Washington est plus attentif que les Israéliens, dit le frère de Keith Siegel
Lee Siegel, né aux États-Unis, confie que s'il participait aux manifestations antigouvernementales l'année dernière, aujourd'hui il ne se rend plus qu'aux rassemblements pour les otages
Lee Siegel et plusieurs de ses proches ont rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken mercredi matin, pour discuter du sort du jeune frère de Lee, Keith Siegel, qui a la double nationalité israélienne et américaine et qui est détenu par le groupe terroriste palestinien du Hamas depuis plus de 200 jours.
Cette rencontre, à l’hôtel Kempinski de Tel Aviv, était la troisième entre Lee Siegel et Antony Blinken. Et comme à chacune de ses rencontres avec un membre du gouvernement américain, démocrate ou républicain, au cours des sept derniers mois, il n’a pu que constater que le soutien des dirigeants américains aux familles des otages israéliens était bien plus important que celui du gouvernement israélien.
« C’est une situation absurde qu’un citoyen israélien ait l’oreille des États-Unis sur la question des otages, mais pas celle de son propre gouvernement », a affirmé Siegel, qui est né aux États-Unis, au Times of Israel, en faisant référence aux rencontres relativement rares entre les membres du gouvernement israélien et les familles d’otages.
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Mercredi matin, Blinken et l’ambassadeur américain Jack Lew, ont rencontré des familles américaines ayant la double nationalité, notamment Aviva Siegel, l’épouse de Keith Siegel, qui a elle-même été libérée, et deux des enfants d’Aviva et de Keith. Les parents de l’otage Hersh Goldberg-Polin et la famille de Judith Weinstein Haggai et Gadi Haggai, tués le 7 octobre et dont les dépouilles ont été enlevées par le groupe terroriste Hamas, étaient également présents.
Siegel a indiqué que Blinken n’avait pas donné de nouvelles informations sur le dernier accord potentiel, qui prévoit une trêve prolongée des combats et la libération d’au moins 33 otages.
« La réponse devrait arriver très, très bientôt », a précisé Siegel lors d’une interview accordée au Times of Israel mercredi après-midi. « Mais je m’efforce de ne pas nourrir trop d’espoirs. »
Au tout début des pourparlers qui ont suivi l’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre, durant laquelle Aviva et Keith Siegel ont été pris en otage à Gaza depuis leur maison du kibboutz Kfar Aza, ce sont leurs quatre enfants adultes qui ont pris les rênes, avec l’aide de leurs oncles et tantes qui leur ont apporté soutien, conseils et assistance.
Jusqu’alors, les Siegel et leurs quatre enfants étaient « les personnes les moins engagées politiquement que l’on puisse rencontrer », selon Lee Siegel. Contrairement à eux, Lee avait participé régulièrement aux manifestations de l’année dernière contre les projets de refonte du système judiciaire du gouvernement.
« Ce n’était juste eux », a expliqué Siegel, qui vit depuis près de 50 ans au kibboutz Gezer, dans le centre du pays, une communauté fondée par des Juifs libéraux américains. « Ce sont des gens merveilleux, beaux et intelligents, mais ils ne s’intéressaient pas à la politique. »
Lorsqu’Aviva Siegel a été libérée le 26 novembre après 51 jours de captivité, elle a rapidement rejoint la bataille pour ramener son mari et les autres otages chez eux.
« Ma belle-sœur a très rapidement, en à peine deux semaines, pris l’avion pour se rendre aux États-Unis avec une délégation, sans vraiment savoir qui elle allait rencontrer », a indiqué Siegel. « Elle se démène pour ramener Keith à la maison. »
« Aviva Siegel n’est plus comme elle était avant », selon son beau-frère. Elle a également fait savoir qu’elle et Keith – lorsqu’il reviendra – ne retourneront pas vivre au kibboutz Kfar Aza.
