USA : Une députée démocrate crée la polémique en parlant d’Israël, « l’État raciste »
Jayapal s'est rétractée face au tollé provoqué, disant qu'elle ne parlait pas du pays "en tant que nation" mais d'un gouvernement qui se livre à des politiques racistes

Une puissante démocrate de la Chambre qui avait déclaré qu’Israël était un « État raciste », dimanche, est revenue sur ses paroles après avoir suscité l’indignation de ses collègues et des dirigeants du parti.
Le représentante Pramila Jayapal de Washington, présidente du Caucus progressiste au Congrès, fort de cent membres, a tenu ces propos samedi lors de Netroots Nation, une conférence progressiste à Chicago, lorsqu’elle a rencontré des manifestants pro-palestiniens lors d’une session.
« En tant que personne qui a vécu dans les rues et qui a participé à de nombreuses manifestations, je pense que je veux que vous sachiez vraiment que nous avons tout fait pour établir clairement qu’Israël est un État raciste, que le peuple palestinien mérite l’auto-détermination et l’autonomie, que le rêve de la solution deux États semble nous échapper, qu’il ne semble même plus possible », a-t-elle commenté.
Des propos qui ont paru particulièrement notables dans la mesure où ils ne sont pas venus des membres de la « Squad » – le groupe progressiste réunissant seulement huit démocrates – mais plutôt d’un caucus beaucoup plus établi qui représente plus de 20 % des membres de la Chambre.
Ses propos ont entraîné une réponse de la part des leaders Démocrates de la Chambre qui ont émis un communiqué conjoint le jour suivant – un communiqué qui n’a pas mentionné le nom de Jayapal mais qui s’est désolidarisé de ses propos. Une lettre distincte, écrite par les membres démocrates juifs du congrès – une lettre qui réunit encore des signatures – a aussi décrié les paroles prononcées par la députée progressiste et ils ont répété le soutien apporté par les signataires à Israël et à la solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
« Israël n’est pas un état raciste », a ainsi commencé le courrier écrit par le leader de la minorité, Hakeem Jeffries, et par trois autres membres démocrates du Congrès. La missive a cité les promesses de démocratie et d’égalité des droits inscrits dans la déclaration d’Indépendance et il a réaffirmé le soutien apporté au droit à l’existence d’Israël des auteurs de la lettre, même s’il a ajouté qu’il « y a certainement des membres, au sein de la coalition de gouvernement actuel avec lesquels nous sommes fortement en désaccord ».
Jayapal a ensuite émis une clarification longue de quatre paragraphes sur Twitter, disant également qu’elle avait voulu critiquer le gouvernement israélien actuel – qui comprend des partis d’extrême-droite – et non son existence en tant qu’État.

« Les mots ont de l’importance et ainsi, il est important que je clarifie ma déclaration », a-t-elle écrit. « Je ne crois pas en cette idée d’Israël qui serait une nation raciste. Je pense néanmoins que le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahu s’est engagé dans des politiques racistes, discriminatoires, et qu’il y a des racistes extrémistes qui définissent cette politique au sein des responsables du gouvernement actuel ».
Cet accrochage survient quelques jours avant le discours qui sera prononcé devant une session conjointe du Congrès par le président israélien Isaac Herzog – un discours qui a d’ores et déjà entraîné des tensions parmi les démocrates de la chambre. Quatre membres progressistes du Congrès, qui ont critiqué avec ferveur Israël dans le passé, ont indiqué qu’ils boycotteraient l’allocution en signe de protestation.
Jayapal n’a pas dit si elle leur emboîterait le pas, mais elle critique depuis longtemps la façon dont Israël agit avec les Palestiniens et elle a joué un rôle dans des batailles législatives récentes liées au pays. En 2021, elle avait participé à une initiative – réussie – visant à séparer le vote portant sur le système de défense antimissile du Dôme de fer du vote sur le budget américain de la Défense. Une initiative qui était symboliquement significative mais qui, en fin de compte, n’avait pas entraîné le blocage de ce financement, ni sa réduction.
Dans leur lettre, les sept Démocrates juifs de la Chambre ont estimé que les propos de Jayapal étaient « inacceptables », ajoutant que « nous saluons sa rétractation ».
« Nous ne permettrons jamais à des voix antisémites qui épousent l’antisémitisme de détourner le parti démocrate et le pays », a noté la missive.