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Valls « aurait aimé » qu’Abdelkader Merah soit condamné de complicité d’assassinats

L'ex-Premier ministre dit comprendre la réaction de déception de Latifa Ibn Ziaten

Manuel Valls à l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier diffusée le 16 janvier 2016 (Crédit : Capture d’écran YouTube)
Manuel Valls à l'émission On n'est pas couché de Laurent Ruquier diffusée le 16 janvier 2016 (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Manuel Valls « aurai(t) aimé » que la justice condamne Abdelkader Merah pour la « complicité d’actes de terrorisme », alors que la cour d’assises spéciale de Paris a condamné le frère du tueur de Toulouse et Montauban pour association de malfaiteurs terroriste, mais l’a acquitté de la « complicité d’assassinat ».

« Parce que j’ai été Premier ministre, parce que j’ai une certaine idée de la République et du sens de l’Etat, je ne critiquerai jamais une décision de justice. Et je ne dirai jamais que la justice est naïve », a déclaré l’ancien Premier ministre au « Grand rendez-vous Europe 1/CNEWS/Les Echos ».

« Je comprends la réaction de Latifa (Ibn Ziaten, mère d’une des victimes de Mohammed Merah qui a estimé après le verdict qu' »on est trop naïf en France », NDLR), une femme d’un courage exceptionnel, qui parcourt le pays pour convaincre, pour extirper la haine, l’islamisme radical ».

« Je préfère qu’on parle de cette femme que de la mère des frères Merah, qui n’a pas été digne, chacun a pu le constater, dans ses expressions », a poursuivi le député de l’Essonne.

La mère de la fratrie Merah, Zoulikha Aziri, s’est livrée à une défense acharnée mais souvent invraisemblable, de son fils Abdelkader. « Abdelkader n’a rien à voir dans l’histoire qui s’est passée. Ce qu’a fait Mohamed, c’est très grave mais il est mort », a d’emblée déclaré Zoulikha Aziri, vêtue d’une djellaba beige et d’un foulard moutarde pendant ses 03H30 de témoignage.

« Abdelkader, il était normal, ne posait pas de problème », a insisté la mère, présentant Mohamed comme « un fou » pour expliquer ses actes. « Depuis tout petit, il a eu des problèmes. Il me disait, ‘j’ai un homme qui me parle dans la tête’ « , a-t-elle raconté.

Zoulikha Aziri, la mère de Mohamed, Abdelkader et Souad Merah, au tribunal de Paris, avant l’ouverture du procès d’Abdelkader Merah, complice présumé de son frère, le 2 octobre 2017. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)

Une proche de la famille Merah avait alors raconté que Zoulikha Aziri lui avait dit après les attentats être fière de son fils pour « avoir mis la France à genoux ».

Abdelkader Merah est accusé de complicité dans les crimes de son frère Mohamed qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants, en mars 2012 à Toulouse et Montauban.

En complète contradiction avec le dossier et les témoignages entendus, Zoulikha Aziri, a dépeint dans une salle sous tension, l’image idyllique d’un accusé, « gentil à la maison » pratiquant « un islam normal » quand des proches ont décrit sa violence et son prosélytisme salafiste.

« C’est moi qui ai appris la religion, la prière à mon fils », « c’est moi qui l’ai envoyé en vacances et suivre des cours en Egypte », a-t-elle notamment affirmé.

Quant à Olivier Corel, « l’émir blanc », référent d’Abdelkader et fondateur de la communauté d’Artigat dont sont issus de nombreux jihadistes, elle dit de lui que « c’est un éleveur de moutons ». « C’est Mohamed qui était dans l’extrême de la religion », dit-elle.

Sur son mariage avec Mohamed Essid, père de Sabri Essid, parti combattre en Syrie, elle explique encore que c’est Mohamed qui l’a voulu, alors qu’Abdelkader lui-même a reconnu l’avoir organisé.

Enfin, quand on évoque son antisémitisme, rapporté notamment par l’ex-compagne de son fils aîné, elle avance: « Tous mes médecins sont juifs » et provoque des ricanements dans la salle.

Son attitude jugée insupportable a provoqué la colère des parties civiles: « les familles attendent la vérité depuis cinq ans », lui a hurlé Mehana Mouhou, avocat de la famille d’Imad Ibn Ziaten, le premier soldat tué par Mohamed Merah.