« Lorsque je lui dis qu’elle doit prendre soin d’elle, elle me répond qu’elle trouvera le temps quand Keith rentrera à la maison », a ajouté Siegel. « On sent parfois qu’elle est ailleurs. »
La famille a toujours été très unie, explique encore Siegel, « surtout depuis que Keith a suivi ses traces et a immigré en Israël. Les deux frères ont épousé des femmes d’origine sud-africaine.
Keith et Aviva Siegel ont voulu faire leur propre chemin en Israël et se sont installés à Kfar Aza pour faire partie d’une communauté nouvelle et jeune.
Il y a une quinzaine d’années, la situation dans les communautés voisines de Gaza a commencé à se détériorer, « il y avait tellement d’alertes [à la roquette] et d’attentats terroristes, dont la majorité des habitants d’Israël n’entendaient même pas parler », a expliqué Keith Siegel, évoquant les fréquentes attaques à la roquette lancées par les groupes terroristes gazaouis et les flambées occasionnelles de violence. « Un véritable sentiment d’insécurité régnait là, avec une guerre tous les deux ans, des hélicoptères, des avions de chasse et des sirènes, même si certaines d’entre elles étaient de fausses alertes. »
Les enfants de Keith et d’Aviva ont servi dans des unités de l’armée dans les localités situées à la frontière de Gaza, et trois sur quatre ont par la suite choisi de quitter le sud pour aller vivre dans d’autres régions du pays, a raconté leur oncle.
Le 7 octobre, Aviva, Keith et leur fils Shai étaient chez eux à Kfar Aza. Ce jour-là, 62 membres de la communauté ont été tués et 19 autres ont été pris en otage par des terroristes du Hamas.
Lorsqu’Aviva et Keith ont été enlevés, ils ignoraient comment Shai s’en était sorti et s’il avait survécu, ce qui fut heureusement le cas.
« Pendant 51 jours, Aviva n’a pas su ce qui lui était arrivé, et il est probable que Keith ne sache toujours pas aujourd’hui qu’il a survécu », a ajouté M. Siegel.
Le 27 avril, cinq mois après la libération d’Aviva Siegel, le Hamas a publié une vidéo de propagande dans laquelle on voit les deux otages Siegel, 64 ans, et d’Omri Miran, 46 ans, en vie. Pour leurs familles, cela a été le signe qu’il était urgent de conclure un accord avec le Hamas.
Alors que Lee Siegel participait régulièrement aux rassemblements antigouvernementaux de l’année dernière, il n’assiste plus aujourd’hui qu’aux manifestations consacrées au retour des otages.
« Les gens me demandent s’ils peuvent afficher la photo de Keith lors des autres manifestations contre le gouvernement, et je leur dis ‘oui' », explique Lee. « Si je me retrouve dans ce genre de rassemblement, je ne fais pas demi-tour et je ne pars pas, mais je ne cherche pas à y participer. »
À la Knesset, ou face à des gens qui pensent que la poursuite de la guerre à Gaza est la seule solution, il préfère ne pas discuter, dit Siegel.
« Je dis simplement ce que j’ai à dire », a-t-il ajouté.
Siegel s’est récemment entretenu avec la ministre des Implantations et des Missions nationales, Orit Strouk, qui a suscité des critiques de la part de ses rivaux politiques mercredi lorsqu’elle a qualifié l’accord actuel sur les otages de « terrible ».
À l’époque, il lui avait dit qu’il comptait sur son soutien pour ramener les otages chez eux et elle lui avait dit qu’elle priait deux fois par jour pour les otages au Tombeau des Patriarches à Hébron, où elle vit.
Siegel lui a clairement signifié que ce n’était pas de ce genre de soutien qu’il parlait.
« J’hésite à critiquer [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu. Je fais des va-et-vient entre ‘c’est le Premier ministre de ce pays, il s’est engagé dans cette mission, sa mission est de ramener mon frère vivant à la maison’, mais je ne suis pas ici avec un mégaphone ou en train de brûler des pneus », a expliqué Siegel.
« Je veux juste que mon frère rentre à la maison. »
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