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USA : Deux fois moins d’enfants juifs dans les Talmud Torah depuis 2006

Alors que le nombre d'enfants dans les écoles juives a augmenté de 17 %, le nombre d'inscrits aux programmes complémentaires a diminué de 45 %

Des enfants allument des bougies au Talmud Torah "Yachad" à Oak Park, dans le Michigan. (Crédit : Yachad via JTA)
Des enfants allument des bougies au Talmud Torah "Yachad" à Oak Park, dans le Michigan. (Crédit : Yachad via JTA)

JTA – En vivant à Brooklyn, entourés de synagogues et d’écoles juives, Rachel Weinstein White et son mari espéraient trouver un endroit où leurs enfants pourraient suivre une instruction juive à raison de quelques heures par semaine.

Mais ils savaient qu’ils ne voulaient pas les inscrire dans un Talmud Torah affilié à une synagogue du quartier. Déjà, parce que White ne souhaitait pas, à ce moment, prendre part aux offices, et parce que son mari était Noir, non-juif et qu’elle ne savait pas trop comment ses enfants seraient accueillis.

Donc, il y a environ huit ans, elle a lancé, avec quelques familles, son propre programme en créant une association, en embauchant un enseignant et en créant des « classes capsules », bien avant que la pandémie ne popularise ce fameux concept.

« C’était incroyable, une année magique », a raconté White. « De nombreuses personnes avaient entendu parler de notre petite classe et ont voulu s’y inscrire, au point qu’il a fallu ouvrir une deuxième classe… A partir de là, tout a naturellement pris de l’ampleur. »

Aujourd’hui, l’école Fig Tree compte 350 élèves dans trois bâtiments distincts et il est question de s’agrandir encore. Pendant les cours, qui ont lieu le dimanche et pendant le week-end, les enfants étudient les fêtes juives, l’Histoire juive, font des travaux manuels, découvrent leur communauté et apprennent l’hébreu, et le programme arrive à son apogée lors de l’année de leur majorité religieuse. Il se recoupe de manière significative avec les Talmud Torah traditionnels, mais en dehors du cadre habituel – une salle de classe de synagogue – qui est devenu synonyme, pour les Juifs américains, d’une éducation juive ânonnée et insipide.

Cette dynamique explique peut-être pourquoi Fig Tree fait figure d’exception à la tendance révélée dans un nouveau rapport, qui établit que les inscriptions dans les écoles juives complémentaires ou Talmud Torah – celles que les élèves fréquentent en plus de leur scolarité normale dans des écoles publiques ou privées laïques – ont diminué de près de la moitié au cours des 15 dernières années.

Alors que le nombre estimé d’enfants juifs aux États-Unis a augmenté de 17 % entre 2000 et 2020, les inscriptions dans les Talmud Torah ont chuté d’au moins 45 % entre 2006 et 2020, selon le rapport du Jewish Education Project, une organisation à but non lucratif qui encourage l’innovation éducative et soutient les éducateurs juifs dans un large éventail de contextes.

Le rapport identifie des poches de croissance, principalement dans le petit nombre de programmes comme Fig Tree qui fonctionnent en marge des synagogues, et dans les écoles gérées par le mouvement hassidique Habad-Loubavitch. Mais dans l’ensemble, selon le rapport, seuls 141 000 enfants fréquentent les Talmud Torah aux États-Unis et au Canada, contre plus de 230 000 en 2006 et 280 000 en 1987.

Illustration : Les élèves de la Harlem Hebrew Academy Charter School ont intégré l’hébreu dans toutes les matières, à l’exception des arts du langage en anglais. (Autorisation Hebrew Public)

La baisse des inscriptions dans les Talmud Torah est en partie compensée par l’augmentation des inscriptions dans les écoles juives classiques, où les élèves étudient des matières juives pendant au moins une partie de la journée. Selon le rapport, le nombre d’enfants américains fréquentant les écoles juives a augmenté à peu près dans les mêmes proportions (90 000) que la baisse des inscriptions dans les Talmud Torah depuis 2006, bien qu’une part importante de cette augmentation soit due à la croissance de la population dans les communautés orthodoxes, où la grande majorité des élèves fréquentent les écoles juives.

