.
« Sauvez-nous, je vous en prie », répètent-ils à plusieurs reprises dans la séquence qui dure deux minutes, avec des expressions et des manifestations de désarroi exagérées qui semblent avoir été dictées par leurs ravisseurs armés. Certains de ces geôliers apparaissent dans le clip.
Ces images sont le premier signe de vie de David à avoir été rendu public depuis son enlèvement, avec sa conjointe, lors du carnage qui avait été commis au festival de musique électronique Nova, le 7 octobre 2023. La famille de Gilboa-Dalal avait appris qu’il était toujours en vie au mois de juin dernier.
« C’est le meilleur signe de vie que je puisse demander, mais d’un autre côté, il n’y a rien de plus cruel que ces images », a commenté Ilan Dalal, le père de Gilboa-Dalal, devant les caméras de la chaîne d’information N12. « Ce n’est pas surprenant dans la mesure où c’est le Hamas, mais nous atteignons ici un nouveau degré de torture ».
Les familles des deux hommes ont autorisé les médias israéliens à diffuser la vidéo. Ilan Dalal a fait savoir qu’il espérait qu’elle pourrait aider à gagner des soutiens en faveur de la poursuite du fragile cessez-le-feu à Gaza, et d’obtenir la remise en liberté des otages restants.
« Ils les ont forcés à assister à la libération de leurs amis avant de les renvoyer dans les tunnels », a-t-il dit, des propos qui ont été rapportés par Israel Hayom. « Ils ne peuvent pas continuer ainsi. C’est tout simplement inhumain. »

Il a noté que son fils semblait amaigri et effrayé, mais qu’il ne semblait pas avoir de blessures visibles dues au calvaire qu’il vit actuellement.
Après avoir vu la séquence, la sœur de David, Yeela, a dit que les membres du Hamas étaient des « monstres », ajoutant dans une publication postée sur Instagram que « ils sont vivants. Ils les ont mis tous les deux dans la situation la plus horrible, la plus diabolique qui puisse exister ce matin. Il n’y a pas aucune limite au cynisme détraqué de ces monstres. Je vous admire, mes frères ».
Le Forum des familles d’otages et de portés-disparus a déclaré que la vidéo était un « acte de torture psychologique » et « un spectacle de cruauté écœurant ».
« Chaque seconde compte. Nos proches souffrent, ils sont torturés et ils meurent dans les tunnels sombres et étouffants du Hamas », a noté l’organisation dans un communiqué.
« Ce cauchemar ne peut pas se poursuivre un jour de plus », a-t-elle ajouté, exhortant Netanyahu et le président américain Donald Trump à parvenir à un accord pour rapatrier tous les captifs qui sont encore dans les geôles du Hamas, à Gaza.
Hamas’ evil depravity knows no bounds. The inhumane treatment of innocent Israeli hostages forced to watch others return home while they were then taken back into captivity further exposes that this is a war is between good and evil.
At the very moment that the video was…
— Elise Stefanik (@EliseStefanik) February 22, 2025
La représentante de New York, Elise Stefanik, une proche de Trump qui est aujourd’hui en lice pour le poste d’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a dit que des parents de David et de Gilboa-Dalal assistaient au discours prononcé par Trump à la CPAC, une conférence réunissant la droite conservatrice américaine à Washington, au moment où la vidéo a été diffusée.
« La dépravation diabolique du Hamas ne connaît pas de limites », a-t-elle déploré sur X.
Le frère de Guy Gilboa-Dalal, Gal Dalal, a pris part, jeudi, à une table ronde de la CPAC en compagnie d’autres parents d’otages.

Gal avait vu Guy, qui avait 22 ans à l’époque, alors qu’ils se trouvaient à la rave-party Supernova, le 7 octobre 2023. Ils avaient eu le temps de prendre un selfie ensemble avant que les hommes armés ne prennent d’assaut le sud d’Israël, à l’aube.
Ils ont été séparés. Gal était parvenu à s’échapper, courant pendant des heures. Guy avait été kidnappé.
David, qui avait 23 ans, avait également été pris en otage lors de la rave. Les deux jeunes avaient été vus ligotés et emmenés dans un tunnel sur des images en provenance de la bande, ce jour-là. Israël affirme que 251 personnes avaient été enlevées et que plus de 1 200 autres avaient été massacrées lors du pogrom commis par les terroristes du Hamas dans le sud de l’État juif, une attaque sanglante qui a été à l’origine de la guerre à Gaza.

Six otages ont été remis en liberté samedi : Tal Shoham, Shem Tov, Wenkert, Cohen et Avera Mengistu et Hisham al-Sayed – ces deux derniers étaient retenus en captivité à Gaza depuis une dizaine d’années, après y être entrés de leur plein gré.
David et Gilboa-Dalal figurent sur la liste des otages qui devraient être relâchés dans le contexte de la deuxième phase de l’accord, dont les détails doivent encore être finalisés, via une médiation internationale, entre Israël et le groupe terroriste au pouvoir à Gaza.

Peu après la diffusion de la vidéo, le bureau de Netanyahu a annoncé qu’il avait décidé de retarder la libération prévue de quelque 600 détenus palestiniens jusqu’à ce que le Hamas renonce à mettre en scène des « cérémonies humiliantes » lors des libérations d’otages.
« Au vu des violations répétées qui ont été commises par le Hamas – avec notamment des cérémonies qui avilissent nos otages et l’utilisation cynique de nos otages à des fins de propagande – il a été décidé de retarder la libération des terroristes qui était prévue pour hier jusqu’à ce que la prochaine libération d’otages soit garantie, et ce en l’absence de toute cérémonie dégradante », a dit un communiqué émis par le bureau du Premier ministre.
Une déclaration qui a suivi une vague de colère viscérale en Israël et dans le monde après que le Hamas a exposé les cercueils contenant les corps sans vie des otages qui ont été tués en captivité, organisant une cérémonie qui a marqué la remise des dépouilles à la Croix Rouge.

Dans les cercueils, les corps sans vie de Kfir et d’Ariel Bibas, qui avaient respectivement dix mois et quatre ans lorsqu’ils avaient été kidnappés et assassinés. Un autre cercueil contenait le corps d’Oded Lifshitz, un militant pour la paix qui était âgé de 83 ans lorsqu’il avait été enlevé et tué.
Un quatrième cercueil devait contenir le corps sans vie de Shiri Bibas, la mère des deux enfants – mais il s’était ensuite avéré que la dépouille était celle d’une Gazaouie. Le corps sans vie de Shiri Bibas semble n’avoir été restitué à Israël que dans la nuit de vendredi à samedi.
Les groupes terroristes de la bande de Gaza détiennent encore 63 otages – dont 62 des 251 personnes qui avaient été kidnappées par les terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. Parmi eux se trouvent les corps sans vie d’au moins 36 personnes dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.