Washington demande un vote du Conseil de sécurité sur une trêve Israël-Hamas
Biden a dévoilé fin mai un plan, selon lui, israélien, en trois phases d'une quarantaine de jours chacune pour passer d'un cessez-le-feu temporaire à une paix durable à Gaza
Les Etats-Unis ont annoncé dimanche avoir demandé un vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur une version modifiée de leur projet de résolution appelant Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à appliquer « sans délai » l’accord de cessez-le-feu à Gaza sur la table, sans préciser de date.
Le projet obtenu par le Times of Israel a supprimé une clause qui soulignait l’opposition à l’établissement de zones tampons de sécurité dans la bande de Gaza à la suite d’un retour de bâton de la part d’Israël.
Il y a plusieurs mois, Israël a commencé à travailler sur une zone tampon de sécurité du côté gazaoui de sa frontière méridionale, et certains responsables ont insisté sur le caractère temporaire de cette zone. Cette initiative a été condamnée par les États-Unis, mais un haut fonctionnaire israélien a déclaré au Times of Israel au début de l’année que l’opposition de Washington n’avait pas été aussi farouche à huis clos.
Le dernier texte comprend toujours une clause rejetant « toute tentative de changement démographique ou territorial dans la bande de Gaza, y compris toute action visant à réduire le territoire de Gaza ».
Le nouveau projet inclut également la « clause 14 » de la proposition israélienne d’accord sur les otages, qui stipule que le cessez-le-feu de six semaines de la première phase peut être prolongé tant que les pourparlers entre les parties au cours de cette phase – visant à finaliser les termes de la deuxième phase – se poursuivent.
En outre, le nouveau projet indique plus clairement qu’Israël « a accepté » la dernière proposition de prise d’otages, contrairement au texte de la version précédente, qui indiquait que l’offre la plus récente « est acceptable pour Israël ».
US has circulated another amended version of its UNSC resolution in support of Israel's latest ceasefire proposal ahead of tomorrow's expected vote
Clause stressing opposition to establishment of security buffer zones in Gaza has been removed following pushback from Israel (1/5) pic.twitter.com/jyoFfiMKX2
— Jacob Magid (@JacobMagid) June 10, 2024
Selon des sources diplomatiques, le vote est envisagé pour lundi, mais n’a pas été confirmé par la présidence sud-coréenne du Conseil.
« Aujourd’hui, les Etats-Unis ont appelé le Conseil de sécurité à aller vers un vote sur le projet américain de résolution (…) soutenant la proposition sur la table », a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la mission américaine à l’ONU, Nate Evans.
« Les membres du Conseil ne devraient pas laisser passer cette occasion et doivent parler d’une seule voix en soutien à cet accord », a-t-il ajouté, alors que les Etats-Unis, alliés d’Israël, ont été largement critiqués pour avoir bloqué plusieurs projets de résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Le président américain Joe Biden a dévoilé fin mai un plan, selon lui, israélien, en trois phases d’une quarantaine de jours chacune pour passer d’un cessez-le-feu temporaire à une paix durable à Gaza.
Les Américains et les autres médiateurs font clairement peser sur le Hamas la responsabilité première de l’accepter. Comme le met en lumière le projet de résolution.
La troisième version du texte distribuée dimanche aux Etats membres, vue par l’AFP, « salue » cette proposition. Elle assure aussi, contrairement aux précédentes versions, que le plan a été « accepté » par Israël.
Il appelle le Hamas « à également l’accepter et appelle les deux parties à appliquer pleinement ses termes sans délai et sans conditions ».
Répondant aux demandes faites par plusieurs Etats membres depuis le début des négociations il y a une semaine, le nouveau texte précise le contenu du plan.
Il indique ainsi, que si la première phase – cessez-le-feu « immédiat et complet », libération des otages emmenés par le Hamas et « échange » de prisonniers palestiniens, incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale et faits de terrorisme, retrait de l’armée israélienne des « zones peuplées de Gaza », et entrée de l’aide humanitaire – prend plus de six semaines, le cessez-le-feu sera maintenu « aussi longtemps que les négociations se poursuivront ».
Selon des sources diplomatiques, plusieurs membres du Conseil se sont montrés très réservés sur les deux précédentes versions du texte américain, en particulier l’Algérie, qui représente le groupe arabe, et la Russie, qui dispose d’un droit de veto.
Depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre contre Israël et la guerre qui s’en est suivie, le Conseil de sécurité peine à parler d’une seule voix.
Après deux résolutions principalement centrées sur l’aide humanitaire, il avait finalement exigé fin mars un « cessez-le-feu immédiat » pour la durée du ramadan, les Etats-Unis décidant cette fois de s’abstenir.
Après la décision fin mai de la Cour internationale de Justice ordonnant à Israël d’arrêter son offensive à Rafah, l’Algérie avait fait circuler un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt plus précisément de l’offensive à Rafah.
Les Etats-Unis avaient alors estimé qu’un tel texte « n’aiderait pas », privilégiant toujours les négociations sur le terrain pour parvenir à une trêve.