Washington indique qu’il avait contrôlé le journaliste tué à Gaza
La société employant Yasser Murtaja devait recevoir des fonds d’une agence gouvernementale, ce qui impliquerait des contrôles avec les responsables de la sécurité en Israël
Le journaliste palestinien abattu par les forces israéliennes lors de manifestations à la frontière de Gaza avait été autorisé à recevoir des fonds de l’Agence américaine pour le développement international.
Heather Nauert, la porte-parole du département d’Etat, a confirmé mardi l’examen de la société de médias de Yasser Murtaja.
« Je crois comprendre qu’il a été soumis aux contrôles selon les directives du gouvernement américain », a-t-elle affirmé.
Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, a déclaré que Murtaja était un haut responsable du Hamas, le groupe terroriste qui contrôle la bande de Gaza. L’approbation de l’USAID, dans le cas des Palestiniens, inclut des vérifications auprès des responsables de la sécurité israélienne pour savoir si le demandeur a des liens avec des terroristes, a expliqué à NPR Dan Shapiro, un ancien ambassadeur américain en Israël.
La famille de Murtaja et le Hamas ont nié toute association entre Murtaja et le Hamas. Liberman n’a pas encore fourni la preuve de ses dires, ni les fonctionnaires du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu quand ils ont repris cette déclaration sur Twitter.
Dans le passé, les autorités israéliennes ont publié des photos de Palestiniens tués vêtus de l’uniforme du Hamas ou ont fourni d’autres preuves pour appuyer leurs affirmations selon lesquelles les morts appartenaient à des groupes terroristes.
Liberman et les fonctionnaires du bureau de Netanyahu n’ont attribué cette affirmation à aucune agence. Les requêtes du JTA sur Twitter auprès de deux des porte-parole de Netanyahu d’apporter plus de précision sur leurs allégations faites sur Twitter sur l’appartenance de Murtaja au Hamas n’ont pas fait l’objet de réponse.
L’armée et les agences de renseignement ont refusé les demandes des médias de confirmer ou d’infirmer l’affirmation de Liberman. L’état-major de l’armée israélienne a ordonné une enquête sur la réponse de son armée aux manifestations à la frontière de Gaza.
La mort de Murtaja a provoqué l’indignation des appels à ouvrir des enquêtes ont été lancés de la part de groupes de journalistes, notamment de l’Association israélienne des journalistes. Il portait une veste de protection marquée PRESS et se trouvait à 300 mètres de la barrière de sécurité.
Mercredi, un organisme international de journalistes a déclaré que Murtaja avait été arrêté et battu par les forces de sécurité du Hamas en 2015 pendant qu’il filmait un reportage, semblant contredire les affirmations d’Israël concernant son implication avec le groupe terroriste.
Selon un dossier de la FIJ, que l’AFP a pu consulter, Mourtaja et trois autres collègues filmaient en 2015 la démolition d’une maison près de la frontière avec Israël lorsqu’un homme les a approchés pour demander à voir leurs cartes d’identité.
Ayant refusé, une jeep des forces du Hamas est arrivée et a emmené Yasser Mourtaja « sans lui donner d’explications ».
C’est à l’intérieur de cette camionnette, qu’il a été battu par la police du Hamas, menant à son éventuelle hospitalisation. Après son interrogatoire, ses photos ont été confisquées.
Mourtaja et d’autres journalistes avaient à l’époque été interviewés par des membres de la FIJ, toujours selon ce dossier.
Le secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a accusé dans un communiqué Liberman de chercher à « couvrir ce meurtre ».
« Il est clair que le ministre de la Défense est plus intéressé par faire de la propagande que par l’ouverture d’une enquête transparente et la comparution devant la justice des meurtriers de Yasser », a-t-il déclaré.
Shehri serait le 34ème Palestinien tué par les tirs israéliens au cours des deux dernières semaines, selon les chiffres palestiniens. Au moins 26 ont été tués lors des manifestations.
Israël affirme qu’il ouvre le feu si nécessaire pour arrêter les dommages à la barrière frontalière, les infiltrations et les tentatives d’attaques. Il affirme que le Hamas, dont les dirigeants ont déclaré que ces manifestations visent à effacer la frontière et à libérer toute la Palestine, cherche à utiliser les manifestations comme couverture pour commettre des actes de violence.
Vendredi dernier, au cours de la deuxième semaine d’une série d’événements qui devraient connaître son point culminant le 15 mai, environ 20 000 Palestiniens ont manifesté le long de la frontière de Gaza dans ce qu’Israël a décrit comme une émeute orchestrée par le Hamas.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Ronen Manelis, a précisé ce soir-là que huit engins explosifs et de nombreux cocktails Molotov ont été lancés pendant la journée, et que Tsahal a fait face à plusieurs tentatives « pour sectionner la barrière…. Il y a eu des tentatives pour mener des actes de terrorisme … en utilisant la fumée [de pneus en feu] pour couverture », a déclaré Manelis.