Washington veut une enquête sur le meurtre du Palestinien apparemment non armé à Beita
Une vidéo explicite de l'incident montre le moment où Ameed al-Jaghoub est abattu alors qu'il s'éloignait des troupes israéliennes

Les États-Unis ont demandé jeudi l’ouverture d’une enquête sur un incident au cours duquel un Palestinien apparemment sans arme a été abattu d’une balle dans le dos alors qu’il s’éloignait de soldats israéliens, un incident qui a été filmé.
« Les informations selon lesquelles un Israélien aurait tiré dans le dos d’un civil palestinien non armé alors qu’il s’éloignait d’une position israélienne sont très préoccupantes », a déclaré un responsable du département d’État américain. « Les États-Unis demandent instamment qu’une enquête rapide, objective et approfondie soit menée sur cet incident, dont nous croyons savoir qu’elle est en cours, et demandent que tous les responsables soient tenus de rendre compte de leurs actes. »
Dans une vidéo explicite diffusée par les médias palestiniens, on voit l’homme se faire tirer dessus alors qu’il est en train de s’éloigner des membres de Yamas – l’unité d’élite de la Police des frontières chargée de la lutte antiterroriste – et qu’il s’approche d’un autre Palestinien blessé par l’armée israélienne.
Plusieurs médias palestiniens ont affirmé que l’homme, nommé Ameed al-Jaghoub, avait succombé à ses blessures, mais le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a déclaré qu’il se trouvait dans un état critique.
Haaretz a rapporté mardi qu’une enquête initiale avait été ouverte par le département des enquêtes internes de la police.
Un porte-parole de la police des frontières a confié au Times of Israel qu’alors que les forces se trouvaient à Beita pour arrêter un homme qui était recherché, « des émeutes violentes se sont produites ».
Pendant ces heurts – « qui ont mis en danger la vie des soldats, et ce, de manière déterminante » – les Palestiniens ont jeté des parpaings et des pierres sur les agents de l’unité Yamas, a indiqué le porte-parole.
Il a ajouté que les forces israéliennes avaient utilisé des moyens de dispersion anti-émeute et qu’elles auraient aussi ouvert le feu à balles réelles, notamment à l’aide de fusils de type « Ruger, » alors que les échauffourées s’intensifiaient.
Avertissement : images explicites
#شاهد لحظة إصابة شاب برصاص الاحتلال في بلدة بيتا جنوب نابلس. pic.twitter.com/BZgTQ2Ri4K
— Newpress | نيو برس (@NewpressPs) August 21, 2023
Le calibre 22 de ce fusil est considéré comme moins létal que les calibres plus larges qui sont habituellement utilisés par les militaires. Les groupes de défense des droits de l’Homme condamnent l’usage de cette arme dans le cadre de la lutte anti-émeutes dans la mesure où elle peut encore s’avérer potentiellement mortelle. Les troupes tirent généralement sur les membres inférieurs des émeutiers lorsqu’elles se servent de ce fusil et elles évitent de viser la tête, conscientes de possibles conséquences mortelles.
« Les circonstances de l’incident font l’objet d’une enquête », a déclaré le porte-parole en évoquant la vidéo.
Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a annoncé que cinq autres Palestiniens avaient été blessés.
L’incident survient plusieurs jours après que l’unité chargée des investigations au sein de la police militaire a ouvert une enquête, vendredi, suite à des images qui ont montré un soldat israélien ouvrir le feu sur un Palestinien désarmé aux abords de Qalqilya, en Cisjordanie.
Les violences se sont accrues dans toute la Cisjordanie au cours de l’année passée – avec une recrudescence des attentats à l’arme à feu contre les civils et contre les soldats israéliens, des raids d’arrestation nocturnes lancés par l’armée qui ont été pratiquement quotidiens et dans un contexte de renforcement des attaques de représailles des extrémistes juifs du mouvement pro-implantation contre les Palestiniens.
Une série d’attaques palestiniennes, en Israël et en Cisjordanie, a fait 34 morts et plusieurs blessés graves cette année du côté israélien. Une femme a notamment été tuée lundi près de la ville de Hébron. Un père et son fils avaient aussi perdu la vie dans une attaque commise à Huwara, samedi.
Selon un décompte réalité par le Times of Israel, 173 Palestiniens de Cisjordanie ont aussi été tués depuis le début de l’année – la plupart d’entre eux pendant des affrontements avec les forces de sécurité ou alors qu’ils commettaient des attentats. Toutefois, certains étaient des civils qui se trouvaient là par hasard et d’autres ont trouvé la mort dans des circonstances peu claires, notamment lors de heurts avec des partisans extrémistes du mouvement pro-implantation.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.