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Interview

« We Will Dance Again » : les témoignages de participants terrifiés de Nova tentent de survivre

Le documentariste Yariv Mozer montre les jeunes se tournant vers TikTok quand les autorités ne leur répondaient plus, et retransmet le pogrom cauchemardesque du 7 octobre

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Le festival de musique EDM de Nova, dans le sud d'Israël, tel qu'il apparaît dans le film documentaire de Yariv Mozer, « We Will Dance Again ». (Crédit : Production)
Le festival de musique EDM de Nova, dans le sud d'Israël, tel qu'il apparaît dans le film documentaire de Yariv Mozer, « We Will Dance Again ». (Crédit : Production)

Quelques heures à peine après le pogrom perpétré à la rave Supernova le 7 octobre, le documentariste Yariv Mozer savait déjà qu’il raconterait l’histoire de cette tragédie meurtrière.

Le film déchirant de 90 minutes, « We Will Dance Again », produit en collaboration avec Hot 8 et Paramount Plus, est actuellement diffusé dans le monde entier et dans le cadre de projections privées en Israël.

Il révèle les heures passées dans la peur totale et le carnage effréné alors que des milliers de festivaliers tentaient d’échapper à des centaines de terroristes du Hamas qui ont envahi le festival aux premières heures du 7 octobre, les encerclant sur l’autoroute, les abattant sur le site du festival alors qu’ils tentaient de fuir à travers les champs avoisinants ou de se réfugier dans des abris pour échapper aux tirs de roquettes.

En assistant au déroulement de cette odieuse agression, Mozer savait qu’il voulait faire quelque chose. En tant que réalisateur de documentaires, il voulait être aussi proche que possible du sud et de ce qui s’y passait.

« La fête n’était pas politique et nous savions que ce film transcenderait les frontières et serait plus facile à présenter au reste du monde », a expliqué Mozer. « Les participants à la fête n’étaient pas à l’armée, ils étaient venus pour faire la fête, et ils se sont retrouvés dans un film d’horreur ».

L’après-midi du 7 octobre, Mozer a utilisé tous ses contacts avec l’armée pour obtenir l’autorisation de pénétrer dans la zone militaire fermée de Supernova.

« J’ai envoyé un texto au porte-parole de Tsahal [Daniel] Hagari dès le premier jour », a indiqué Mozer, qui a travaillé en étroite collaboration avec l’unité du porte-parole de Tsahal sur d’autres films. « Je lui ai parlé le 7 octobre et, deux jours plus tard, je l’ai recontacté, puis il m’a donné l’autorisation d’aller dans le sud. »

Deux jours après les faits, Mozer s’est donc rendu sur les lieux de Nova en compagnie d’un autre reporter travaillant pour un grand quotidien international, qui a dit avoir été témoin de l’endroit où un massacre avait eu lieu.

« C’était très, très frais. Des poches de balles à côté de sucettes », a expliqué Mozer, décrivant le site de la rave trance, où des milliers de personnes s’étaient rendues pour un festival d’amour, de paix et de liberté.

Mozer n’est pas étranger aux sujets difficiles. Diplômé de l’école de cinéma de l’université de Tel Aviv, il a réalisé et produit des dizaines de films, dont un film primé sur David Ben Gurion et un autre sur l’ancien chef d’état-major Gadi Eisenkot. Il enseigne également dans plusieurs écoles de cinéma.

Ce film retrace de manière chronologique les heures effroyables du 7 octobre sur le site de Supernova, et présente des cartes montrant la proximité du site de la fête avec la bande de Gaza et les communautés des kibboutzim environnants qui ont également été sauvagement attaqués, et où des centaines de personnes ont été assassinées et prises en otage.

Sur les 3 500 festivaliers de Nova, 364 ont été assassinés et 44 autres ont été pris en otage par des terroristes du groupe palestinien du Hamas. Au total, les terroristes du Hamas ont kidnappé 251 otages et assassiné plus de 1 200 personnes lors du pogrom du 7 octobre, qui a touché 22 localités en plus du festival de Nova.

Un terroriste armé du Hamas poussant un homme, sur les lieux du Festival Supernova, à proximité du kibboutz Reïm dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : SOUTH FIRST RESPONDERS/AFP)

Mozer et son équipe ont recueilli des vidéos prises par des survivants et des victimes qui ont gardé leur téléphone allumé pendant le carnage, dans lesquelles on les voit chuchoter des messages d’adieu à leurs proches, montrant leurs efforts cauchemardesques pour survivre à l’assaut. Ces vidéos poignantes, ainsi que des images épouvantables trouvées sur des terroristes du Hamas, constituent l’essentiel du film.

Les enregistrements captent l’intensité croissante de la fête à l’aube, juste avant que le ciel ne soit soudainement rempli de centaines de roquettes. Les images montrent les festivaliers réalisant avec terreur qu’ils sont attaqués, suivis par leurs efforts désespérés pour fuir et survivre à cette horreur.

Ces moments dramatiques sont intercalés avec des entretiens profonds avec les survivants, chacun apportant une perspective personnelle sur les événements tragiques qui ont eu lieu ce jour-là.