Miriam Heller Stern, professeur au Hebrew Union College-Jewish Institute of Religion, qui a participé à la conception de l’étude, a déclaré que les résultats suggèrent que, comme pour de nombreux aspects de la vie religieuse aujourd’hui, l’inscription dans les Talmud Torah ne peut pas être considérée comme un acte d’obligation ou de tradition.

« Il y a cette idée que les parents envoient leurs enfants au Talmud Torah parce qu’ils ont eux-mêmes fréquenté un Talmud Torah et que c’est un rite de passage en Amérique du Nord, mais c’est peut-être un mythe », a-t-elle déclaré. « Les gens ne veulent plus pousser leurs enfants à faire nécessairement la même chose qu’eux. »

Le rapport spécule sur les causes de la baisse des inscriptions – des changements démographiques à l’évolution de la façon dont les Juifs américains envisagent la lutte contre l’antisémitisme, en passant par l’accès accru à l’enseignement juif en ligne – et aussi sur ce qui a permis à certaines écoles de prospérer. Il note que tous les Talmud Torah qui ont répondu à son recensement ont déclaré que leurs structures aidaient les enfants à se sentir liés au peuple juif.

« Nous pensons que de nombreux facteurs ont conduit à la baisse des inscriptions dans les Talmud Torah au cours de la dernière décennie », a expliqué David Bryfman, directeur général du Jewish Education Project. « Cependant, le fait que toutes les écoles complémentaires ne fonctionnent pas est également un mythe.

Le groupe prévoit une série de sessions en ligne avec quelques-uns des dizaines de chercheurs et de praticiens impliqués dans le rapport, dont l’un des objectifs est de partager les réussites identifiées par l’enquête. Parmi les six modèles identifiés dans le rapport, un thème commun est la promotion de l’apprentissage par l’expérience, basé sur la communauté. Certains des modèles prometteurs se positionnent explicitement comme intégrant un contenu juif dans les services de garde d’enfants, répondant ainsi à un besoin pressant chez les familles américaines.

Illustration : un panneau d’affichage dans une école juive de Toronto. (Crédit : Dana Wachter/Times of Israel)

Cependant, il peut être difficile de contrer les réalités démographiques des Juifs américains contemporains : un tiers seulement des Juifs américains interrogés en 2020 ont déclaré qu’un membre de leur foyer était membre d’une synagogue. C’était le cas même pour la majorité des juifs non orthodoxes qui déclaraient s’identifier à une mouvance particulière, un marqueur de l’engagement traditionnel.

Le déclin de l’affiliation à une synagogue est confirmé par le rapport du Jewish Education Project, qui a constaté que plus de 700 Talmud Torah purement et simplement fermé entre 2006 et 2020, bien que 200 d’entre elles aient survécu sous une nouvelle forme après avoir fusionné.

Temple Solel, une petite congrégation réformée de Fort Mill, en Caroline du Sud, a fermé son Talmud Torah récemment. Le programme, géré par des bénévoles, accueillait jusqu’à huit élèves à la fois, selon Russ Cobe, un responsable laïc.

« Nous avons atteint un point où nous n’étions plus en mesure de le maintenir », a expliqué Cobe. « Nous n’avions que deux personnes pour enseigner et des étudiants d’âges très divers qui ne venaient pas toutes les semaines. Par ailleurs, nous avons l’impression de nous adresser à des personnes ayant l’âge de la retraite ou plus. Nous n’avons pas beaucoup de jeunes familles. »

Les fusions de Talmud Torah peuvent être une option pour contrer la baisse des inscriptions. Deux synagogues, l’une réformée et l’autre conservatrice, situées à 500 mètres l’une de l’autre à Oak Park, dans le Michigan, ont créé une école commune il y a environ sept ans et l’ont appelée Yachad, « ensemble » en hébreu.

« Un jour par semaine, nous nous réunissons dans la congrégation conservatrice et un jour par semaine dans la congrégation réformée, ce qui permet à nos enfants de participer aux deux activités », a décrit Gail Greenberg, directrice de Yachad. « Mon objectif est d’atteindre le plus grand dénominateur commun. Par exemple, toute notre nourriture est casher, de sorte que tous ceux qui veulent manger ici peuvent le faire. »

Illustration : une salle de classe à la Lippman School, une école juive d’Akron, dans l’Ohio, en août 2014. (Crédit : Uriel Heilman)

L’arrangement semble fonctionner. L’année dernière, environ 90 élèves étaient inscrits, et cette année, l’effectif est de 128, dont 26 nouveaux élèves de maternelle, et l’on s’attend à ce que ce nombre augmente encore à l’avenir.

