US: Le débat sur la réforme détourne Israël de la lutte contre la violence en Cisjordanie
Selon la secrétaire d’État adjointe, qui déplore l'inaction israélienne, les dirigeants régionaux sont préoccupés par les troubles au-delà de la Ligne verte
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le débat qui fait rage en Israël autour de la réforme judiciaire distrait le gouvernement du traitement des tensions en Cisjordanie, a déclaré jeudi une responsable américaine.
« La focalisation de l’attention [sur la réforme], ces dernières semaines et même ces trois derniers mois, a également eu pour effet de détourner l’attention de questions pourtant urgentes, concernant les Palestiniens de Cisjordanie », a déclaré la secrétaire d’État adjointe en charge des Affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, lors d’un briefing sur son récent voyage dans la région. qui n’a pas compté d’étape en Israël.
« Les dirigeants de la zone m’ont fait part, à plusieurs reprises, de leurs inquiétudes quant à l’insécurité et l’instabilité en Cisjordanie », a déclaré Leaf en réponse à une question.
La « capacité d’Israël à y faire face est quelque peu limitée par les problèmes liés aux manifestations publiques et au débat sur le projet de réforme judiciaire », a-t-elle affirmé.
Des manifestations de grande ampleur ont eu lieu ces trois derniers mois, à raison de deux rassemblements hebdomadaires, en réaction au projet de loi, qui, selon les critiques, aurait pour effet de politiser l’activité de la Cour Suprême, supprimer les contrepouvoirs et remettre en cause le caractère réellement démocratique d’Israël.
Les partisans de la réforme estiment pour leur part qu’elle a vocation à réfréner l’activisme du système judiciaire, qui protège les intérêts de gauche au détriment des politiques que la majorité souhaite mettre en œuvre.
Les épisodes de violence entre Israël et les Palestiniens n’ont eu de cesse d’augmenter depuis le début de cette année.
Ces derniers mois, les attentats palestiniens en Israël et en Cisjordanie ont fait 15 morts – presque tous israéliens – et plusieurs blessés graves.

Depuis le début de cette année, pas moins de 86 Palestiniens ont été tués, la plupart lors d’attentats ou d’affrontements avec les forces de l’ordre, mais des civils ont également trouvé la mort dans des circonstances qui font toujours l’objet d’une enquête.
Les États-Unis ont envoyé de hauts responsables, parmi lesquels Leaf, pour participer à deux sommets régionaux, à Aqaba et Charm el-Cheikh, et faire en sorte d’apaiser les tensions.
Leaf a déclaré que les deux parties avançaient dans la bonne direction mais « très lentement et plutôt laborieusement ».

Elle s’est dite encouragée par un début de mois de ramadan plutôt calme et le fait que « les deux parties aient fait état de bonnes intention ».
« Mais la réalité du terrain fait souvent obstacle aux meilleures intentions », a-t-elle ajouté.
Leaf n’a pas fait état des récentes critiques du président américain Joe Biden à l’égard de Benjamin Netanyahu, tout comme elle s’est abstenue de nommer des dirigeants israéliens.
Mardi, Biden a demandé á Netanyahu de « renoncer » à son projet de réforme judiciaire, se disant « très préoccupé » par la santé de la démocratie israélienne et avertissant qu’Israël « ne pouvait pas continuer dans cette voie ».

« Comme beaucoup de fervents partisans d’Israël, je suis très inquiet. Et j’aimerais vraiment qu’ils mettent rapidement les choses au clair », avait déclaré Biden aux journalistes qui l’interrogeaient sur la vitalité de la démocratie israélienne et la tentative de Netanyahu d’encadrer strictement le système judiciaire.
Biden avait également répondu « non » à la question de savoir s’il inviterait Netanyahu à la Maison Blanche, ajoutant: « Pas à court terme ».
Netanyahu avait rapidement réagi en insistant sur le fait qu’il cherchait à rétablir par voie de consensus le « bon équilibre entre les trois branches du pouvoir ».
Il avait par ailleurs vertement critiqué Biden, affirmant qu’Israël « est un Etat souverain qui prend ses décisions par la volonté de son peuple et non sur la base de pressions étrangères, fussent-elles de ses meilleurs amis ».
En signe d’apaisement, la Maison Blanche s’est réjouie mercredi de divers points de la réponse de Netanyahu.