Mozer a travaillé avec une équipe de chercheurs qui ont écouté des dizaines de récits de survivants, afin de constituer une base de données de participants et de différents types d’histoires, en indiquant s’ils avaient perdu quelqu’un, si une personne avait été prise en otage, ainsi que les types de supports visuels qu’ils possédaient.

« C’est comme un processus de casting », a expliqué Mozer. « J’ai dû comprendre qui étaient mes protagonistes et comment ils allaient se présenter à la caméra. »

Mozer a expliqué qu’il avait travaillé avec des jeunes, « de magnifiques jeunes gens, parce que c’est l’âge de la fête », et qu’il avait cherché des personnes charismatiques auxquelles les téléspectateurs pourraient plus facilement s’identifier, afin d’humaniser encore plus leur histoire.

L’un des survivants de Supernova longuement interviewé dans « We Will Dance Again », le documentaire de Hot 8 et Paramount Plus sur la rave Supernova qui s’est déroulée dans le désert le 7 octobre 2023 (Crédit : Autorisation)

Il souhaitait que chaque survivant du film apporte une perspective différente sur la rave dans son ensemble, en incluant les organisateurs et les personnes travaillant à la fête, ceux qui essayaient la drogue pour la première fois, ceux qui venaient de familles très religieuses et ceux dont les parents ne savaient même pas qu’ils étaient là.

Ce processus a impliqué des entretiens approfondis avec les survivants, que Mozer a d’abord retrouvés en recherchant des vidéos sur TikTok le 7 octobre, où de nombreux participants à Nova avaient déjà publié des images, et ce, dès les premières heures de cette attaque.

« Ils se sont retrouvés dans une situation où personne ne leur répondait, personne ne les aidait », a expliqué Mozer. Ils ont donc pris leur téléphone pour communiquer avec le monde, pour se connecter, parce qu’ils se disaient : « Je ne serai peut-être plus en vie dans une minute, et le monde verra et comprendra ce qui m’est arrivé ».

Le processus de recherche minutieux a également impliqué le visionnage de séquences traduites du Hamas, dans lesquelles la joie et l’excitation sadiques des terroristes sont évidentes alors qu’ils se préparent à tuer et à massacrer des Israéliens.

Son équipe a visionné les images du Hamas afin d’obtenir davantage d’informations de base, a expliqué Mozer – qui a obtenu les vidéos par des voies non officielles – et de mieux comprendre la réalité des actes commis par les terroristes.

Images des survivants de Supernova dans « We Will Dance Again », le documentaire de Hot 8 et Paramount Plus sur la rave dans le désert de Supernova le 7 octobre 2023 (Crédit : Autorisation)

« Comprendre et expliquer ce qui s’est passé a été le plus difficile dans la réalisation de ce film », a confié Mozer. « C’était éprouvant émotionnellement. »

Il a consacré de nombreuses heures à interviewer chaque survivant, en présence d’un psychologue qui les soutenait immédiatement après chaque tournage. Ce soutien psychologique a également été maintenu lors des premières projections et montages avec les survivants.

Actuellement, certains survivants participent aux projections internationales du film, enrichissant les séances par leurs témoignages lors des questions-réponses.

« La majorité des projections se sont tenues devant des publics israéliens et juifs », précise Mozer, tout en notant que lors de projections spécifiques, comme au festival Doc Edge en Nouvelle-Zélande et en Angleterre, les questions étaient particulièrement difficiles.

« En Nouvelle-Zélande, on m’a demandé si je soutenais la guerre à Gaza, et j’ai compris d’où venait cette question », a dit Mozer, qui a aussi servi comme réserviste l’année en tant que réalisateur.

Le documentariste Yariv Mozer, dont le film de 90 minutes, « We Will Dance Again », relate les heures terrifiantes du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre lors du festival Supernova. (Crédit : Autorisation)

En Angleterre, un journaliste a confronté Mozer avec une question provocante, lui demandant s’il voyait une similitude entre les Israéliens dansant près de la frontière de Gaza et la famille du commandant nazi Rudolf Hess, résidant près d’un camp de concentration, une comparaison présentée dans le film « La zone d’intérêt. »

« Je suis le petit-fils d’un survivant de la Shoah, et pour moi, cette comparaison est totalement absurde », a répondu Mozer. « Elle témoigne d’un profond malentendu, mais elle reflète également la façon dont nous sommes perçus par certaines personnes, et par certains Britanniques dans le monde entier. »

Dans les prochaines semaines, alors que le premier anniversaire du 7 octobre approche, Mozer et les survivants présentés dans le film participeront à des projections à travers Israël, incluant des sessions organisées pour les troupes et les bases de Tsahal.

« J’ai été surpris par le soutien de Tsahal malgré leur représentation peu flatteuse dans le film », a admis Mozer. « Leur ouverture à soutenir le film est remarquable. »

Le soutien de Paramount Plus a aussi joué un rôle clé, diffusant le film à l’international et en streaming gratuit, amplifiant sa portée.

Cette opportunité de diffusion mondiale a poussé Mozer à réaliser ce documentaire, destiné à immortaliser les événements tragiques du 7 octobre lors de la rave Supernova, assurant que ces moments ne soient jamais oubliés.

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