Washington et Ankara ensemble pour infliger une « défaite durable » à l’EI
Washington est tiraillé entre ses deux alliés turc et irakien ; phase décisive en Irak avec la bataille pour reprendre Mossoul

Les Etats-Unis et la Turquie ont convenu vendredi à Ankara, lors d’une visite du secrétaire américain à la Défense, de maintenir une « étroite coordination » pour « infliger une défaite durable » au groupe Etat islamique (EI), selon le Pentagone.
Son chef, Ashton Carter, a rencontré plusieurs dirigeants turcs, dont le président Recep Tayip Erdogan et le Premier ministre Binali Yildirim, lors d’un déplacement éclair en Turquie, un allié clef pour pouvoir contrer l’EI.
« Les deux parties ont convenu de maintenir des contacts fréquents sur l’ensemble de leurs intérêts communs, notamment une étroite coordination et une transparence constante dans l’effort de la coalition pour infliger (à l’EI) une défaite durable », indique le Pentagone dans un communiqué.
Alors que la guerre contre les jihadistes est entrée dans une phase décisive en Irak avec la bataille pour reprendre Mossoul, les Etats-Unis observent avec inquiétude les tensions entre Ankara et Bagdad. Ankara réclame de participer aux opérations en cours pour reprendre à l’EI la grande ville irakienne, mais Bagdad s’y oppose fermement.
Dans cette querelle entre ses alliés, Washington demande à Ankara de ne pas s’engager dans des opérations militaires en Irak sans feu vert préalable de Bagdad. Le respect de la souveraineté de l’Irak est un « principe important » respecté par tous les autres membres de la coalition, a souligné Ashton Carter devant des journalistes, dans l’avion l’emmenant en Turquie.
Autre sujet sensible, l’hostilité d’Ankara envers les milices kurdes syriennes YPG, pourtant l’allié le plus efficace des Etats-Unis en Syrie jusqu’à maintenant pour reprendre du terrain aux jihadistes.
L’armée turque a annoncé jeudi qu’elle avait tué jeudi entre 160 et 200 membres des YPG dans un bombardement au nord de la Syrie.
Dans l’avion qui l’emmenait vers Ankara, le secrétaire à la Défense américain a refusé de commenter. « Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé », s’est-il borné à déclarer aux journalistes.
Ankara a lancé fin août une opération terrestre sans précédent dans le nord de la Syrie, envoyant des chars et des militaires pour appuyer l’opposition syrienne qui a délogé l’EI de plusieurs positions.
Les Etats-Unis et la coalition ont appuyé cette offensive qui a permis de couper les derniers accès à la frontière turque des jihadistes. Pour M. Carter, les Turcs ont remporté une victoire « extrêmement importante » en reprenant avec des rebelles syriens alliés la semaine dernière la ville de Dabiq en Syrie.
Ils ont « spectaculairement réussi » dans cette opération, a-t-il dit, « nous allons travailler avec eux pour consolider cette région frontalière ».
Le putsch manqué du 15 juillet en Turquie a créé des tensions entre Washington et Ankara, les autorités turques réclamant avec insistance l’extradition de l’ex-imam turc Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé d’avoir ourdi cette tentative de coup d’Etat.
Lors d’une visite avec son homologue turc Fikri Isik du Parlement d’Ankara bombardé dans la nuit du putsch, M. Carter a exprimé ses « condoléances à tous ceux qui ont perdu la vie en défendant le gouvernement démocratiquement élu de la Turquie », selon le communiqué du Pentagone.
Après sa visite en Turquie, M. Carter devait se rendre aux Emirats arabes unis, avant de rejoindre Paris mardi pour une réunion des ministres de la Défense de la coalition, puis Bruxelles mercredi pour une réunion ministérielle de l’Otan.