Washington et Londres élargissent leur champ d’espionnage en Israël et dans l’AP
La diplomatie israélienne se savait déjà espionnée par les agences américaine et anglaise. Mais les archives Snowden, que Le Monde publie mercredi, dévoilent que les écoutes concernent aussi la Défense israélienne, et des laboratoires de recherche scientifique de pointe.
Le Monde publie mercredi de nouveaux extraits des archives Snowden, révélant l’ampleur des renseignements obtenus par l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine et son homologue britannique, le GCHQ (Governement Communications Headquarters).
On y apprend que de nombreux secteurs israéliens extrêmement sensibles ont été ciblés par ces agences de renseignement, émanant pourtant de pays alliés, avec qui Israël entretient une relation « intense du fait des enjeux de survie pour Israël, confiante au regard de l’excellence reconnue aux Israéliens en matière d’espionnage, et en forte croissance depuis dix ans, » rappelle le quotidien du soir.
En 2013, Edward Snowden affirmait au journal Der Speigel qu’Israël et les Etats-Unis étaient derrière l’apparition du virus Stuxnet qui avait visé les systèmes informatiques des centrifugeuses iraniennes.
Une collaboration intense entre des services de renseignement qui n’empêche pas ces alliés de s’adonner à un intense espionnage mutuel, que personne ne prend réellement la peine de nier. Un officiel américain, cité par le Wall Street Journal (WSJ) qualifiait ironiquement la relation avec Israël « de mélange le plus hautement inflammable de confiance et de défiance » que les États-Unis entretiennent avec un pays ami.
En décembre dernier, le WSJ révélait déjà que lors des négociations précédant l’accord sur le nucléaire iranien, les diplomates israéliens avaient été espionnés par la NSA pour renseigner Washington sur les efforts israéliens visant à contrecarrer l’avancée des pourparlers.
Yuval Steinitz, alors ministre de l’Energie avait déclaré « ne pas être tombé de sa chaise » en apprenant la nouvelle, ajoutant qu’il faisait confiance au cabinet du Premier ministre pour se montrer prudent lors de conversations sensibles.
Mais quelle sera la réaction du gouvernement israélien aux révélations du Monde d’aujourd’hui ? Si la discrétion est inhérente au monde diplomatique, qu’en est-il des entreprises privées israéliennes du secteur de la Défense ciblées par la NSA ?
Le quotidien révèle que « des employés de sociétés de défense, comme Ophir Optronics, l’un des fleurons de la fibre optique et du laser, deux éléments-clés des armements modernes et des industries de pointe » ont été placés sur écoute.
Quel degré de précaution prévaut dans les « centres universitaires connus pour leur très haut niveau de recherche », notamment ceux de l’université hébraïque de Jérusalem mentionnés par les archives Snowden ?
L’Autorité palestinienne a également fait les frais de cette surveillance rapprochée. Entre 2008 et 2009, la NSA et le GCHQ écoutent les membres du cabinet du secrétaire général de l’OLP et un grand nombre de diplomates palestiniens à l’étranger. Mais aussi Ahmad Tibi, député arabe israélien, et Ahmed Qoreï Premier ministre de l’AP de 2003 à 2006.
Outre l’espionnage politique et diplomatique, ces nouvelles révélations démontrent à nouveau que l’espionnage économique, visant à connaître les innovations des entreprises concurrentes à l’étranger afin de favoriser son économie domestique, est devenu une part essentielle de l’activité des maîtres-espions. Et le marché mondial, le nouveau champ de bataille.