Washington « condamne fermement l’attaque terroriste » déjouée en Arabie Saoudite
Douze civils ont été blessés jeudi par des fragments de drone tombés sur un aéroport saoudien après une attaque déjouée des rebelles yéménites

« Les Etats-Unis condamnent fermement l’attaque terroriste » déjouée jeudi en Arabie Saoudite, au cours de laquelle douze civils ont été blessés par des fragments de drone tombés sur un aéroport, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche dans un communiqué.
« Nous nous engageons à soutenir l’Arabie Saoudite dans la défense de son peuple et de son territoire contre ces attaques. L’Amérique se tiendra aux côtés de ses amis dans la région », a affirmé Jake Sullivan, peu après cette attaque des rebelles yéménites Houthis, proches de l’Iran.
Douze civils ont été blessés jeudi par des fragments de drone tombés sur un aéroport saoudien après une attaque déjouée des rebelles yéménites, au moment où les combats s’intensifient au Yémen voisin avec un nombre de victimes civiles ayant doublé ces derniers mois.
« Douze civils de nationalités différentes ont été blessés à l’aéroport d’Abha (après que) la défense saoudienne a détruit un drone lancé dans (sa) direction », a déclaré la coalition, citée par l’agence officielle du royaume SPA.

Plus tôt dans la journée, elle avait annoncé « quatre blessés civils parmi les employés et les voyageurs », des fragments du drone étant « tombés » dans la zone de l’aéroport international.
« Nous prendrons des mesures opérationnelles fermes pour répondre à la menace visant les aéroports civils et les voyageurs », a assuré la coalition.
« Le trafic aérien s’est arrêté pendant une courte période avant de reprendre à nouveau », a indiqué à l’AFP un responsable de l’aéroport ayant requis l’anonymat.
En réponse, la coalition a annoncé qu’elle allait « bombarder » des sites d’où les rebelles lancent des drones dans la capitale yéménite Sanaa que contrôlent les Houthis.
« Nous demandons aux civils de Sanaa d’évacuer dans les 72 prochaines heures les sites civils utilisés à des fins militaires », a prévenu la coalition citée par SPA.

Situé dans le sud-ouest saoudien, près de la frontière avec le nord du Yémen largement contrôlé par les Houthis, l’aéroport d’Abha est souvent pris pour cible par ces derniers, faisant rarement des victimes.
A Jazane, une région frontalière du Yémen, fréquemment ciblée elle aussi, deux personnes sont mortes et sept ont été blessées fin décembre, dans la première attaque meurtrière revendiquée par les rebelles yéménites dans le royaume saoudien en plus de trois ans.
Lors d’un entretien téléphonique avec le roi Salmane d’Arabie saoudite mercredi soir, le président américain Joe Biden a réaffirmé « l’engagement » des Etats-Unis à soutenir le royaume contre les attaques des Houthis, selon la Maison Blanche.
Les rebelles yéménites ont revendiqué jeudi l’attaque d’Abha, disant avoir visé un « site militaire important ». « Nous réitérons notre avertissement aux citoyens de rester à l’écart des sites militaires », a tweeté Yahya Saree, le porte-parole militaire des Houthis.
Cette dernière attaque en date des Houthis intervient au moment où le conflit au Yémen connaît une recrudescence des violences ces derniers mois, avec notamment une intensification des raids aériens de la coalition menée par Ryad.
Depuis janvier, les rebelles de leur côté multiplient les frappes sur les Emirats arabes unis, pilier de la coalition fortement impliqué dans les récentes offensives des forces loyalistes au Yémen. Le 17 janvier, une attaque sur Abou Dhabi avait fait trois morts et six blessés.
Une explosion de gaz a retenti à Abou Dhabi dans la nuit de mardi à mercredi, dans un contexte d’insécurité grandissant avec la crainte de nouvelles attaques des rebelles yéménites houthis qui ont lancé ces dernières semaines missiles et drones contre les Emirats arabes unis. L’ambassade américaine à Abou Dhabi avait émis une alerte sécuritaire après une importante explosion peu après minuit dans un immeuble de la rue Hamdan, au coeur de la ville.

Au Yémen, le nombre de civils tués ou blessés a lui « presque doublé » depuis l’éviction controversée en octobre dernier d’experts onusiens chargés d’enquêter sur les violations des droits humains dans ce pays, a dénoncé jeudi l’ONG Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avait refusé le 7 octobre 2021 de prolonger le mandat de ces experts, des ONG accusant l’Arabie saoudite d’avoir tout fait pour obtenir ce rejet.
« La suppression de cet organe essentiel d’enquête sur les droits humains nous a ramené à des violations horribles et hors de contrôle », a déploré dans un communiqué Erin Hutchinson, directrice de NRC au Yémen.
Créé en 2017, le groupe d’experts onusien avait accusé tous les belligérants d’avoir commis une « multitude de crimes de guerre » au Yémen : raids frappant les populations civiles, utilisation de la famine comme arme de guerre, torture, viols, détentions arbitraires, disparitions forcées, recrutement d’enfants soldats de moins de 15 ans.
Au total, au moins 377 000 personnes ont été tuées en sept ans de conflit selon l’ONU, une grande majorité en raison des conséquences indirectes des combats, comme la faim et les maladies, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique restant englué dans l’une des pires catastrophes humanitaires au monde.