Un autre groupe de programmes a connu une croissance spectaculaire ces dernières années : ceux affiliés au mouvement Habad, qui ont tendance à fonctionner même s’ils sont de petite taille et coûtent moins cher que les programmes des synagogues. Depuis 2006, l’étude indique que la part de marché de Habad en termes d’inscriptions est passée de 4 % à 10 %, et en termes de nombre d’écoles de 13 % à 21 %.

Selon Zalman Loewenthal, directeur de CKids, le réseau Habad de programmes pour enfants, ces chiffres pourraient être inférieurs à la réalité. Alors que l’étude indique qu’il existe quelque 300 programmes Habad aux États-Unis, Zalman Loewenthal affirme qu’il en connaît au moins 500 et peut-être même 600 – un nombre qui a augmenté au cours de la dernière décennie dans le cadre d’une campagne de Chabad visant à ouvrir davantage de Talmud Torah. Son décompte est basé sur le nombre de clients qui achètent le programme proposé par son organisation, ce qui est également nouveau depuis une dizaine d’années et qui, selon lui, a contribué à améliorer la qualité des Talmud Torah de Habad.

D’une manière générale, les approches non traditionnelles de l’éducation juive peuvent se révéler attrayantes à une époque où les familles américaines ont des emplois du temps chargés et des besoins concurrents, selon Stern.

« Les gens veulent avoir la possibilité de suivre des cours à la carte, tout comme ils s’inscrivent à un cours d’art de six semaines, ils pourraient vouloir un cours de judaïsme de six semaines », a-t-elle déclaré. « Dans ce contexte, certaines communautés trouvent des moyens d’être plus modulaires et plus flexibles, et de répondre aux besoins des gens de différentes manières. »

Mme Stern a également déclaré, en se référant à six programmes présentés dans l’étude comme des exemples de réussite, que l’avenir exige que les programmes offrent une expérience « immersive », ce qui signifie que les enfants deviennent partie intégrante d’une communauté.

« Ils acquièrent quelque chose qui va au-delà de la simple connaissance », a assuré Mme Stern. « Ils acquièrent également des liens et un sentiment d’appartenance, ce qui jette les bases de quelque chose de plus grand dans leur vie. »

Mme Stern estime que le rapport met en évidence des lacunes dans la manière dont les communautés juives américaines répartissent leurs ressources.

« L’éducation complémentaire a vraiment été abandonnée en tant que priorité communautaire », a-t-elle déclaré. « Les communautés individuelles ont dû trouver des moyens de le financer elles-mêmes. Je pense que c’est en partie la raison pour laquelle nous assistons à un déclin. »

M. Bryfman se dit optimiste, à la fois sur le pouvoir des Talmud Torah et sur la possibilité qu’elles génèrent un nouveau soutien de la part des donateurs juifs.

Le Jewish Education Project a cherché à obtenir des fonds extérieurs pour financer son étude et n’y est pas parvenu. Mais maintenant que les chiffres sont clairs, il commence à voir l’intérêt des philanthropes.

« Je ne veux pas compter les dollars avant qu’ils ne soient accordés », a déclaré M. Bryfman. « Mais l’étude commence déjà à avoir l’effet escompté, à savoir l’apport de ressources supplémentaires dans ce domaine.

Fig Tree n’est pas en mesure de bénéficier d’une éventuelle augmentation des investissements caritatifs dans le domaine de l’éducation juive. En effet, l’école est organisée comme une entreprise, ce qui témoigne de sa confiance dans sa croissance et la met à l’abri des aléas de la philanthropie.

« Il s’agit d’un modèle très inhabituel pour l’éducation juive et je dirais même d’un modèle autosuffisant », a explique Rachel Weinstein White. « Nous n’avons pas besoin de collecter des fonds… et nous ne sommes pas tenus de respecter les autres exigences d’une organisation à but non lucratif, ce qui nous permet d’être plus souples. »

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