Washington qualifie de « comble de l’hypocrisie » les critiques de l’ONU sur l’aide à Gaza
Le COGAT s'est fait l’écho de l’administration Trump, affirmant que l'ONU ne collectait pas non plus l'aide humanitaire du côté gazaoui du poste-frontière de Kerem Shalom

Un haut responsable de l’administration Trump a déclaré mardi dans un communiqué de presse que le groupe terroriste palestinien du Hamas avait tenté de « bloquer » les camions d’aide, mais que ces obstacles avaient été surmontés par le personnel de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF).
La chaîne publique israélienne Kan a rapporté que le Hamas avait également installé des points de contrôle pour empêcher les Palestiniens d’atteindre les sites de la GHF, une affirmation que le groupe terroriste palestinien a niée.
Le responsable américain a salué le travail de la GHF tout en critiquant vivement l’ONU pour avoir refusé de coopérer avec la nouvelle initiative du groupe en matière de distribution de l’aide.
« L’aide parvient aux personnes dans le besoin, et grâce à leur système de distribution sécurisé, Israël est protégé et le Hamas reste les mains vides », a déclaré le haut responsable de l’administration Trump.
Le responsable s’appuyant apparemment sur les chiffres de la GHF, a déclaré qu’environ 8 000 boîtes de nourriture avaient été distribuées au cours des deux premiers jours d’activité de la fondation, chaque colis permettant de nourrir 5,5 personnes pendant 3,5 jours, soit un total de 462 000 repas.
La GHF a été créée plus tôt cette année en étroite collaboration avec les autorités israéliennes qui cherchaient à mettre en place une nouvelle méthode de distribution de l’aide afin de contourner les tentatives de détournement du groupe terroriste palestinien du Hamas.

Mais l’ONU et d’autres organisations internationales ont refusé d’apporter leur soutien indispensable à la GHF. Selon elles, l’initiative de la GHF viole les principes humanitaires en obligeant les Gazaouis à parcourir de longues distances pour recevoir des colis lourds distribués par un petit nombre de sites, ce qui risque d’entraîner de nouveaux déplacements de Palestiniens.
La durée du blocage imposé par Israël a également accru les risques de pillage lorsque l’aide alimentaire a finalement été autorisée à entrer, en particulier lorsqu’elle était distribuée à partir d’un nombre très limité de sites, ont averti les organisations humanitaires avant l’incident de mardi.
Interrogé par le Times of Israel sur la prise d’assaut mardi matin d’un des sites de distribution de la GHF à Rafah par des milliers de Palestiniens, alors que l’opération n’en était qu’à son deuxième jour, le responsable américain a minimisé l’incident. Il a insisté sur le fait que celui-ci n’avait duré qu’une vingtaine de minutes et que plus de 400 000 repas avaient été distribués grâce au travail de la fondation.
La GHF a elle-même décrit ces pillages de manière similaire, expliquant dans un communiqué que ses agents de sécurité américains chargés de gérer le site de distribution de Rafah avaient « battu en retraite » pour permettre à « un petit nombre de Gazaouis de récupérer l’aide en toute sécurité et de se disperser » avant que les opérations puissent reprendre normalement.
תיעוד: המוני עזתים במתחמי החלוקה של הסיוע ההומניטרי ברצועה pic.twitter.com/xbqaskO79f
— החדשות – N12 (@N12News) May 27, 2025
Toutefois, les images de la scène semblaient beaucoup plus chaotiques, et les soldats israéliens postés à proximité ont tiré des coups de semonce, provoquant la fuite des pillards pris de panique.
« L’ONU et les autres agences d’aide ont eu tort de critiquer », a déclaré le haut responsable de l’administration Trump dans son communiqué de presse, sans faire mention des pillages qui avaient eu lieu quelques heures plus tôt.
« Ces organisations ont repris les arguments du Hamas au lieu de féliciter ceux qui obtiennent des résultats. »
« La GHF menace le système mis en place depuis longtemps par le Hamas pour détourner l’aide destinée à la population de Gaza », a ajouté le responsable de l’administration Trump.
COGAT vs. ONU
Le Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires palestiniens (COGAT) a joint sa voix à celles critiquant l’ONU, affirmant que celle-ci ne collectait pas non plus l’aide humanitaire du côté gazaoui du poste-frontière de Kerem Shalom.
Selon le COGAT, plus de 400 camions d’aide humanitaire, qui ont été contrôlés à Kerem Shalom, attendaient mardi d’être récupérés et distribués.
« Israël a élargi les itinéraires et l’aide, et prolongé les délais de collecte. C’est maintenant au tour de l’ONU d’agir conformément à ses obligations. Nous appelons l’ONU à remplir la mission qui lui a été confiée en tant que partenaire humanitaire clé, comme demandé et sans plus tarder », a déclaré le COGAT dans un communiqué.

« Malheureusement, les équipes de l’ONU n’ont pas pu arriver pour collecter et distribuer l’aide aux civils de Gaza, malgré les ajustements logistiques et de sécurité effectués par les troupes de Tsahal afin de coordonner la distribution de l’aide aux civils dans la bande de Gaza », a-t-il ajouté.
Un responsable des Nations unies à Gaza a vivement réagi aux propos du COGAT, déclarant au Times of Israel : « Il est plus que cynique de reprocher aux travailleurs humanitaires qui risquent leur vie à Gaza de ne pas pouvoir en faire davantage. »
« La réalité est qu’Israël ne nous permet pas de faire notre travail et que des gens meurent à cause de cela », a assuré le responsable.
« Pendant [près de] quatre-vingts jours, Israël a bloqué toute tentative visant à acheminer des fournitures vitales à Gaza. Aujourd’hui, une aide minimale est autorisée. Mais elle est insuffisante pour soulager le désespoir d’une population affamée. »
« Cela signifie que nos camions risquent d’être pillés. »
« Nous ne sommes autorisés à livrer de la farine qu’aux boulangeries qui ne sont pas en mesure de gérer les foules immenses de personnes désespérées », a poursuivi le responsable de l’ONU.
« Nous essayons chaque jour d’atteindre le seul point de passage ouvert et de transporter les marchandises en toute sécurité, mais nous sommes confrontés à une coordination défaillante avec les troupes sur le terrain, ce qui nous oblige à attendre pendant des heures dans une zone militarisée pour obtenir le feu vert, tandis que les bombardements se poursuivent. »
« Lorsque nous sommes autorisés à nous déplacer, les itinéraires que nous indiquent les autorités israéliennes sont inadaptés et dangereux. »
« Notre capacité d’intervention dépend entièrement de l’accès qui nous est accordé. Pendant le cessez-le-feu, cela a fonctionné. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », a-t-il ajouté.