« Vous êtes méchants, vous êtes de la merde », a lancé à la mère de Mohamed Merah le frère d’Imad Iban Ziaten, en pleurs avant de quitter la salle soutenu par un proche.

« C’est la mère d’un mort », a avancé Me Dupond-Moretti pour les calmer, provoquant en retour de vives protestations du public et des parties civiles debout.

Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat d’Abdelkader Merah, à l’ouverture de son procès, à Paris, le 2 octobre 2017. (Crédit : Martin Bureau/AFP)

« Oui, cette femme a menti sur un certain nombre de points, c’est une évidence », a convenu Me Dupond-Moretti, mais on ne peut pas demander à une mère de témoigner contre son fils. « Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils », a-t-il ajouté en référence à la célèbre phrase d’Albert Camus.

« Dire que cette femme a perdu son fils n’est pas une injure faite aux autres victimes. Les larmes s’additionnent, elles ne s’opposent pas », a-t-il lancé avant que la mère ne quitte la salle escortée par des gendarmes.

Au final, Zoulikha Aziri aura gardé le silence sur un point clef de la procédure: les connexions effectuées à son domicile le 4 mars 2012 vers 23H00 à une annonce postée par la première victime sur le site « le bon coin » pour vendre sa moto. Imad Ibn Ziaten avait précisé qu’il était militaire, ce détail lui sera fatal.

« Il n’y avait personne chez moi, j’étais seule », a affirmé la mère. Elle reconnaît qu’Abdelkader était bien chez elle vers 19H30, mais affirme qu’il n’est resté que 20 minutes avant de partir et dit ne pas avoir vu Mohamed. L’enquête n’a pas permis de déterminer qui s’est connecté.

Latifa Ibn Ziaten (Crédit : Capture d’écran BFMTV)

Pour Manuel Valls, le verdict « acte au moins la complicité idéologique ».

« C’est vrai que le passage de la complicité idéologique à la complicité du terrorisme, c’est un passage ténu, très fragile. A titre personnel, évidemment, peut-être les uns et les autres, en tout cas moi, j’aurais aimé qu’il soit condamné aussi de complicité d’actes de terrorisme ».

Par ailleurs, « un terroriste, un complice, un idéologue du terrorisme peut être, et c’est normal dans une démocratie, défendu. C’est ça aussi la France, et c’est cette France-là contre laquelle d’ailleurs les terroristes portent des coups. C’est important de le souligner », a dit M. Valls au terme de ce procès parfois houleux.

« Attendons de voir si, dans un deuxième procès, on considère qu’il a été très directement complice des actes de son frère. Moi, je crois qu’il est profondément complice des actes de son frère, puisque c’est lui l’idéologue, c’est lui qui, d’une certaine manière, arme Mohamed Merah », a insisté Manuel Valls.

Le parquet général de Paris fait appel du verdict de la cour d’assises qui a condamné jeudi Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste, mais l’a acquitté du chef de complicité des assassinats commis par son frère Mohamed en 2012.

Pour l’ancien Premier ministre, citant également la profanation de la stèle d’Ilan Halimi, l’antisémitisme en France « est profond. Il se déchaîne actuellement et certains veulent le minimiser ».

« Je dénonce depuis longtemps la duplicité de Tariq Ramadan« , islamologue et théologien visé par deux récentes plaintes pour viol, « ce soi-disant intellectuel, promoteur de la charia, prédicateur islamique qui a fait un mal terrible à notre jeunesse, avec ses cassettes, ses prêches dans nos mosquées, ses invitations sur les plateaux, ses amitiés, ses complicités, je pense à Edwy Plenel », le directeur de Mediapart, a asséné M. Valls.

M. Valls a reproché à « une partie de la presse » d’avoir « abdiqué » face à l’islamisme radical.

« Je pense aux Inrockuptibles, je pense au Bondy Blog. Quand on reçoit, et qu’on a reçu (Tariq Ramadan) y compris sur cette antenne, Europe 1, et c’est toujours le même journaliste, Frédéric Taddeï, qui le reçoit depuis des années comme avant il avait reçu des personnalités comme Dieudonné ou (Alain) Soral », « alors on abdique ».

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